NASHVILLE – Les Penguins de Pittsburgh ne sont qu’à une victoire de leur cinquième coupe Stanley.

S’ils arrivent à battre les Predators qui ont la meilleure fiche à domicile ce printemps (9 victoires, 1 revers) les Penguins seront le premier club en 19 ans à soulever la coupe deux saisons de suite.

Si les Penguins imitent les Red Wings de Detroit qui sont les derniers en lice (1997 et 1998) il y a fort à parier que Sidney Crosby aura un gros mot à dire dans la victoire.

Je sais, ça fait beaucoup de si.

Mais advenant une victoire des Penguins, ce soir à Nashville ou mercredi à Pittsburgh, le capitaine des Penguins pourrait réaliser un exploit qui date depuis plus longtemps encore que le doublé des Red Wings.

Il pourrait devenir le premier joueur de la LNH à obtenir le trophée Conn Smythe deux années de suite depuis son grand patron et en quelque sorte parrain Mario Lemieux qui a obtenu le titre de joueur le plus utile à son équipe en séries en 1991 et 1992 lors des deux premières conquêtes des Penguins.

Mieux encore, Crosby deviendrait le troisième joueur seulement de l’histoire à gagner deux Conn-Smythe de suite.

Qui accompagne Lemieux?

Qui partage ce record avec Mario Lemieux?

Si vous avez lancé comme ça le nom de Wayne Gretzky, je vous comprends. Mais vous avez tort.

L’ancien capitaine des Oilers a bel et bien gagné le Conn-Smythe deux fois lors de ses quatre conquêtes à Edmonton. Mais il ne les a pas gagnés deux années de suite : Mark Messier a gagné en 1984, suivi de Wayne Gretzky. Patrick Roy a gagné le premier de ses trois Conn-Smythe – il est le seul de l’histoire à compter trois titres – en 1986. Gretzky l’a aussi gagné en 1988, mais l’année précédente c’est Ron Hextall, des Flyers de Philadelphie, dans une cause perdante, qui a gagné le titre.

Si Gretzky n’y est pas arrivé, ce doit bien être un des piliers des Islanders qui ont gagné quatre coupes Stanley de suite au début des années 1980.

Eh bien non!

Quatre joueurs différents – Bryan Trottier, Butch Göring, Mike Bossy et Billy Smith – ont gagné entre 1980 et 1983.

Bobby Orr? Avec deux Conn-Smythe en trois ans (1970 et 1972), le défenseur des Bruins est celui qui est passé le plus près d’imiter Lemieux, mais il ne l’a pas fait.

Jean Béliveau, le premier récipiendaire du Conn-Smythe en 1965, ou un autre membre du Canadien doit bien partager ce record avec Lemieux.

Non!

Reggie Leach, des Flyers, là encore dans une cause perdante a peut-être « volé » le Conn-Smythe à Guy Lafleur qui l’a gagné l’année suivante dans la foulée des quatre coupes Stanley consécutives du Canadien entre 1976 et 1979. Bob Gainey et Larry Robinson avaient alors succédé à « Flower ».

La réponse est donc Bernard Parent.

Au-delà les gros bras des Broad Street Bullies, le « génie » de Fred Shero, la fougue de Bobby Calrke et les mains des Reggie Leach, Rick MacLeish et Bill Barber, les Flyers comptaient sur un gardien sensationnel en Bernard Parent qui a été élu lors des deux conquêtes des Flyers en 1974 et 1975.

Quinze électeurs

Comment est décerné le Conn-Smythe?

Par le biais d’un scrutin effectué auprès de journalistes ayant suivi le plus grand nombre de matchs des deux équipes impliquées dans la finale.

Car il ne faut pas oublier une caractéristique très importante : contrairement aux autres trophées du genre remis au football, basketball et baseball, le Conn-Smythe est remis au joueur qui a été le plus utile à son club pour l’ensemble des séries et non seulement au cours de la grande finale.

Cette année, les collègues Chris Johnson, du réseau Sportsnet à Toronto et Rob Rossi, de Pittsburgh, ont effectué la sélection des 15 journalistes qui voteront.

