La Ligue de hockey junior majeur du Québec termine sa 39e saison d'existence et force est d'admettre que jamais elle n'aura fait autant parler d'elle qu'au cours des derniers jours. Certes, la publicité véhiculée par ce qui est maintenant convenu d'appeler « La bagarre du samedi Saint » n'a pas été très bonne pour le circuit et l'ensemble du hockey amateur, on en convient, mais il ne faut pas croire que les incidents du 22 mars dernier sont monnaies courantes dans le hockey junior comme ce que certains observateurs veulent le croire.

Des écarts de conduite, il y en a eu quelques fois et loin de moi l'idée de croire qu'il n'y en aura pas d'autres. Il ne faut pas défendre ce qui s'est passé à Saguenay il y a maintenant neuf jours, mais de la à croire qu'il faut une refonte complète du livre de règlements en matière de violence, il y a un pas qu'il ne faudrait peut être pas franchir trop rapidement.

Si Jonathan Roy ne traverse pas la patinoire pour s'en prendre à Bobby Nadeau, personne ne parle des cinq bagarres dans le coin de la patinoire. Au pire, il y aurait eu une mention dans les faits saillants du match d'une quinzaine de secondes et on serait passé à autre chose. Au lieu de cela « l'affaire Roy » est devenue la quatrième nouvelle la plus médiatisée des cinq dernières années au Québec. Certains réseaux de télévision (ils se reconnaissent), ont fait beaucoup de millage avec cette nouvelle. Ces mêmes réseaux ne daigneront même pas se déplacer lorsqu'on présentera la coupe du Président aux champions du circuit au début du mois de mai. On a tapé sur le clou pendant près de 72 heures au point de réveiller la ministre Courchesne, qui a profité de la situation pour partir en croisade contre la violence au hockey.

Madame Courchesne, on aura beau y aller d'une refonte complète du livre des règlements, il y aura d'autres incidents du même genre qui vont se produire quelque part à court ou à moyen terme. Pourtant si le fils du coach des Remparts demeure sagement accoté sur son filet pendant la mêlée à sa droite, au lieu de traverser la patinoire, nous n'en sommes pas là! Parce qu'un joueur commet une sottise il faut tout changer? Je ne crois pas. Qu'on donne des sanctions plus sévères pour les écarts de conduite comme celui de Jonathan Roy, c'est une chose, mais de la à tout changer ce qui se fait au hockey depuis toujours, il ne faudrait pas charrier. Hier, je regardais un match de la Ligue nationale sur un réseau anglophone. À un certain point, on parlait de toutes les blessures subies avec des coups de patins cette année. C'est vrai qu'il y en a eu beaucoup. Sourire en coin, un commentateur a demandé à ses comparses : «Doit-on bannir les patins du hockey?» C'était une boutade qui dénote bien comment on fait rire de nous présentement à la grandeur de l'Amérique du Nord avec cette croisade contre les bagarres.

Le festival des tables de concertation, des études, des comités ad hoc vont se succéder pour en arriver ou au juste? On ne saurait le dire. En ce moment on se demande si on doit bannir ou non les bagarres au hockey. Je peux vous certifier qu'au moins une trentaine de joueurs de la LHJMQ de petit gabarit vont devenir pas mal plus actifs et plus braves avec leurs bâtons s'ils savent qu'ils ne peuvent plus être dérangés par les joueurs plus imposants physiquement. Une bonne bagarre entre deux joueurs consentants, ça toujours fait partie du hockey. Une « niaiserie » à la Jonathan Roy, tout le monde est d'accord pour dire que ça n'avait pas sa raison d'être. Qu'est ce qu'il faut donc bannir? Poser la question c'est y répondre