Michel Therrien et son lave-vaisselle
Hockey mardi, 29 avr. 2008. 20:38 jeudi, 12 déc. 2024. 15:18
(ESPN.com) - Essayer de déterminer si un entraîneur de la LNH est bon ou non n'est pas une chose facile.
Ça dépend énormément des outils dont l'entraîneur dispose dans son coffre. Ils sont souvent aussi bons que les succès de leur équipe.
Souvent, les joueurs n'aiment pas leur entraîneur mais comme ils savent qu'ils risquent de les conduire aux grands honneurs, les athlètes préfèrent se taire et suivre la route tracée par les Scotty Bowman, Ken Hitchcock, Mike Keenan et Bob Hartley.
Il en va de même pour l'entraîneur des Penguins de Pittsburgh, Michel Therrien. C'est un peu comme sa philosophie sur la vaisselle sale.
Ainsi après un repas, Therrien ne se fâche pas si ses deux adolescents ne placent pas leur vaisselle sale dans le lave-vaisselle quand il leur demande. Il ne monte pas le ton la deuxième fois, ou la troisième ou encore la quatrième fois qui leur demande de prendre leurs responsabilités.
"La cinquième fois, je vais dire cependant, "C'est assez, vous allez dans votre chambre sans vos PlayStation, a dit Therrien. Être entraîneur, c'est un peu la même chose."
Mais quand il s'agit de ses enfants sur la glace, il lui arrive d'être un peu moins patient.
Parce que les Penguins regorgent des plus beaux talents du circuit, l'entraîneur n'obtient pas toujours le crédit qui lui revient. "Ah, n'importe qui peut diriger cette équipe," disait un intervenant dans une tribune téléphonique. Mais quand l'équipe va mal, le coupable est bien sûr, l'entraîneur.
"Je n'ai pas peur d'apporter des changements et de garder les joueurs sur le qui-vive, a ajouté Therrien. Devenir champion de la coupe Stanley, c'est exigeant."
Therrien essaie de l'enseigner à ses joueurs.
"Ils sont jeunes. Ils peuvent facilement perdre leur focus parce qu'ils sont jeunes." C'est pourquoi Therrien est constamment sur leur dos.
Therrien exige que ses hommes mettent beaucoup d'efforts pour apprendre le système de jeu de l'équipe. "Je suis très strict avec les jeunes. Je suis dans leur dos et ils le savent."
Le pilote des Penguins a déjà pris des décisions qui ont surpris en deuxième ronde contre les Rangers de New York. Avant la première partie, Therrien a refait ses duos de défenseurs en mutant Hal Gill avec Rob Scuderi et en plaçant Ryan Whitney avec Kristopher Letang. Après avoir accordé trois buts rapides lors du premier match, les Penguins ont concédé qu'un seul but en cinq périodes et ils mènent 2-0 dans cette série, dont la troisième partie est présentée mardi à New York.
Avant la partie de dimanche, le vétéran Gary Roberts a fait savoir à Therrien et qu'il était très près d'un retour au jeu après avoir raté les trois parties précédentes en raison d'une blessure à l'aine. Roberts voulait un peu plus de temps pour analyser la situation mais parce que la partie était présentée en matinée, Therrien n'a pas voulu attendre. Puis, comme il considérait la situation injuste pour Adam Hall, il a dit à Roberts de se reposer une journée de plus. C'était une décision courageuse parce qu'avec Roberts dans la formation, les Penguins sont bien meilleurs.
Therrien veut que ses joueurs dans la formation ne se concentrent que sur la partie. À la fin du match, Hall était sur la glace pour les dernières secondes du deuxième match alors que les Rangers étaient en avantage numérique, et c'est lui qui a marqué dans un filet désert le but d'assurance dans un gain de 2-0.
On parle souvent des équipes qui jouent avec confiance durant les séries. C'est la même chose pour les entraîneurs. Therrien est l'un de ceux-là.
Le Montréalais de 44 ans était l'un des plus jeunes entraîneurs de la LNH quand il s'est retrouvé derrière le banc du Canadien lors de la saison 2000-01.
"Je ne connaissais pas grand-chose de la LNH à part ce que je voyais à la télévision, a avoué Therrien. Mais diriger cette équipe, c'était comme fréquenter l'Université Harvard. Quand vous avez terminé, vous savez que vous êtes prêts."
