Le repêchage du 30 juin permettra d’entamer le scénario de Jordan Subban dans la LNH ce qui viendra compléter la trilogie de cette famille dont les prouesses ne font que commencer au sein du circuit Bettman.

Si P.K. a été sélectionné au 43e échelon en 2007 et que son frère Malcolm (le gardien de la famille) a été choisi dès le 24e rang par les Bruins en 2012, Jordan doit regarder un peu plus bas dans les classements pour apercevoir son nom.

Selon la Centrale de recrutement de la LNH, le défenseur au gabarit moins imposant de cinq pieds neuf pouces apparaît en 55e position.

À l’approche du repêchage, Jordan serait mal placé pour critiquer ces évaluations. Par contre, son grand frère se permet d’émettre certains doutes.

« Il a été repêché aussi haut que le cinquième rang pour accéder dans la Ligue junior de l’Ontario tandis que j’ai été choisi seulement au 105e rang. Jordan mérite de continuer d’obtenir de belles opportunités grâce à la qualité de son jeu et il va continuer à faire mentir les sceptiques », a jugé le nouveau récipiendaire du trophée Norris.

« Il risque d’être repêché beaucoup plus bas qu’il devrait l’être, mais ça importe peu », a ajouté P.K.

Depuis plusieurs années, les comparaisons sont omniprésentes entre P.K. et ses deux frères. Elles atteignent un niveau encore plus élevé avec Jordan puisqu’il évolue aussi au poste de défenseur.

Durant son entretien avec le RDS.ca, le porte-couleurs du Canadien a souvent répété que Jordan et lui sont différents à plusieurs chapitres. Cependant, les deux droitiers partagent un trait de personnalité fort utile selon le numéro 76.

« Je sais que nous avons des points en commun dont ne pas se soucier pas de l’opinion des autres à notre sujet comme quand ils prédisent ce qui arrivera avec notre développement. On se concentre à s’améliorer et son but ultime est d’atteindre la LNH ce qui n’est qu’une question de temps », a lancé l’aîné avec franchise.

Jordan SubbanGrâce à ses habiletés, Jordan a convaincu plusieurs observateurs de son potentiel car il était classé au 81e rang il y a quelques mois.

« Je dirais qu’il représente une plus petite version de Kristopher Letang. Je dis cela parce qu’il possède d’excellents atouts offensifs et il ne se laisse jamais intimider sur la patinoire même s’il n’est pas le plus imposant », a analysé Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement.

Cette comparaison permet de se forger une idée des contrastes entre Jordan et P.K., mais ce dernier ajoute son grain de sel à ce sujet.

« La plus grande similitude vient surtout du fait qu’on se ressemble par nos traits familiaux, mais notre style de jeu est très différent. Sa compréhension du hockey est phénoménale, il possède des habiletés assez rares et je peux le certifier parce que je patine souvent avec lui », a-t-il dévoilé.

« Nous sommes quand même très différents et on pourra le voir au niveau de la LNH. Il fera son propre chemin, il est trop bon pour que ce ne soit pas le cas! », a ajouté P.K. qui considère que l’esprit de compétition de son frangin est sous-estimé.

Lorsque le grand frère de la famille se voit décerner le titre du meilleur défenseur du circuit, il ne serait pas étonnant que les autres soient moins comblés à propos des aptitudes, mais c’est loin d’être le cas.

« P.K. a développé davantage les éléments physiques de son jeu tandis que Jordan s’illustre avec son côté athlétique. Au niveau de la vitesse, il n’a rien à envier à personne et son lancer de la pointe peut causer des dommages. De plus, il possède un talent inné pour marquer des buts dans des moments très importants », a cerné Marr.

Outre le rendement avec leur bâton, les amateurs se questionnent souvent sur leur tempérament. Les Subban sont des personnages chacun à leur façon, mais Jordan préfère se montrer plus réservé.

« J’essaie de ne pas trop parler sur la patinoire et je me situe un peu entre mes deux frères à ce niveau. Je reste concentré sur mes tâches, mais il y a un peu de P.K. et de Malcolm en moi aussi », a exprimé Jordan.

À ne pas en douter, ce sujet intrigue aussi les recruteurs.

