SHORT HILLS, N.J - Depuis 2003, le Canadien a confié les rênes de l’importante mission de garnir la relève de l’organisation à Trevor Timmins, qui vivra donc son 11e repêchage dimanche au New Jersey. Le moment ne pourrait être plus propice pour procéder à un bilan.

Dans l’univers du sport professionnel, les dirigeants et les athlètes sont jugés en fonction de leurs résultats. La réalité ne diffère pas pour les recruteurs et un survol des statistiques permet de découvrir que Timmins affiche un bilan fort intéressant sans être parfait.

Le RDS.ca a procédé à un calcul exhaustif des choix effectués par les 30 équipes du circuit Bettman depuis le repêchage de 2003. L’objectif était de connaître le nombre de matchs disputés dans la LNH par les joueurs de chacune des équipes depuis cette faste cuvée.

Bien sûr, cette statistique ne garantit pas le succès d’une formation, mais il s’agit sans doute de la façon la plus révélatrice d’évaluer le rendement des dépisteurs.

Timmins peut donc se réjouir puisque le Canadien arrive au tout premier rang des 30 équipes (voir tableau plus bas). Les 74 joueurs repêchés par le Canadien ont joué 5035 rencontres dans la LNH ce qui surpasse les Sharks de San Jose (4696) et les Blackhawks de Chicago (4688).

« J’ai entendu parler de tels rapports, mais ça appartient au passé et nous devons être les meilleurs dans la suite des choses. On veut mieux recruter que les 29 autres équipes, mais c’est évident que choisir 25e en première ronde rend les choses plus difficiles », a confié Timmins, qui ne songe qu’au repêchage 2013.

Bien sûr, le succès dans ce classement dépend de plusieurs facteurs. Par exemple, la vie des recruteurs est nettement facilitée quand l’équipe possède un choix dans le top-10. À ce sujet, le Tricolore a repêché trois fois dans le top-10 avec Andrei Kostitsyn, Carey Price et Alex Galchenyuk.

Il s’agit d’un échantillon très limité pour dénicher des perles rares. Voilà peut-être ce qui explique pourquoi Timmins et sa brigade ont semblé réussir moins de sélections sensationnelles en première ronde, sans oublier les erreurs de Kostitsyn, David Fischer et Kyle Chipchura.

« Si on regarde quand nous avons pu choisir dans le top-10, je crois qu’on a frappé de beaux circuits (Price et Galchenyuk). Je ne dirais pas que nos choix en première ronde représentent une faiblesse de notre part. Quand tu repêches entre les rangs 20 et 30, c’est plus comme un choix de deuxième ronde », a affirmé Timmins dans une entrevue exclusive avec RDS.

Certaines équipes ont pu goûter beaucoup plus souvent à la crème de la crème sans en profiter. Par exemple, les Blue Jackets de Columbus (4e rang au classement) ont eu le privilège de repêcher huit fois dans le top-10.

Ses coups de coeur

Le brio de Timmins se situe sans contredit à partir de la deuxième ronde où il a déniché des joyaux comme P.K. Subban (2e ronde), Alexei Emelin (3e ronde), Brendan Gallagher (5e ronde), Jaroslav Halak (9e ronde) et Mark Streit (9e ronde).

« On veut toujours trouver un joueur qui fera carrière dans la LNH avec chacun de nos choix. On travaille fort pour cela », a-t-il noté pour expliquer la recette fructueuse.

Timmins repense d’ailleurs à ces choix quand on lui demande d’identifier ses coups préférés.

« Jaro a été choisi en neuvième ronde par notre groupe, c’est fabuleux de voir ce qu’il a accompli dans la LNH. Évidemment, je dois ajouter Gallagher avec la dernière saison. J’ai le sourire au visage chaque fois que je le vois jouer, il est très excitant.

« J’apprécie beaucoup les négligés du repêchage que nous avons choisis et qui ont cette passion et ce caractère comme Gallagher et Subban », a détaillé l’homme de confiance du CH.

Dimanche, Timmins détient le luxe de six choix parmi les 86 premières sélections. Cependant, cette récolte n’est pas assurée d’un succès. À preuve, le Canadien avait raté son coup en 1991 lorsqu’il s’était retrouvé dans une position similaire pour la dernière fois.

