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RÉSULTATS

« La LNH, ce n'est pas une ligue de développement », affirme André Tourigny

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Jeudi soir, alors que ses Coyotes de l'Arizona s'apprêtaient à affronter les Canadiens, au petit Mullett Arena de Tempe, André Tourigny a piqué un brin de jasette avec les représentants de médias québécois sur place.
 

Bien sûr, il a été question de sa troupe, qui connaît un début de saison intéressant, mais la conversation a rapidement basculé vers le développement des joueurs. À ce sujet, Tourigny sait de quoi il parle; il est même une référence dans ce domaine.

Des rangs juniors, à la LNH, en passant par le programme de Hockey Canada, l'homme de 49 ans a croisé de nombreux joueurs aux parcours et aux niveaux différents dans sa carrière d'entraîneur.


Le plus récent jeune prodige avec lequel Tourigny a l'occasion de travailler se nomme Logan Cooley, sélectionné au 3e rang du repêchage de la LNH en 2022, deux rangs après Juraj Slafkovsky.


Cooley connaît un excellent départ à ses premiers pas dans la LNH, avec une récolte de 8 points en 10 matchs, dont une mention d'aide face au CH jeudi soir. La saison dernière, Cooley a peaufiné son développement en disputant une saison dans les rangs universitaires, avec l'Université du Minnesota. Il a inscrit 60 points en 39 matchs.

« Ç'a été bon pour lui, il a gagné en confiance et accompli de belles choses, souligne Tourigny. C'est important d'être patient avec les jeunes joueurs. Il a vécu de bonnes situations en jouant un rôle important dans des matchs de championnat, tant au Championnat mondial junior qu'au niveau universitaire. »


Évidemment, la comparaison vient facilement à l'esprit quand on oppose le développement de Cooley à celui de Slafkovsky. Sans que le nom du numéro 20 du Canadien ne soit mentionné, tout le monde l'avait en tête en abordant le sujet.

Slafkovsky n'a pas vécu les mêmes situations la saison dernière, puisqu'il est demeuré au niveau de la LNH.


Surnommé « The Bear », Tourigny n'a jamais eu la langue dans sa poche. Quand il est question de développement et de la façon de faire pour permettre à un jeune joueur d'évoluer dans une situation gagnante, il ne met pas de gants blancs.
 

« La LNH, ce n'est pas une ligue de développement. Si tu joues dans la LNH, c'est parce que tu es capable d'aider ton club à gagner, déclare le pilote des Coyotes. C'est une ligue professionnelle, les gens paient pour voir les joueurs et veulent assister à des performances. Il y a des ligues pour développer, de très bonnes ligues dans lesquelles j'ai évolué. Ici, on n'est pas dans l'essai-erreur. On est dans le « make it happen ».
 

Quand on parle de « make it happen », c'est ce que Cooley livre pour le moment, à ses premiers pas dans la LNH. Pendant ce temps, Slafkovsky peine à trouver son rythme. Contre les Coyotes, il a été privé d'un tir au but dans un 2e match de suite et il compte une mention d'aide en 10 matchs cette saison, obtenue lors du match d'ouverture, contre les Maple Leafs de Toronto.


Bien sûr, il est encore très tôt pour tirer des conclusions et le jeu des comparaisons est souvent un raccourci facile. On sait très bien que l'organisation des Canadiens a fait son choix en mesurant le potentiel de développement d'un joueur pour les 3, 4, 5 prochaines années.

Mais de voir Cooley obtenir des résultats rapidement, dès ses premiers matchs dans le circuit, alors que Slafkovsky tarde à produire au début de sa 2e saison, ramène le débat dans l'opinion publique sur la possibilité de céder le jeune homme au Rocket de Laval, pour lui permettre de gagner en confiance dans un niveau inférieur.


D'une organisation à l'autre, l'approche varie. Pendant que Cooley oeuvrait au niveau universitaire, en jouant un rôle de premier plan, Slafkovsky apprenait les rudiments du hockey professionnel dans la LNH, à 18 ans. Kent Hughes et Jeff Gorton ont misé sur une approche « hands on », sur le fait de garder le contrôle direct du développement de leur premier choix au total.

Martin St-Louis travaille au quotidien avec son poulain pour revoir avec lui des séquences de jeux sur des extraits vidéos. Adam Nicholas travaille aussi souvent avec « Slaf » avant les séances d'entraînement pour peaufiner des éléments sur le plan technique, que ce soit la possession de rondelle, la mécanique ou des exercices pour améliorer la vision du jeu.

Tout cela, dans le but de permettre à Slafkovsky de se sentir le plus confortable possible, au lieu de « survivre » en situations de jeu.


Sur ce point, André Tourigny a offert une réponse intéressante quant au fait d'être prêt à relever le défi dans la grande ligue, sur ce qui différencie un joueur qui est prêt d'un autre qui ne l'est pas.
 

« Quand un joueur n'est pas capable d'exécuter quelque chose qui représente normalement son rôle, sans être nerveux, c'est parce qu'il n'est pas rendu là. Continue à te développer et quand tu maîtriseras ta matière, tu pourras gravir les échelons un à la fois. Quand tu es dans la LNH et que tu as de la misère à faire des jeux, que tu es nerveux avec la rondelle, ou pas capable de dormir le soir parce que tu n'es pas content de ta performance, ce n'est pas une position pour se développer. La confiance est très importante pour le développement. »
 

Mercredi matin, à la veille du duel contre les Coyotes, Cole Caufield soulignait justement à quel point Slafkovsky est dur envers lui-même. Qu'il se met beaucoup de pression par rapport à sa performance. Évidemment, c'est dans la nature d'un athlète de haut niveau, mais la question se pose à savoir si le jeune homme est actuellement dans la meilleure situation pour gagner en confiance.


Les buts et les passes ne disent pas tout. St-Louis répète souvent qu'il souhaite voir Slafkovsky avoir de bonnes « touches » en possession de la rondelle. Qu'il rentre au banc satisfait de la présence qu'il vient d'effectuer, même s'il n'a pas inscrit son nom sur la feuille de pointage.

Sans le moindre tir au but dans les deux derniers matchs et avec une cohésion qui tarde à se développer aux côtés de Josh Anderson et d'Alex Newhook, il est clair que Slafkovsky n'est pas satisfait de son rendement et il sera intéressant de voir comment les choses se développeront pour le 2e mois du calendrier régulier et ainsi de suite.
 

Le retour au jeu de Christian Dvorak aidera St-Louis à remanier certains éléments de sa formation et pourrait permettre de composer de nouvelles combinaisons pour relancer Slafkovsky, mais aussi Anderson, qui n'a également pas encore marqué cette saison.
 

Tout cela, dans le but de voir plus régulièrement les qualités de Slafkovsky, qui ont convaincu les Canadiens de faire de lui le premier choix au total en 2022.

Pour que lui aussi puisse être dans le « make it happen » et que les bonnes choses lui arrivent.