« À leur première année junior, ils étaient semblables. À partir de la deuxième année, P.K. s’est un peu calmé et c’est ce qui est arrivé aussi avec Jordan. On a vraiment aimé l’évolution de Jordan cette année », a admis Marr.

Un coefficient de risque moins élevé ?Jordan Subban

En 2007, quand le nom Subban a retenti au domicile des Blue Jackets de Columbus, la famille a explosé de joie dans les gradins. Avec le temps, ce choix de deuxième ronde s’est avéré un coup fumant de Trevor Timmins, mais P.K. avait effrayé certaines équipes par le niveau de risque élevé dans son jeu.

À ce propos, le directeur du recrutement amateur du Canadien, considère Jordan moins périlleux.

« J’aimerais être d’accord avec cela, mais je ne me souviens pas d’avoir observé de très près ses matchs quand il avait mon âge donc je ne pourrais pas dire. C’est génial d’entendre un tel compliment de sa part et je vais continuer de me développer », a déclaré Jordan.

« Quand il est arrivé au niveau junior, il prenait de gros risques pour des jeux qui pouvaient devenir très payants. Au fil du temps, son jeu a grandement maturé et il comprend mieux ses responsabilités », a fait remarquer Marr.

Depuis quelques années, Jordan entend un refrain en boucle critiquant son physique. Il est persuadé que son ascension à la LNH lui permettra de se débarrasser de cette mauvaise chanson qui résonne dans son cerveau.

P.K. assume à merveille son rôle de grand frère sur cette question en prenant sa défense avec un exemple.

« Même si je mesure à peine six pieds, je sors souvent du coin avec la rondelle quand je suis confronté à Milan Lucic », a-t-il rappelé.

« Je ne crois pas que la question de son gabarit soit une excuse. Ça sert à justifier son classement en vue du repêchage, mais ça ne veut pas dire qu’on doit écouter ces analyses. Ce n’est pas un problème, j’ai vu plusieurs joueurs plus petits que lui évoluer dans la LNH et Je lui répète de ne pas écouter ces commentaires. »

En fait, aux propres dires de Jordan, le doyen des frères s’occupe très bien de lui à différents niveaux.

« C’était définitivement bénéfique de compter sur l’expérience de mes frères qui ont été repêchés. J’ai pu leur poser plusieurs questions sur le processus en entier. De façon plus précise, P.K. s’assure que je m’entraîne fort et il est même parfois assez dur à mon endroit », a affirmé celui qui a inscrit 51 points (15 buts, 36 passes) en 68 matchs avec les Bulls de Belleville en 2012-13.

P.K. SubbanSi Jordan se souvient que son père pleurait à Columbus parce que l’un de ses fils a été repêché par son équipe préférée, P.K. n’a pas oublié que Jordan - du haut de ses 12 ans - était heureux pour lui.

« Je me rappelle qu’il était très excité et content pour moi. Je suis certain qu’il rêvait de vivre la même situation. Ce sera bientôt son tour et sa carrière commence maintenant », a conté le volubile athlète.

Le dernier de la famille pourrait être repêché autant en deuxième, troisième ou quatrième ronde. Son rang de sélection est difficile à prédire, mais l’identité de l’équipe l’est encore plus. Puisque Malcolm a été choisi par les Bruins, un ennemi juré du Canadien, certains observateurs salivent à l’idée de voir Jordan joindre un autre rival comme Toronto.

« Ce serait intéressant en tout cas », a convenu P.K. en riant. Les possibilités de Montréal et Boston alimenteront les discussions aussi, mais il sera heureux peu importe sa destination. »

Nés dans une famille sportive et compétitive, les trois frères devraient se retrouver dans la LNH dans un avenir rapproché. À ce moment, la question la plus intrigante sera de découvrir qui de P.K. ou Jordan marquera le premier but aux dépens de Malcolm.

« C’est une bonne question! Si Malcolm accède rapidement dans la LNH, je dirais moi. Mais qui sait, peut-être que Jordan sera repêché par Montréal ou Boston ce qui limiterait les possibilités ! », a conclu P.K. avec une hypothèse qui susciterait beaucoup de réactions.