TAMPA BAY - Bien qu’il dirigera son premier match de séries éliminatoires dans la LNH mercredi, contre le Canadien, et que lui et son équipe seront privés de leur as gardien Ben Bishop, l’entraîneur-chef du Lightning Jon Cooper affiche un calme désarmant à l’aube de cette première rencontre.

« Entrez, entrez, mes animaux », a-t-il lancé en riant alors qu’il s’est lui-même offert le mandat d’ouvrir les portes du vestiaire de son équipe à la trentaine de journalistes qui faisaient le pied de grue depuis une quinzaine de minutes à l’extérieur.

Pris au pied de la lettre, ce commentaire pourrait tirer sur l’insulte. Mais de la façon dont il a été lancé, il était clair que le jeune entraîneur-chef savourait pleinement, au même titre que ces joueurs, la présence de cette meute de journalistes. Une présence qui confirmait l’effervescence des séries.

Une fois au vestiaire, ce sont d’ailleurs des joueurs décontractés que les journalistes ont croisés. De Steven Stamkos à Ryan Callahan qui ont répondu à des barrages de questions, à Anders Lindback qui continuait d’échanger à bâtons rompus avec des journalistes longtemps après que son point de presse d’une bonne quinzaine de minutes eut pris fin, tous les joueurs affichaient un calme évident et une satisfaction d’amorcer la série à la maison.

Même le défenseur tchèque Radko Gudas se frottait la barbe noire avec un plaisir évident en multipliant les remarques voulant qu’aucun de ses coéquipiers, pas même son coach, ne pouvait rivaliser avec lui en matière de barbe des séries.

Lorsqu’il s’est plus tard retrouvé devant les journalistes, Cooper affichait toujours son air décontracté, un brin désinvolte, en dépit de l’importance du moment.

« Radko vous a dit que je ne pouvais afficher une barbe aussi fournie que la sienne? Je crois que 99 % de la population de la terre ne pourrait rivaliser avec lui sur ce point. Mais de toute façon, est-ce qu’un entraîneur-chef doit se laisser pousser une barbe? Je ne me souviens pas que ce soit déjà arrivé », a badiné Jon Cooper au cours de son long point de presse.

Un long point de presse au cours duquel Cooper a répondu avec attention et générosité à toutes les questions. À toutes les questions sauf une : celle reliée à l’état de santé de son gardien Ben Bishop.

« Il est blessé et je n’ai rien de plus à dire là-dessus », a mentionné Cooper. L’entraîneur-chef du Lightning a ajouté que son as gardien – il s’est blessé au coude ou à l’épaule, ce n’est pas clair, et la direction de l’équipe ne fait rien de rien pour clarifier la situation – raterait le premier match mercredi. Il n’a rien ajouté relativement au deuxième, ou aux autres qui suivront.

Calme et confiant

Nerveux Jon Cooper à l’aube de la série face au Canadien? Sa toute première dans la LNH?

« Je suis beaucoup plus excité que nerveux », a-t-il répondu du tac au tac.

« Lorsque les cérémonies d’avant-match se mettront en branle, je ne peux cacher que j’aurai des papillons. C’est évident. Je suis humain après tout. Mais je ne suis pas nerveux », a souligné le coach du Lightning.

Malgré son manque d’expérience, malgré la jeunesse de son équipe, Jon Cooper n’affiche pas seulement un calme évident. Il respire la confiance.

« Je suis une recrue dans la LNH. Mais je ne suis pas un entraîneur-chef recru. J’ai vécu de longues séries dans la Ligue américaine. Et le plus beau de l’histoire, c’est que j’ai vécu ces séries et je les ai gagnées avec plusieurs des jeunes joueurs qui seront sur la patinoire demain. Je les connais. Je sais ce que je peux attendre d’eux. Ils me connaissent aussi et savent donc ce que je tiens à obtenir de leur part. Tout cela a facilité nos arrivées respectives dans la LNH au cours des derniers mois. Je leur ai donné plus de chances cette année parce qu’ils sont montés en groupe et parce que je les connaissais. Et je crois que si cela nous a aidés en saison, ça nous aidera aussi dans la série qui commence demain », a convenu l’entraîneur-chef âgé de 46 ans.

Jon Cooper a pris bien des observateurs par surprise en conduisant le Lighting vers une saison de 101 points. Mais son succès à titre d’entraîneur ne date pas d’hier.

En trois saisons avec le club-école du Lightning, Cooper a maintenu un dossier de 133 victoires, 62 revers et 26 défaites en prolongation ou tirs de barrage.

Ce n’est pas rien. Mais ce n’est pas tout.

Car s’il a connu énormément de succès en saison régulière, il a couronné le tout par une conquête de la coupe Calder en 2012.

Production partagée

À l’entraînement mardi, les joueurs du Lightning patinaient à vive allure au rythme de coups de sifflet lancés par leur entraîneur-chef Jon Cooper.

La vitesse des jeunes attaquants du Lightning était le principal fer de lance de cette formation, le Canadien devra être prêt sur ce plan.

« Nous ne formons pas un club physique. Ce n’est pas avec des coups d’épaule que nous ralentissons nos adversaires, mais avec notre vitesse. Obliger l’adversaire à suivre notre rythme peut venir à bon de sa vigueur en cours de partie. C’est donc évident que nous allons patiner, mettre de la pression sur leurs défenseurs en échec avant, nous assurer de compléter des transitions rapides. C’est notre genre de hockey », a reconnu Cooper.

L’entraîneur-chef du Lightning ne prévoit pas utiliser des stratégies particulières pour sortir Steven Stamkos des griffes de Tomas Plekanec.

Le Lightning proposera au Canadien un premier trio piloté par le petit et très rapide Tyler Johnson et complété par Steven Stamkos et Ondrej Palat. Un trio que le Tricolore devra avoir à l’œil.

« Nous avons un bon premier trio. C’est vrai. Mais le Canadien en a un très bon aussi. Vanek est un joueur élite dans la LNH. Pacioretty peut marquer de n’importe où. David Desharnais est capable de les repérer et de les rejoindre de bien des façons. Nous devrons être sur nos gardes aussi. Les premiers trios te font gagner en saison régulière. Une fois en séries, traditionnellement, les premiers trios s’annulent. Ils marquent chacun leurs buts. C’est la contribution des autres trios, spécialement des troisième et parfois quatrième trios, qui fait souvent la différence. Qui nous donne des histoires cendrillon. Et sur ce point, je crois que la vitesse dont nous profitons au sein de nos trios de soutien saura nous aider tout au long de la série. J’ai mon plan de match. Le Canadien aura le sien. Et il sera intéressant de voir comment les matchs seront disputés », a lancé Jon Cooper qui s’attend à une série relevée.

« Trois de nos matchs se sont décidés en prolongation ou en tirs de barrage. Nous avons marqué le but gagnant sur une séquence en désavantage numérique et le but d’assurance a été inscrit dans un filet désert. Ça démontre à quel point toutes nos parties ont été serrées. Le Canadien n’a pas obtenu 100 points par hasard ou par chance, mais bien parce qu’il forme une très bonne équipe. Mais nous sommes prêts, et ce devrait être très plaisant », a conclu l’entraîneur-chef du Lightning.