Ne prenez pas Malkin en pitié
Hockey vendredi, 18 août 2006. 15:47 jeudi, 12 déc. 2024. 09:41
(D'après ESPN.com) - On ne parle pas ici de Peter et Anton Stastny, qui ont risqué leur vie pour quitter une Tchécoslovaquie sous le joug communiste à l'été 1980.
Ni de Peter Klima et de sa rencontre avec des dirigeants des Red Wings dans un boisé allemand pour assurer son passage en Occident au milieu des années 1980.
Ça n'a rien à voir avec Sergei Fedorov, forcé de laisser derrière lui parents et amis aux Jeux de l'amitié de 1990 à Seattle.
Le brouhaha entourant l'affaire Evgeni Malkin ne peut être comparé à ces histoires. On parle plutôt ici d'un garçon, qui possède un talent indescriptible, faisant trop de promesses à trop de gens. Rien d'autre.
Cape et épée? Faites moi rire.
Délit de fuite serait plutôt le terme approprié. Après tout, ce n'est pas comme si Malkin avait dû creuser un tunnel pour retrouver sa liberté. Le talentueux attaquant a quitté une nation démocratique aux frontières ouvertes. Avant de réapparaître à Los Angeles jeudi, Malkin ne se sauvait pas, il se cachait simplement. C'est une différence subtile, mais importante.
"C'est un joueur de hockey remarquable, mais s'il vous donne sa parole, vous ne pouvez lui faire confiance, a confié une source au courant de la situation à ESPN.com. Vous n'avez qu'à regarder ses antécédents."
Le père de Malkin, un ancien joueur dans les ligues élites russes, tenait dur comme fer à ce que son fils demeure dans son pays, et le jeune prodige a signé un contrat qui le liait jusqu'en 2008 avec le Metallurg Magnitogorsk. Ce contrat n'avait pas de clause échappatoire qui lui permettait de quitter pour poursuivre sa carrière dans la LNH, même s'il était considéré comme le meilleur joueur à ne pas jouer dans le circuit professionnel nord-américain.
Qui signe ce genre d'entente? Quelqu'un qui est mal conseillé et qui tente par tous les moyens de faire plaisir à tout le monde.
Les conseillers russes de Malkin sont reconnus pour recevoir des compensations monétaires du Metallurg quand ils lui fournissent des joueurs. Il ne faut donc pas se surprendre que Malkin ait signé ce contrat illogique pour sa carrière. Selon nos sources, ces représentants tenaient tellement à voir leur célèbre client demeurer en Russie cette saison qu'ils étaient prêts à payer ses agents nord-américains pour s'en assurer.
Et la pression est venue de toutes sortes d'autres directions.
Les Penguins de Pittsburgh aimeraient plus que tout compter leur premier choix au repêchage de 2004 parmi eux lors de l'inauguration de leur saison en octobre prochain. Et l'attrait de la LNH est certainement grand pour Malkin, surtout quand on regarde ce qu'a accompli son compatriote Alexander Ovechkin avec les Capitals de Washington la saison dernière.
Malkin a donc déchiré le contrat qu'il avait lui-même signé et congédié ses agents Pat Brisson (qui représente son futur coéquipier, Sidney Crosby) et J.P. Barry pour s'allier à Don Meehan, qui représente Ovechkin et qui l'a aidé à se sortir d'une affaire en cour avec le Dynamo de Moscou à l'automne.
Mais Malkin la girouette n'allait pas s'arrêter là.
Il y a plusieurs semaines, Malkin a coupé les liens avec Meehan pour retourner dans le camp de Brisson et Barry. Il a également réussi à se défaire de son contrat de deux ans avec Magnitogorsk pour signer, certains disent contre son gré, une entente d'un an avec la formation russe pour la prochaine saison.
Et puis, alors que l'équipe se préparait à ouvrir son camp d'entraînement à Helsinki, en Finlande, la semaine dernière, Malkin est disparu. De qui, ou de quoi, il se cachait au cours des derniers jours est une question à laquelle chacun a sa réponse.
"Il a laissé la pression l'affecter", a déclaré Dave King, son entraîneur en Russie, à une station de radio torontoise cette semaine.
Pauvre Evgeni.
Même si on dirait que Malkin est apparu directement d'un roman de John LeCarre, la seule chose qui le rend unique est sa propension à signer n'importe quoi pour n'importe qui. Son stratagème de sortie n'est pas différent de celui utilisé par une poignée d'autres joueurs qui ont profité d'une loi nationale sur le travail qui permet à n'importe quel travailleur de donner un avis de deux semaines à son employeur et de lever les feutres.
Alexei Mikhnov, le choix de première ronde des Oilers d'Edmonton en 2000, s'y est pris de cette façon pour quitter Yaroslavl. Même chose pour Andrei Taratukhin, un choix de deuxième ronde des Flames de Calgary en 2001.
