MONTRÉAL – À côté du nom de Pierre-Luc Dubois, un gros « zéro » apparaît où il n’y a pas l’habitude d’en avoir depuis le début du Championnat du monde de hockey junior. 

Le talentueux attaquant des Screaming Eagles du Cap-Breton n’est pas habitué d’être tenu en échec. C’est en marquant 49 buts en 74 matchs, à l’âge de 17 ans, qu’il a convaincu les Blue Jackets de Columbus de le sélectionner avec le troisième choix du plus récent repêchage de la LNH.

Mais à l’aube du match de demi-finale que le Canada disputera à la Suède, Dubois est toujours en quête d’un premier but dans le tournoi. En cinq matchs, il arrive au huitième rang du classement des pointeurs de son équipe avec quatre mentions d’aide.

« Crosby en a marqué combien à Sotchi? », a demandé l’entraîneur-chef canadien Dominique Ducharme en haussant les épaules et en faisant la moue quand on lui demandé mardi s’il sentait Dubois affecté par ses statistiques personnelles.

« Il en a marqué un et c’était en troisième période de la finale, si je me rappelle bien, a poursuivi Ducharme en réponse à sa propre question. Peut-être que [Pierre-Luc] en marquera un seul et que ça sera le plus gros but du tournoi. »

« Je passe proche, mais passer proche, ce n’est pas scorer », a convenu le principal intéressé, toutefois plus préoccupé par le rendement de son équipe que par sa production personnelle. « C’est un jeu d’équipe et jusqu’à maintenant, on n’a pas eu besoin de plus de buts. Hier, on en a marqué cinq, on s’en va dans la bonne direction. Personnellement, je vais continuer à travailler fort et à amener des rondelles au filet. Si ça rentre, tant mieux. Sinon, je vais essayer de passer la rondelle pour que les autres s’en occupent. »

Pour le quart de finale contre la République tchèque, Ducharme avait décidé de jumeler Dubois aux Québécois Nicolas Roy et Julien Gauthier. Le trio a bien répondu, produisant notamment le but qui allait être celui de la victoire en début de troisième période.

« Plus le match avançait, meilleurs ils étaient, a évalué Ducharme, qui a confirmé qu’il ne toucherait pas à ses trios en vue du match contre la Suède. Ils sont allés chercher des gros buts en troisième, ils nous ont donné un coussin. Ils peuvent être tellement dominants en fond de territoire avec leur talent, leur physique et la façon dont ils patinent. C’est difficile de jouer contre eux. »

« Ça va être important pour nous autres d’utiliser notre physique, priorise Dubois en pensant aux Suédois. On est trois joueurs assez costauds, on est très bon en protection de rondelle et dans les coins de patinoire pour aller chercher le momentum, de l’énergie. Ça va être important pour nous de continuer en ce sens, de jouer nos forces et d’intimider l’adversaire un peu. »

Chabot le chef

Les prouesses du défenseur Thomas Chabot faisaient encore jaser au lendemain de sa performance magistrale contre les Tchèques. Mathieu Joseph, qui connaît Chabot mieux que quiconque dans l’entourage d’Équipe Canada, est épaté par la progression de son ami depuis leur arrivée chez les Sea Dogs de Saint John à l’âge de 16 ans.

« Ça fait quatre ans que je joue avec Tom, j’ai vu comment il s’est amélioré d’année en année et c’est vraiment fulgurant, constate l’attaquant natif de Chambly. Il a commencé comme un défenseur un peu plus timide dans le junior et aujourd’hui, il est complètement dominant. »

Selon Joseph, l’expérience que Chabot a acquise à son premier séjour avec la sélection des moins de 20 ans l’hiver dernier lui procure une confiance dangereuse.

« Il a quasiment autant de buts ici qu’à Saint John depuis le début de l’année, n’a pu s’empêcher de souligner Joseph, un brin taquin. C’est notre gros quart-arrière, il fait vraiment bien sa job et je pense que tout le monde le voit. »

« Il est dominant autant avec la rondelle que défensivement, a tranché Ducharme. C’est notre chef en arrière. Je suis vraiment content de voir la façon dont il réagit. »

Si les dernières semaines ont mis le nom de ce choix de première ronde des Sénateurs d’Ottawa sur la mappe de plusieurs amateurs de hockey, le principal intéressé dit faire son possible pour garder les deux pieds sur terre et éviter de se laisser enivrer par l’odeur des fleurs lancées en sa direction.

« J’essaye de regarder le moins possible les réseaux sociaux, affirme le sympathique Beauceron. Le tournoi est tellement court, ça passe vite. On est arrivé deux semaines avant, on avait tous hâte que ça commence. On dirait que ça fait deux jours que c’est commencé et on est déjà rendu en demi-finale. J’essaye seulement de profiter de l’expérience le plus possible. »

« Peut-être que plusieurs me découvrent, qu’ils entendent parler de moi pour la première fois vu que je suis un gars du Québec, mais je ne me concentre pas trop là-dessus honnêtement. »