DALLAS - Alexander Radulov est bien conscient que plusieurs partisans du Canadien s’ennuient du « Radu » qu’ils ont découvert, apprécié, voire adulé l’an dernier. Il est tout aussi conscient aussi que d’autres lui en veulent encore beaucoup d’avoir tourné le dos à Montréal et à l’organisation qui lui a permis de revenir dans la LNH après un long exil dans la KHL.

 

Mais de Dallas, où il croisera, mardi, le Canadien pour la première fois avec ses nouveaux coéquipiers des Stars, Radulov demande aux fans déçus du Tricolore de faire contre mauvaise fortune bon cœur.

 

« Je m’excuse de ne pas être demeuré à Montréal », a lancé Radulov croisé dans le vestiaire des Stars lundi matin après l’entraînement de sa nouvelle formation.

 

« J’aimais beaucoup Montréal. J’aimais beaucoup les partisans et je les aime encore. Et je dois beaucoup au Canadien et à Marc Bergevin qui m’a donné la chance que j’attendais depuis longtemps de revenir dans la LNH. Je le remercie encore aujourd’hui. Mais j’ai eu une décision difficile à prendre et je l’ai prise. Dallas est une ville très différente de Montréal à tous les points de vue, mais j’évolue au sein d’une très bonne équipe. Je suis entouré de très bons joueurs de hockey et j’aime bien comment les choses se déroulent », a indiqué Radulov.

 

Plus désiré à Dallas

 

S’il est conscient du tollé que son départ a soulevé à Montréal, Radulov insiste sur le fait que lui et le Canadien ont tenté, bien que sans succès, d’en venir à une entente à long terme.

 

« Mon agent a reçu des offres du Canadien dès le mois de décembre. Il y avait des offres de trois, de quatre et de cinq ans avec différentes structures salariales associées à chacune des offres. Je ne voulais pas négocier en cours de saison. Je voulais voir comment les choses iraient au cours de l’année. Ce n’était pas évident de revenir dans la LNH après autant d’années et je voulais me consacrer exclusivement au hockey », a raconté Radulov.

 

En fin de saison, Radulov a attendu d’autres offres du Canadien avant de finalement indiquer à Marc Bergevin son intention de profiter du marché des joueurs autonomes. « La porte n’était pas fermée au Canadien. D’ailleurs, Marc m’avait dit d’aller voir ce que je pouvais obtenir et qu’il me reviendrait. Il y avait de l’intérêt autour de la LNH. J’ai d’ailleurs reçu trois ou quatre offres, mais je ne les ai pas vraiment étudiées, car elles n’étaient pas intéressantes. À ce compte-là, je serais demeuré avec le Canadien. C’est là que l’offre des Stars est tombée », poursuit Radulov.

 

Cette offre des Stars a tout changé. Non seulement Radulov obtenait le contrat à longue durée qu’il recherchait (cinq ans), mais ces années étaient combinées au salaire qu’il recherchait et que le Canadien ne lui a jamais vraiment offert. Aussi, surtout, Radulov s’est senti désiré à Dallas.

 

« Pendant la période où les équipes ont le droit de parler aux futurs joueurs autonomes, j’ai reçu deux appels de Ken Hitchcock. Nous avons passé une bonne demi-heure au téléphone chaque fois. Le directeur général de l’équipe (Jim Nill) et le propriétaire (Thomas Gaglardi) m’ont également appelé. Après ce sont les joueurs qui l’ont fait alors que Benn (Jamie), Spezza (Jason), Seguin (Tyler) m’ont aussi contacté pour me dire à quel point le club était intéressant, pour me parler de la ville, des fans. »

 

Cet intérêt de l’ensemble de l’organisation des Stars a beaucoup touché Radulov. Le 3 juillet, trois jours après l’ouverture du marché des joueurs autonomes, le Russe a finalement décidé d’accepter l’offre de cinq ans et 31,25 millions $.

 

Offre que le Canadien a égalée... mais trop tard.

 

« J’ai attendu trois jours pour réfléchir et voir si le Canadien allait revenir à la charge. Il l’a fait, mais j’avais alors déjà accepté l’offre de Dallas et j’avais annoncé publiquement ma décision. Je ne pouvais revenir sur ma parole », a tenu à préciser Radulov.

