Winnipeg - On assiste à un camp final d'évaluation bien différent des années antérieures ici à Winnipeg cette semaine. Personnellement j'en suis à mon 11e camp final, une affectation que j'adore mais qui en même temps me fait traverser des moments difficiles à chaque année.


Voir des jeunes joueurs, surtout les Québécois, être retranchés au fil des ans, à 6h30 du matin, n'est jamais facile vous en conviendrez. Recueillir leurs commentaires dans un lobby d'hôtel alors qu'ils viennent d'apprendre, peut être pour la première fois de leur vie, qu'ils ne font plus l'affaire n'est pas toujours évident. Je me souviens des larmes de certains dont je vais taire les noms, je me souviens des crises de d'autres, bref cette affectation là ne me laisse jamais indifférent.

Équipe Canada a toujours défendu sa façon de faire, qualifiée quelques fois d'inhumaine, en s'appuyant sur deux facteurs. Le premier, retourner le joueur retranché sur un avion le plus tôt possible à son équipe, le second, éviter qu'un joueur déçu ait une influence néfaste sur un groupe de joueurs qui s'affairent à construire un esprit d'équipe.

Ça devait être comme ça encore cette année, je dis bien « devait » car Brent Sutter ne veut rien savoir de cette façon de procéder. « J'ai joué 17 ans dans la LNH et je n'ai jamais rien vu de tel, il n'y aura pas de coupures à 6h00 le matin vous pouvez compter sur moi. Si nos joueurs qui restent ne sont pas capables de voir un autre quitter sans être affectés, on ne gagnera pas grand chose avec eux.»

Les dirigeants souhaitaient compter sur Sutter comme entraîneur-chef, ils doivent maintenant vivre avec ses méthodes bien à lui. En anglais on dit souvent « his way or the highway ».

Sutter a réduit d'une journée la durée du camp, les séances d'entraînement sont aussi plus courtes, mais très intenses, prend-t-il soin d'ajouter. Il ne faut pas non plus lui marcher sur le gros orteil lors de ses rencontres avec les journalistes. Il n'aime pas les questions qui portent sur la provenance des joueurs. Il ne veut rien savoir de parler de la semaine prochaine et des rivaux du tournoi, ne se contentant que de penser à la prochaine journée.

Et ne vous avisez pas de mettre en doute certaines de ses méthodes. Je me souviens aussi du pauvre journaliste d'une radio francophone de Winnipeg qui avait osé demander à Sutter si ses Rebels de Red Deer avaient été favorisés par l'arbitre en finale de la Coupe Memorial de mai 2001 contre les Foreurs de Val-d'or. La réponse n'avait pas tardé « Fu… you !»

Mais au fond Hockey Canada n'a pas embauché Sutter pour sourire aux médias mais bien pour qu'il mette en place une équipe qui montera sur la plus haute marche du podium le 4 janvier prochain. Pour l'instant, on ne sait pas si la « méthode Sutter » sera la bonne mais chose certaine, autant les dirigeants d'Équipe Canada que les représentants des médias sont en mode « ajustement ».

La bonne nouvelle, il paraît qu'on pourra dormir un peu plus tard cette année que par les années passées…
Merci Brent !