Joël Bouchard et ses « contracteurs indépendants »
Rocket de Laval mercredi, 12 déc. 2018. 15:59 mercredi, 11 déc. 2024. 09:50L'affrontement Senators-Rocket vous sera présenté sur les ondes de RDS et sur le RDS.ca dès 19h30.
C’est bien connu, Joël Bouchard n’a pas la langue dans sa poche et ne passe pas par quatre chemins pour faire valoir ses idées et ses opinions. Que ce soit derrière le banc pendant un match ou devant les micros des journalistes, l’entraîneur-chef du Rocket parle avec passion, conviction, en allant droit au but et avec une bonne dose d’assurance.
Dans un monde où la gestion du personnel est aussi volatile que celui de la Ligue américaine, l’entraîneur doit constamment jongler avec des situations différentes, en s’assurant que son message est bien saisi par ceux qui arrivent ou ceux qui sont à bord du navire depuis le début.
Joël Bouchard est aussi très habile pour dire les choses de façon très colorées. Depuis quelques semaines, il est confronté à une situation particulière, alors que plusieurs défenseurs qui détiennent de l’expérience de la LNH se sont joints au Rocket. Que ce soit en passant par le ballottage, par un renvoi dans les mineures, ou via un contrat d’essai professionnel, les Karl Alzner, Xavier Ouellet, Victor Mete et Simon Després travaillent tous dans le but de retourner dans la LNH un jour.
À lire également
Une situation qui illustre à quel point les joueurs doivent penser au succès de leur formation, mais aussi à leur propre succès, pour gravir l’échelon ultime vers la grande ligue.
« On va dire la vraie chose, dans la Ligue américaine, ce sont tous des contracteurs indépendants. Ils doivent prendre soin de leur carrière personnelle » lance Bouchard, avec son franc parler habituel.
« Dans la vie, on veut tout vite, avec le téléphone on achète sur Amazon, let’s go. Dans la vraie vie, dans le hockey quand on bâtit quelque chose, il y a ceux qui embarquent, ceux qui débarquent et ceux qui tirent la charette. J’ai des attentes envers des joueurs pour tirer la charette. »
Bouchard s’attend donc à ce que les vétérans montrent l’exemple, en démontrant une bonne attitude et de bonnes habitudes de travail. À ce chapitre, il n’est aucunement inquiet que ce sera le cas, puisqu’ils l’ont déjà démontré.
Dans le cas de Xavier Ouellet, la relation existe depuis plusieurs années avec l’entraîneur qui l’a dirigé avec l’Armada de Blainville-Boisbriand. Le défenseur portera d’ailleurs un « A » sur son uniforme alors qu’il disputera son premier match avec le chandail du Rocket sur le dos. À la recherche de confiance après avoir été laissé de côté pendant 10 matchs par Claude Julien, Ouellet reconnaît également avec humilité qu’il doit corriger certains aspects de son jeu pour revenir au plus haut niveau. Le fait d’obtenir un plus grand nombre de minutes de jeu sur la patinoire pourrait grandement contribuer à le relancer. Le jeune homme de 24 ans reconnaît d’ailleurs le caractère particulier du circuit dans lequel il évoluera pour la première fois depuis la saison 2015-2016.
« C’est spécial la Ligue américaine. Tout le monde est en compétition mais en même temps, on est une équipe. Il faut y trouver un équilibre. Parfois, le succès d’équipe peut emmener du succès sur le plan personnel. Et les équipes cherchent des gagnants. Si tu peux gagner dans la LAH, ça peut t’aider plus tard dans la LNH. »
Le danger de l'excès de confiance
Les amateurs jugent souvent la Ligue américaine comme une ligue de calibre inférieur. Il est vrai que le niveau de jeu est largement supérieur dans la Ligue nationale, au niveau du talent individuel, collectif et surtout, au chapitre de l’exécution des moindres détails. Par contre, il est dangereux de penser qu’un séjour dans la Ligue américaine fera en sorte qu’un joueur qui a évolué « en haut » pendant quelques saisons deviendra tout à coup un joueur dominant « en bas ».