Pourquoi la décision de ces joueurs s'est-elle faite sans vague? Peut-être parce qu'ils n'avaient pas signé une série de contrats avec leur équipe russe avant de quitter. Et ils ne sont nullement la vache à lait qu'est Malkin pour les bonzes du hockey russe.
Même si Malkin devra se conformer aux mêmes règles que toutes les recrues de la LNH concernant son salaire, le potentiel de ses gains est énorme. Sa présence est également cruciale pour une équipe dont l'avenir est plus qu'incertain.
Toutefois, pour les propriétaires d'équipes en Russie, Malkin représentait une arme de choix dans leur combat pour soutirer de grosses sommes d'argent aux Penguins ou à la LNH. Il semble que les Russes, qui ont refusé de signer l'entente actuelle avec la Fédération internationale de hockey sur glace, rêvent d'un monde où leurs équipes se verraient attribuer des rançons de roi, comme c'est le cas avec les joueurs étoiles au soccer.
Chose qu'on ne verra jamais au hockey.
Peut-être que la somme de 200 000$ payée par la Ligue nationale de hockey et ses équipes pour les joueurs européens semble maigre comparée aux 93 M$ que le Real Madrid a dû débourser pour empêcher la Juventus de Turin de charmer Zinedine Zidane. Mais la LNH n'est pas redevable à la FIHG.
Si des nations membres de la FIHG, disons la Suède ou la République tchèque, une source importante de joueurs pour la LNH, décidaient soudainement qu'elles voulaient 1 M$ par joueur, le circuit Bettman se retirerait tout simplement et signerait des joueurs locaux, laissant les pays européens avec un gros zéro. Le même zéro que la Russie reçoit pour ses joueurs présentement.
La LNH a également le pouvoir de refuser à ses joueurs la chance de participer à des compétitions de la FIHG, dont le Championnat du monde, ou du moins de leur compliquer la tâche. C'est une situation délicate pour les Russes, qui accusent la LNH de "terrorisme sportif" dans l'affaire Malkin mais qui sont les hôtes du Championnat du monde cette année et qui désirent plus que tout au monde la présence des joueurs de la LNH.
Le cas Malkin ne fait rien pour dissiper les croyances voulant que la ligue élite russe n'est qu'une façade pour la mafia, qui n'arrêtera devant rien pour avoir ce qu'elle veut, que ce soit de l'argent ou des joueurs. Surtout de l'argent.
En ce qui concerne Malkin, je ne parierais pas ma maison qu'il portera l'uniforme des Penguins au début de la saison. Il est presque certain que les Russes poursuivront Malkin et/ou les Penguins, avec comme argument que la loi sur les deux semaines d'avis ne s'applique pas à un athlète qui a signé un contrat.
Ni de Peter Klima et de sa rencontre avec des dirigeants des Red Wings dans un boisé allemand pour assurer son passage en Occident au milieu des années 1980.
Ça n'a rien à voir avec Sergei Fedorov, forcé de laisser derrière lui parents et amis aux Jeux de l'amitié de 1990 à Seattle.
Le brouhaha entourant l'affaire Evgeni Malkin ne peut être comparé à ces histoires. On parle plutôt ici d'un garçon, qui possède un talent indescriptible, faisant trop de promesses à trop de gens. Rien d'autre.
Cape et épée? Faites moi rire.
Délit de fuite serait plutôt le terme approprié. Après tout, ce n'est pas comme si Malkin avait dû creuser un tunnel pour retrouver sa liberté. Le talentueux attaquant a quitté une nation démocratique aux frontières ouvertes. Avant de réapparaître à Los Angeles jeudi, Malkin ne se sauvait pas, il se cachait simplement. C'est une différence subtile, mais importante.
"C'est un joueur de hockey remarquable, mais s'il vous donne sa parole, vous ne pouvez lui faire confiance, a confié une source au courant de la situation à ESPN.com. Vous n'avez qu'à regarder ses antécédents."
Le père de Malkin, un ancien joueur dans les ligues élites russes, tenait dur comme fer à ce que son fils demeure dans son pays, et le jeune prodige a signé un contrat qui le liait jusqu'en 2008 avec le Metallurg Magnitogorsk. Ce contrat n'avait pas de clause échappatoire qui lui permettait de quitter pour poursuivre sa carrière dans la LNH, même s'il était considéré comme le meilleur joueur à ne pas jouer dans le circuit professionnel nord-américain.
Qui signe ce genre d'entente? Quelqu'un qui est mal conseillé et qui tente par tous les moyens de faire plaisir à tout le monde.
Les conseillers russes de Malkin sont reconnus pour recevoir des compensations monétaires du Metallurg quand ils lui fournissent des joueurs. Il ne faut donc pas se surprendre que Malkin ait signé ce contrat illogique pour sa carrière. Selon nos sources, ces représentants tenaient tellement à voir leur célèbre client demeurer en Russie cette saison qu'ils étaient prêts à payer ses agents nord-américains pour s'en assurer.
Et la pression est venue de toutes sortes d'autres directions.