 

Comme le reste de l’état-major des Stars, Ken Hitchcock tenait à Radulov. C’est pour cette raison qu’il n’a pas hésité à la contacter à deux reprises pour tenter de le convaincre.

 

« Radulov est un Russe qui joue au hockey comme le font les Nord-Américains. Il est émotif. Il est intense. Il se donne toujours sur la glace. Il travaille très fort lors des entraînements. Il aborde d’ailleurs les entraînements comme des matchs et cette attitude s’est propagée au reste de l’équipe », a assuré l’entraîneur-chef Ken Hitchcock qui a remarqué Radulov aux Jeux olympiques de Sotchi.

 

« Les qualités de Radulov sur la glace sont connues depuis toujours. Mais à Sotchi, les vestiaires des équipes canadienne et russe étaient voisins. J’ai été impressionné par son leadership. Il était très présent dans leur vestiaire. Il parlait à tout le monde. Il encourageait. Il lançait des messages directs à ses coéquipiers. Il voulait gagner et incitait ses coéquipiers à afficher le même désir de vaincre. C’est plaisait de pouvoir compter sur un gars de ce genre au quotidien », a ajouté Hitchcock.

 

Sur une lancée après un début difficile

 

Alexander Radulov revendique 7 buts et 19 points depuis le début de la saison. Des statistiques intéressantes qui ne satisfont pas pleinement le principal intéressé.

 

« Ce n’a pas été facile au début de l’année. Tu as beau jouer avec d’excellents coéquipiers, il faut apprendre à se connaître. À se comprendre. Et c’est toujours difficile de marquer des buts dans la LNH », a insisté Radulov.

 

Une séquence de neuf matchs consécutifs avec au moins un point (cinq buts, huit passes) a contribué à le relancer.

 

« Ça va mieux, mais il y a encore du travail à faire. On ne peut jamais être satisfait. On veut tous produire davantage. Mais plus la saison avancera, plus les choses débloqueront avec Jamie Benn et mes compagnons de trio. »

 

Samedi dernier, dans une victoire de 6-3 des Stars aux dépens des Oilers d’Edmonton, Radulov et Benn ont perdu leur centre habituel alors que Tyler Seguin a été remplacé par Antoine Roussel. On devrait revoir Roussel au sein du premier trio encore mardi contre le Canadien.

 

« Je ne sais pas combien de temps l’expérience durera, mais c’est très plaisant de se retrouver au sein d’un tel trio. Je continue d’y aller match par match, en fait non, présence par présence, mais je tente d’en profiter », a indiqué le cousin français qui a profité de l’expérience pour marquer un but, ajouter deux passes et récolter au passage la première étoile du match.

 

« On va revoir Seguin avec Benn et Radulov c’est certain. Je vais les réunir en fin de période, lors de mises en jeu importantes, en attaque à cinq ou lorsque la situation l’exigera. Je n’ai rien contre l’idée de regrouper mes meilleurs éléments au sein d’un même trio. En même temps, il est parfois important de séparer ce talent pour s’assurer de la contribution des autres membres de l’équipe. Pour gagner sur une base régulière, tu dois pouvoir compter sur l’apport du plus grand nombre possible de joueurs. C’est ce que je vise en distribuant le talent au sein des trios », a indiqué Ken Hitchcock.

 

Alex Radulov a bien hâte de croiser le Canadien demain. C’est toutefois le match du 13 mars prochain – les Stars effectueront leur escale annuelle au Centre Bell – que Radulov a encerclé lorsque le calendrier a été publié l’été dernier.

 

Radulov sait que le Canadien en arrache. Il le sait, car il communique régulièrement avec Alex Galchenyuk de qui il est toujours très près. « J’ai développé une grande amitié avec Chucky l’an dernier. Je suis près de son père et de sa mère aussi. Selon ce qu’il me dit, c’est une bataille quotidienne pour l’équipe. Mais le Canadien n’est qu’à trois victoires d’une fiche de ,500. Rien n’est joué encore. Je suis convaincu que les gars tentent très fort de s’en sortir. »