Brent Bilodeau, Jim Campbell, Craig Darby, Yves Sarault, Vladimir Vujtek et Sylvain Lapointe n’ont définitivement pas connu les carrières espérées contrairement à Martin Rucinsky, Ray Whitney, Sandis Ozolinsh, Yanic Perreault, Mike Knuble et Alexei Zhitnik, qui ont tous été repêchés après ces différentes sélections du Canadien.

Inutile de faire un dessin pour démontrer à quel point la cueillette de 2013 sera déterminante.

« Tous les repêchages sont très importants. C’est une autre chance d’ajouter à notre profondeur, mais nous n’avons pas un haut choix comme en 2012. On devrait quand même pouvoir ajouter des espoirs de talent et le développement commence tout de suite après avec eux », a expliqué Timmins avec prudence.

Avec un budget si imposant à dépenser dimanche, le sujet de la LHJMQ s’avère encore plus pertinent, surtout que le circuit québécois regorge de talent cette année. Le Canadien pourrait être tenté de piger dans sa cour une fois ou plus souvent encore.

« On demeure en lutte avec 29 équipes, mais nous avons procédé à beaucoup de travail sur le talent local grâce à deux recruteurs, nos dirigeants, le combine de la LNH et le nôtre », a-t-il rappelé. « Je ne peux pas prédire ce qui arrivera, mais c’est vrai que ça pourrait être un peu étrange si on ne dénichait aucun joueur de la LHJMQ. »

D’ailleurs, la LHJMQ pourrait battre le record de 1998 alors que sept de ses joueurs avaient été choisis en première ronde et même huit dans le top-30 puisque la LNH comptait 27 équipes à l’époque.

Le travail de Timmins ne comporte pas seulement des récompenses comme ses protégés qui s’illustrent dans la LNH. Parfois, il doit les regarder s’épanouir ailleurs quand ils sont expédiés sous d’autres cieux.

« On aimerait tous les garder, mais c’est aussi valorisant de voir qu’ils atteignent le niveau que nous avions prévu dans une autre équipe. C’est plaisant pour mon équipe et moi de voir nos jeunes connaître du succès, ce sont de bonnes personnes », a jugé Timmins qui vit bien sous le microscope des amateurs et médias du Québec.

Outre le Canadien, les Jets sont la seule autre équipe à posséder six choix dans les trois premières rondes. Par contre, les dirigeants des Flames et des Blue Jackets iront trois fois chacun sur le podium en première ronde. Au total, ce sont les Jets, les Sabres, les Predators et les Kings qui pourraient repêcher le plus souvent avec leurs 10 sélections prévues devant le Canadien (9) et les Stars (9). 

*** Avec la collaboration de Stéphane Leroux

*** Dans la deuxième partie qui sera publiée lundi, Trevor Timmins abordera notamment ses moins bons coups comme David Fischer et Andrei Kostitsyn. 

 

Repêchage des équipes depuis 10 ans

 
Équipe Matchs
joués
Choix
top 10
Joueurs
repêchés
1-  Montréal 5035 3 top 10 74
2-  San Jose 4696 3 top 10 75
3-  Chicago 4688 4 top 10 99
4-  Columbus 4486 8 top 10 82
5- Boston 4438 4 top 10 68
6- Pittsburgh 4362 5 top 10 74
7- Buffalo 4356 1 top 10 78
8- Anaheim 4126 3 top 10 76
9- Los Angeles 4116 3 top 10 82
10- Nashville 4062 2 top 10 84
11- Edmonton 3927 5 top 10 80
12- Washington 3908 3 top 10 80
13- St.Louis 3899 2 top 10 85
14- NY Islanders 3889 6 top 10 85
15- Colorado 3778 2 top 10 74
16- Philadelphie 3659 2 top 10 75
17- NY Rangers 3599 2 top 10 75
18- Floride 3389 6 top 10 82
19- Phoenix 3192 5 top 10 73
20-  Dallas 3140 1 top 10 71
21- Minnesota 3116 5 top 10 71
22- Ottawa 3073 3 top 10 77
23- Caroline 3049 4 top 10 71
24- Toronto 2671 3 top 10 69
25- Vancouver 2574 2 top 10 64
26- Atlanta/Winnipeg 2543 7 top 10 76
27- New Jersey 2464 1 top 10 69
28- Detroit 2319 0 top 10 72
29- Calgary 1997 1 top 10 71
30- Tampa Bay 1949 4 top 10 78