Karl Alzner est arrivé avec le Rocket depuis maintenant deux semaines. Il a disputé 5 matchs avec l’équipe, obtenant un but et une mention d’aide. Le vétéran de 681 matchs dans la LNH a rapidement compris qu’il avait plus de temps pour exécuter ses jeux dans ce circuit.
« Après mon premier match, j’ai compris que je n’avais pas à me débarasser de la rondelle. Je peux trouver un joueur et décocher une passe, ou patiner un peu. Au cours des dernières années c’était plutôt de bouger la rondelle le plus rapidement possible. Tu ne veux pas changer ton jeu trop drastiquement, mais plutôt t’adapter aux situations qui se présentent. »
Xavier Ouellet reconnaît également les différences entre les styles de la Ligue nationale et de la Ligue américaine.
« Tu as plus de temps, mais en même temps tu as moins d’options. C’est bizarre. Ce sera à moi d’être prêt à réagir et de garder les choses simples. »
C’est qu’avec la vitesse et la compréhension du jeu des joueurs dans la LNH, les choses se font de façon beaucoup plus systématique. Le jeu laisse très peu de place à l’interprétation. Un joueur se lève la tête et sait habituellement exactement où sera situé son coéquipier sur la patinoire. Au niveau de la Ligue américaine, les choses sont un peu moins précises, l’exécution n’est pas la même et cela peut compliquer une situation de jeu qui se dessinait de façon simple. Il est donc dangereux de se laisser emporter et de penser qu’on est soudainement un joueur que l’on ne pourrait être dans la Ligue nationale.
Mais une chose est certaine, les défenseurs qui se sont récemment greffés à la brigade du Rocket ont suffisamment d’expérience pour reconnaître les situations et s’y adapter en cours de match. On parle quand même d’un total de 1127 matchs pour le groupe de défenseurs qui sera en uniforme mercredi soir, contre les Senators !
Karl Alzner |
681 matchs |
Simon Després |
193 matchs |
Xavier Ouellet |
160 matchs |
Victor Mete |
72 matchs |
Brett Lernout |
21 matchs |
Maxime Lamarche |
Aucun match |
Joël Bouchard avoue qu’il mise beaucoup sur ce groupe de défenseurs et qu’il souhaite qu’ils deviennent « la colle » de cette équipe. Chose certaine, Simon Després a laissé une bonne impression dès son premier weekend, en marquant le but victorieux en prolongation, samedi dernier contre les Marlies, à Toronto. Xavier Ouellet a les atouts pour en faire autant.
« Play the right way »
À force de côtoyer de près Joël Bouchard pendant les matchs, on entend souvent l’expression « Play the right way » dans son discours à ses joueurs. Il martèle ce message avec intensité derrière le banc pour s’assurer que ses hommes respectent le plan de match et ne dévient pas de ce qui peut leur procurer du succès sur le plan collectif.
Encore une fois, Bouchard est limpide lorsque questionné sur le fait que le plan établi est exigeant pour ses joueurs, en attente de résultats positifs cette saison.
« Si c’était facile, tout le monde le ferait. On jouerait tous pour le Canadien, moi inclus, je reviendrais, mais c’est tough ! »
« Même si un gars marque 30 buts dans la Ligue américaine et joue comme un tout croche, ça va donner quoi dans la LNH? Absolument zéro. Il va monter une journée et redescendre le lendemain. Aucun gars ici ne sera une super vedette dans la LNH, d’autres équipes en ont, pas nous. Il faut les faire jouer de la bonne façon. Si c’est difficile ici, ce ne sera pas moins difficile à 15 minutes d’auto. »
L’entraîneur attend donc un effort constant de son groupe de joueurs dans la quête de résultats plus constants sur une base collective. Le Rocket disputera 13 de ses 16 prochains matchs à domicile et l’équipe doit commencer une séquence de victoires pour entretenir ses chances d’accéder aux séries éliminatoires. En ce 12 décembre, le Rocket tentera de signer sa 10e victoire de la saison. L’an dernier, la 10e victoire avait été acquise le 2 décembre, avec la fin qu’on connaît.
Il est donc à souhaiter que la quête de succès sur le plan personnel fera boule de neige et permettra à l’équipe de retrouver ses repères.