L'apprentissage de Therrien à Montréal a duré 190 parties de saison régulière et 12 de plus en séries éliminatoires. Puis, le directeur général des Penguins de l'époque, Craig Patrick, l'a nommé à la barre de la filiale de Wilkes-Barre. Quand Ed Olczyk a été remercié après 31 parties en 2005-06, Therrien était prêt pour la bataille.
Il s'est retrouvé à la tête d'une équipe qui allait nulle part, une équipe qui misait sur des joueurs au bout du rouleau, qui se croyaient en sécurité dans un country club. Therrien ne s'est pas fait prier pour questionner publiquement l'éthique de travail de ses joueurs ainsi que leur degré d'implication et d'effort.
"J'ai utilisé la méthode forte, a dit Therrien. J'ai essayé de changer la culture qui régnait dans l'équipe. J'ai essayé beaucoup de choses."
Puis à l'été, on a craint pour le poste de Therrien quand Patrick a quitté le bateau avant d'être remplacé par Ray Shero. On prétendait que Therrien serait remercié dès le premier passage à vide de l'équipe puisqu'il n'était pas l'homme de Shero. Mais Therrien avait dirigé plusieurs des jeunes joueurs de l'équipe à Wilkes-Barre, au moment où l'équipe avait connu du succès. Sa recette a fonctionné et les Penguins ont engrangé 104 points, soit 47 de plus que la saison précédente pour mériter une place inattendue en séries.
"Personne ne s'attendait à ça de nous. Même nous," a avoué Therrien.
Les Penguins ont été mis KO en cinq parties par les Sénateurs d'Ottawa mais quand l'actuelle saison s'est amorcée, les attentes étaient nettement plus élevées. Le début de saison n'a pas été à la hauteur avec un dossier de 8-11-2 lors du premier quart du calendrier.
"Nous n'avons pas bien commencé du tout. Ce n'était pas facile. J'ai dû apporter des ajustements," a enchaîné Therrien.
On a senti du grenouillage en début de campagne. On croyait le poste de Therrien menacé, lui qui était critiqué pour avoir jonglé avec ses trios. Mais l'entraîneur des Penguins n'a pas bronché et il n'a porté aucun intérêt à la critique.
"Honnêtement, je n'ai pas porté attention à ça. C'est le marché. C'est de cette façon que ça se passe, a dit Therrien. Comme je le dis, ce n'est pas comment tu conduis mais comment tu arrives."
Quand les Penguins ont perdu les services du gardien Marc-André Fleury tôt en décembre avec une blessure à une cheville et Sidney Crosby le mois suivant en raison d'une blessure similaire, la pression sur Therrien est montée.
Une des premières choses qu'il a faites après la perte de Crosby, a été d'aller parler avec Evgeni Malkin avec Sergei Gonchar comme interprète.
Therrien a dit à son jeune attaquant qu'il ne voulait pas le voir en faire trop. Il voulait simplement qu'il joue son match même s'il était pour ressentir plus de pression sur les épaules en raison de l'absence du 87. La conversation a porté ses fruits puisque Malkin a terminé au deuxième rang des pointeurs du circuit et que les Penguins ont gagné le championnat de la section Atlantique.
Petr Sykora, un vétéran qui a évolué sous les ordres d'entraîneurs aux personnalités différentes, allant de Larry Robinson au New Jersey à Mike Babcock à Anaheim en passant par Craig MacTavish à Edmonton a été questionné sur le tempérament de Therrien.
"Oh, ne me mettez pas dans l'eau chaude," a-t-il dit mi-sérieux.
Mais Sykora est l'exemple parfait du joueur qui a su gagner la confiance de Therrien. Après être passé le premier quart de la saison sur la troisième ligne, il se débrouille maintenant très bien à l'aile de Malkin, avec quatre buts en six parties éliminatoires.
"Il est un entraîneur difficile, a ajouté Sykora. Ça m'a pris un peu de temps pour m'installer. Je ne le blâme pas. J'aurais fait la même chose si j'avais été entraîneur. Maintenant, je sens que je fais partie de la structure. Je suis très heureux de prouver à Mike qu'il peut compter sur moi dans plusieurs situations."
Therrien sait qu'il ne dirigera pas pour toujours mais pour le moment, il est bien installé à Pittsburgh. Ses enfants aiment l'endroit, et cet été, plutôt que de retourner à Montréal pour les vacances, ils vont rester à Pittsburgh.