Du groupe, trois sont affectés à la couverture des Penguins, trois aux Predators. Les neuf derniers viennent des quatre coins de la Ligue.

À titre d’information, je n’ai pas obtenu de vote cette année ce qui est tout à fait normal compte tenu du fait que je n’ai pas couvert la grande finale du début à la fin.

Cela dit, j’ai la ferme conviction qu’en cas de victoire des Penguins, Crosby sera élu. Il est vrai que Crosby (8 buts, 27 points, plus-3) est deuxième en matière de production derrière Evgeni Malkin (10 buts, 28 points, plus-9), mais le capitaine des Penguins a plusieurs fois démontré qu’il est le catalyseur de cette équipe. Que c’est lui qui donne le ton. Il l’a démontré avec flamboyance jeudi dernier lorsque les Penguins ont lessivé les Predators 6-0 pour prendre le contrôle de la série 3-2 et s’offrir la chance de gagner la coupe Stanley dès ce soir.

Entraîneur-chef des Penguins, Mike Sullivan a d’ailleurs donné une réponse qui milite en faveur de son capitaine lors de son point de presse dimanche midi. « Sidney Crosby est un joueur qui s’impose dans tous les aspects du jeu. Il donne le ton au match. Il fait la différence dans un match. C’est le cœur de notre équipe. Son grand leadership et son désir de vaincre permettent à notre équipe de jouer le type de hockey que nous devons jouer pour obtenir du succès », a défilé Sullivan.

Ellis : statut incertain

Avant de soulever la coupe Stanley et le trophée Conn-Smythe, les Penguins devront d’abord gagner le match les opposant aux Predators.

Un défi pas évident à relever considérant la fiche des Preds à domicile (9-1) depuis le début des séries, considérant la tenue de leur gardien Pekka Rinne au Bridgestone Arena et aussi, et surtout, considérant l’énergie soulevée par leurs partisans. Des partisans qui seront plus enjoués encore – si c’est possible – que lors des deux premiers matchs de la finale.

On peut d’ailleurs se demander comment le gardien Matt Murray s’y prendra pour composer avec les partisans qui le prendront en grippe dès les premiers instants du match. Lors des parties trois et quatre, le gardien des Penguins semblait nettement dérangé dans sa concentration par les fans des Predators qui tenteront le même coup encore ce soir.

On verra si l’expérience acquise lors des deux premières rencontres aidera le gardien recru des Penguins.

Dans le camp des Predators, le statut du défenseur Ryan Ellis semble incertain. Bien que les rares joueurs des Predators présents pour répondre aux questions des journalistes ce matin assuraient que leur coéquipier serait du match, Ellis peinait sur la patinoire où il a patiné en solitaire avant l’entraînement facultatif des Preds.

Victime d’un coup de genou dans les côtes, le défenseur n’a pu compléter le dernier match jeudi à Pittsburgh. Il semblait avoir de la difficulté à s’élancer sur les tirs qu’il décochait ce matin.

Considérant l’importance de la rencontre, il est clair que les Predators et Ellis prendront tous les moyens possibles pour qu’il soit de la formation. Car son absence serait très lourde à porter malgré la tenue exceptionnelle des Roman Josi, P.K. Subban et Mattias Ekholm.

Si Ellis doit déclarer forfait, il semble bien que Anthony Bitetto sera appelé en renfort. Le défenseur américain âgé de 26 ans a pris part à 29 matchs des Predators cette saison. Il a récolté sept passes. Mais il n’a pas encore endossé l’uniforme depuis le début des séries cette année. Ce qu’il avait fait 14 fois l’an dernier.

Predators et Penguins tout comme la LNH ont été mis à l’index par les journalistes ce matin à Nashville alors que les joueurs les plus importants des deux camps, les Sidney Crosby, les Pekka Rinne, les P.K. Subban ont refusé de rencontrer la presse à l’aube de ce qui pourrait être la dernière rencontre de la saison.