Une fois de plus, des événements disgracieux ont entaché la LNH le week-end dernier. Malheureusement, comme ce fut déjà trop souvent le cas, cette plus récente tache sombrera sans doute dans l’oubli assez rapidement.

À moins que la LNH impose des sanctions exemplaires aux joueurs concernés.

Ce jour viendra, mais peut-être pas cette fois. Que l’attaquant des Penguins de Pittsburgh James Neal – un joueur vedette – ait déjà écopé d’une suspension de cinq matchs pour son coup de genou sournois à la tête de Brad Marchand, c’est déjà significatif et amplement mérité.

Je ne m’attendais pas à autant. Les intentions de Neal étaient clairement malicieuses. Il n’a donc aucune excuse. Il pouvait aisément dévier de sa trajectoire et éviter le joueur des Bruins de Boston, qui était étendu de tout son long sur la patinoire.

Si Neal est suspendu cinq matchs, que mérite donc Shawn Thornton pour son attaque vicieuse sur le défenseur des Penguins Brooks Orpik? Au départ, je m’attendais à une suspension de cinq ou six rencontres, mais la punition à Neal change la donne.

Qu’un joueur comme Thornton tente de s’en prendre à un joueur comme Orpik, qui avait précédemment appliqué une mise en échec douteuse à Loui Eriksson en début de rencontre, ça arrive tous les soirs dans la LNH. Surtout pour une équipe comme les Bruins, qui ne tolère aucun geste à l’endroit de leurs joueurs.

Ce qui est loin d’être commun, c’est que Thornton a asséné une série de coups à la tête d’Orpik, qui avait déjà chuté sur la patinoire. C’est inexcusable.

La mise en échec d’Orpik sur Eriksson était-elle légale? On pourrait en débattre longtemps. Est-ce qu’Eriksson touche à la rondelle à temps? Avait-il une chance d’y toucher? Est-ce qu’Orpik arrive trop rapidement? Est-ce qu’Orpik crée de l’obstruction?

Difficile à dire... Disons que ce geste se situe dans une zone grise.

Un trop-plein d’émotions

Légale ou pas, rien n’obligeait Orpik de jeter les gants face à Thornton, qui a tenté pendant toute la soirée de venger son coéquipier tombé au combat. On n’est pas obligé d’engager le combat chaque fois qu’on frappe quelqu’un. Orpik est certainement capable de se défendre, mais ce n’est pas un poids lourd et il n’avait pas avantage à accepter à l’invitation de Thornton.

Si les Bruins voulaient absolument régler le cas d’Orpik, il y avait bien d’autres joueurs au sein de la formation des Bruins du même gabarit qu’Orpik pour s’acquitter de la besogne.

Thornton a toutefois abusé de son statut pour intimider Orpik. Il était peut-être frustré d’avoir essuyé les refus d’Orpik, mais ce n’était pas une façon de réagir que de s’attaquer de la sorte au joueur des Penguins.

Joueur respecté et honnête, Thornton n’a jamais été suspendu dans le passé malgré son rôle, mais pour une rare fois, il s’est laissé emporter par les émotions. Il est allé trop loin.

Alors qu’Orpik soigne une commotion cérébrale, Thornton est sans doute rongé par le regret. Bien que je n’aie pas blessé d’adversaire aussi sévèrement au cours de ma carrière, je sais ce qu’il ressent, et croyez-moi, c’est loin d’être agréable. Il s’est déjà excusé. Tout ce qu’il peut faire maintenant, c’est accepter son sort.

Reste à voir si le préfet de discipline Brendan Shanahan et la LNH poseront enfin un premier geste pour décourager d’éventuels fautifs d’agir de la sorte. Une chose est sûre, on ne se débarrassera pas des épisodes violents de ce genre du jour au lendemain. Ce sera un long processus, mais il faudra un jour l’enclencher.

Il ne faut jamais oublier que le hockey demeure un sport d’équipe ou l’esprit de famille est bien présent. Les joueurs se tiennent et voudront toujours répliquer d’une quelconque manière. Il s’agit de choisir la bonne façon.

*Propos recueillis par Mikaël Filion