Quant à ses autres enfants, ceux dans le vestiaire de l'équipe, personne ne leur demandera de mettre leurs plats sales au lave-vaisselle tant et aussi longtemps qu'ils continueront d'exceller sur la patinoire.
Ça dépend énormément des outils dont l'entraîneur dispose dans son coffre. Ils sont souvent aussi bons que les succès de leur équipe.
Souvent, les joueurs n'aiment pas leur entraîneur mais comme ils savent qu'ils risquent de les conduire aux grands honneurs, les athlètes préfèrent se taire et suivre la route tracée par les Scotty Bowman, Ken Hitchcock, Mike Keenan et Bob Hartley.
Il en va de même pour l'entraîneur des Penguins de Pittsburgh, Michel Therrien. C'est un peu comme sa philosophie sur la vaisselle sale.
Ainsi après un repas, Therrien ne se fâche pas si ses deux adolescents ne placent pas leur vaisselle sale dans le lave-vaisselle quand il leur demande. Il ne monte pas le ton la deuxième fois, ou la troisième ou encore la quatrième fois qui leur demande de prendre leurs responsabilités.
"La cinquième fois, je vais dire cependant, "C'est assez, vous allez dans votre chambre sans vos PlayStation, a dit Therrien. Être entraîneur, c'est un peu la même chose."
Mais quand il s'agit de ses enfants sur la glace, il lui arrive d'être un peu moins patient.
Parce que les Penguins regorgent des plus beaux talents du circuit, l'entraîneur n'obtient pas toujours le crédit qui lui revient. "Ah, n'importe qui peut diriger cette équipe," disait un intervenant dans une tribune téléphonique. Mais quand l'équipe va mal, le coupable est bien sûr, l'entraîneur.
"Je n'ai pas peur d'apporter des changements et de garder les joueurs sur le qui-vive, a ajouté Therrien. Devenir champion de la coupe Stanley, c'est exigeant."
Therrien essaie de l'enseigner à ses joueurs.
"Ils sont jeunes. Ils peuvent facilement perdre leur focus parce qu'ils sont jeunes." C'est pourquoi Therrien est constamment sur leur dos.
Therrien exige que ses hommes mettent beaucoup d'efforts pour apprendre le système de jeu de l'équipe. "Je suis très strict avec les jeunes. Je suis dans leur dos et ils le savent."
Le pilote des Penguins a déjà pris des décisions qui ont surpris en deuxième ronde contre les Rangers de New York. Avant la première partie, Therrien a refait ses duos de défenseurs en mutant Hal Gill avec Rob Scuderi et en plaçant Ryan Whitney avec Kristopher Letang. Après avoir accordé trois buts rapides lors du premier match, les Penguins ont concédé qu'un seul but en cinq périodes et ils mènent 2-0 dans cette série, dont la troisième partie est présentée mardi à New York.
Avant la partie de dimanche, le vétéran Gary Roberts a fait savoir à Therrien et qu'il était très près d'un retour au jeu après avoir raté les trois parties précédentes en raison d'une blessure à l'aine. Roberts voulait un peu plus de temps pour analyser la situation mais parce que la partie était présentée en matinée, Therrien n'a pas voulu attendre. Puis, comme il considérait la situation injuste pour Adam Hall, il a dit à Roberts de se reposer une journée de plus. C'était une décision courageuse parce qu'avec Roberts dans la formation, les Penguins sont bien meilleurs.
Therrien veut que ses joueurs dans la formation ne se concentrent que sur la partie. À la fin du match, Hall était sur la glace pour les dernières secondes du deuxième match alors que les Rangers étaient en avantage numérique, et c'est lui qui a marqué dans un filet désert le but d'assurance dans un gain de 2-0.
On parle souvent des équipes qui jouent avec confiance durant les séries. C'est la même chose pour les entraîneurs. Therrien est l'un de ceux-là.
Le Montréalais de 44 ans était l'un des plus jeunes entraîneurs de la LNH quand il s'est retrouvé derrière le banc du Canadien lors de la saison 2000-01.
"Je ne connaissais pas grand-chose de la LNH à part ce que je voyais à la télévision, a avoué Therrien. Mais diriger cette équipe, c'était comme fréquenter l'Université Harvard. Quand vous avez terminé, vous savez que vous êtes prêts."
L'apprentissage de Therrien à Montréal a duré 190 parties de saison régulière et 12 de plus en séries éliminatoires. Puis, le directeur général des Penguins de l'époque, Craig Patrick, l'a nommé à la barre de la filiale de Wilkes-Barre. Quand Ed Olczyk a été remercié après 31 parties en 2005-06, Therrien était prêt pour la bataille.