Les Penguins de Pittsburgh aimeraient plus que tout compter leur premier choix au repêchage de 2004 parmi eux lors de l'inauguration de leur saison en octobre prochain. Et l'attrait de la LNH est certainement grand pour Malkin, surtout quand on regarde ce qu'a accompli son compatriote Alexander Ovechkin avec les Capitals de Washington la saison dernière.
Malkin a donc déchiré le contrat qu'il avait lui-même signé et congédié ses agents Pat Brisson (qui représente son futur coéquipier, Sidney Crosby) et J.P. Barry pour s'allier à Don Meehan, qui représente Ovechkin et qui l'a aidé à se sortir d'une affaire en cour avec le Dynamo de Moscou à l'automne.
Mais Malkin la girouette n'allait pas s'arrêter là.
Il y a plusieurs semaines, Malkin a coupé les liens avec Meehan pour retourner dans le camp de Brisson et Barry. Il a également réussi à se défaire de son contrat de deux ans avec Magnitogorsk pour signer, certains disent contre son gré, une entente d'un an avec la formation russe pour la prochaine saison.
Et puis, alors que l'équipe se préparait à ouvrir son camp d'entraînement à Helsinki, en Finlande, la semaine dernière, Malkin est disparu. De qui, ou de quoi, il se cachait au cours des derniers jours est une question à laquelle chacun a sa réponse.
"Il a laissé la pression l'affecter", a déclaré Dave King, son entraîneur en Russie, à une station de radio torontoise cette semaine.
Pauvre Evgeni.
Même si on dirait que Malkin est apparu directement d'un roman de John LeCarre, la seule chose qui le rend unique est sa propension à signer n'importe quoi pour n'importe qui. Son stratagème de sortie n'est pas différent de celui utilisé par une poignée d'autres joueurs qui ont profité d'une loi nationale sur le travail qui permet à n'importe quel travailleur de donner un avis de deux semaines à son employeur et de lever les feutres.
Alexei Mikhnov, le choix de première ronde des Oilers d'Edmonton en 2000, s'y est pris de cette façon pour quitter Yaroslavl. Même chose pour Andrei Taratukhin, un choix de deuxième ronde des Flames de Calgary en 2001.
Pourquoi la décision de ces joueurs s'est-elle faite sans vague? Peut-être parce qu'ils n'avaient pas signé une série de contrats avec leur équipe russe avant de quitter. Et ils ne sont nullement la vache à lait qu'est Malkin pour les bonzes du hockey russe.
Même si Malkin devra se conformer aux mêmes règles que toutes les recrues de la LNH concernant son salaire, le potentiel de ses gains est énorme. Sa présence est également cruciale pour une équipe dont l'avenir est plus qu'incertain.
Toutefois, pour les propriétaires d'équipes en Russie, Malkin représentait une arme de choix dans leur combat pour soutirer de grosses sommes d'argent aux Penguins ou à la LNH. Il semble que les Russes, qui ont refusé de signer l'entente actuelle avec la Fédération internationale de hockey sur glace, rêvent d'un monde où leurs équipes se verraient attribuer des rançons de roi, comme c'est le cas avec les joueurs étoiles au soccer.
Chose qu'on ne verra jamais au hockey.
Peut-être que la somme de 200 000$ payée par la Ligue nationale de hockey et ses équipes pour les joueurs européens semble maigre comparée aux 93 M$ que le Real Madrid a dû débourser pour empêcher la Juventus de Turin de charmer Zinedine Zidane. Mais la LNH n'est pas redevable à la FIHG.
Si des nations membres de la FIHG, disons la Suède ou la République tchèque, une source importante de joueurs pour la LNH, décidaient soudainement qu'elles voulaient 1 M$ par joueur, le circuit Bettman se retirerait tout simplement et signerait des joueurs locaux, laissant les pays européens avec un gros zéro. Le même zéro que la Russie reçoit pour ses joueurs présentement.
La LNH a également le pouvoir de refuser à ses joueurs la chance de participer à des compétitions de la FIHG, dont le Championnat du monde, ou du moins de leur compliquer la tâche. C'est une situation délicate pour les Russes, qui accusent la LNH de "terrorisme sportif" dans l'affaire Malkin mais qui sont les hôtes du Championnat du monde cette année et qui désirent plus que tout au monde la présence des joueurs de la LNH.
Le cas Malkin ne fait rien pour dissiper les croyances voulant que la ligue élite russe n'est qu'une façade pour la mafia, qui n'arrêtera devant rien pour avoir ce qu'elle veut, que ce soit de l'argent ou des joueurs. Surtout de l'argent.
En ce qui concerne Malkin, je ne parierais pas ma maison qu'il portera l'uniforme des Penguins au début de la saison. Il est presque certain que les Russes poursuivront Malkin et/ou les Penguins, avec comme argument que la loi sur les deux semaines d'avis ne s'applique pas à un athlète qui a signé un contrat.