Il s'est retrouvé à la tête d'une équipe qui allait nulle part, une équipe qui misait sur des joueurs au bout du rouleau, qui se croyaient en sécurité dans un country club. Therrien ne s'est pas fait prier pour questionner publiquement l'éthique de travail de ses joueurs ainsi que leur degré d'implication et d'effort.
"J'ai utilisé la méthode forte, a dit Therrien. J'ai essayé de changer la culture qui régnait dans l'équipe. J'ai essayé beaucoup de choses."
Puis à l'été, on a craint pour le poste de Therrien quand Patrick a quitté le bateau avant d'être remplacé par Ray Shero. On prétendait que Therrien serait remercié dès le premier passage à vide de l'équipe puisqu'il n'était pas l'homme de Shero. Mais Therrien avait dirigé plusieurs des jeunes joueurs de l'équipe à Wilkes-Barre, au moment où l'équipe avait connu du succès. Sa recette a fonctionné et les Penguins ont engrangé 104 points, soit 47 de plus que la saison précédente pour mériter une place inattendue en séries.
"Personne ne s'attendait à ça de nous. Même nous," a avoué Therrien.
Les Penguins ont été mis KO en cinq parties par les Sénateurs d'Ottawa mais quand l'actuelle saison s'est amorcée, les attentes étaient nettement plus élevées. Le début de saison n'a pas été à la hauteur avec un dossier de 8-11-2 lors du premier quart du calendrier.
"Nous n'avons pas bien commencé du tout. Ce n'était pas facile. J'ai dû apporter des ajustements," a enchaîné Therrien.
On a senti du grenouillage en début de campagne. On croyait le poste de Therrien menacé, lui qui était critiqué pour avoir jonglé avec ses trios. Mais l'entraîneur des Penguins n'a pas bronché et il n'a porté aucun intérêt à la critique.
"Honnêtement, je n'ai pas porté attention à ça. C'est le marché. C'est de cette façon que ça se passe, a dit Therrien. Comme je le dis, ce n'est pas comment tu conduis mais comment tu arrives."
Quand les Penguins ont perdu les services du gardien Marc-André Fleury tôt en décembre avec une blessure à une cheville et Sidney Crosby le mois suivant en raison d'une blessure similaire, la pression sur Therrien est montée.
Une des premières choses qu'il a faites après la perte de Crosby, a été d'aller parler avec Evgeni Malkin avec Sergei Gonchar comme interprète.
Therrien a dit à son jeune attaquant qu'il ne voulait pas le voir en faire trop. Il voulait simplement qu'il joue son match même s'il était pour ressentir plus de pression sur les épaules en raison de l'absence du 87. La conversation a porté ses fruits puisque Malkin a terminé au deuxième rang des pointeurs du circuit et que les Penguins ont gagné le championnat de la section Atlantique.
Petr Sykora, un vétéran qui a évolué sous les ordres d'entraîneurs aux personnalités différentes, allant de Larry Robinson au New Jersey à Mike Babcock à Anaheim en passant par Craig MacTavish à Edmonton a été questionné sur le tempérament de Therrien.
"Oh, ne me mettez pas dans l'eau chaude," a-t-il dit mi-sérieux.
Mais Sykora est l'exemple parfait du joueur qui a su gagner la confiance de Therrien. Après être passé le premier quart de la saison sur la troisième ligne, il se débrouille maintenant très bien à l'aile de Malkin, avec quatre buts en six parties éliminatoires.
"Il est un entraîneur difficile, a ajouté Sykora. Ça m'a pris un peu de temps pour m'installer. Je ne le blâme pas. J'aurais fait la même chose si j'avais été entraîneur. Maintenant, je sens que je fais partie de la structure. Je suis très heureux de prouver à Mike qu'il peut compter sur moi dans plusieurs situations."
Therrien sait qu'il ne dirigera pas pour toujours mais pour le moment, il est bien installé à Pittsburgh. Ses enfants aiment l'endroit, et cet été, plutôt que de retourner à Montréal pour les vacances, ils vont rester à Pittsburgh.
Quant à ses autres enfants, ceux dans le vestiaire de l'équipe, personne ne leur demandera de mettre leurs plats sales au lave-vaisselle tant et aussi longtemps qu'ils continueront d'exceller sur la patinoire.