La nouvelle réglementation visant à réduire la violence gratuite dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec est loin de faire l'unanimité. La semaine dernière, des recruteurs rencontrés à Saguenay laissaient sous-entendre que des collègues chercheurs de talents de l'Ontario et de l'Ouest du pays qualifiaient de plus en plus le circuit Courteau de « Little soft league », qu'on pourrait traduire par « hockey joué tout en douceur sans bagarres et sans virilité »

Hier après midi, à l'Auditorium de Verdun, à l'occasion du duel entre les Screaming Eagles du Cap-Breton et le Junior de Montréal, le vétéran recruteur Guy Lapointe du Wild du Minnesota est allé encore plus loin. À la suite de l'expulsion d'Angelo Esposito en première période après que ce dernier ait jeté les gants pour venger son coéquipier Luke Adam, qui venait d'essuyer une solide mise en échec, Lapointe a déclaré « Bientôt, on va leur mettre des tutus! » Il a même ajouté, avec son sens de l'humour habituel : « Coudonc est ce qu'on joue au basketball ou au hockey? » Lapointe disait tout haut ce que bien des observateurs pensent tout bas.

On veut bien enrayer la violence gratuite et les débordements, mais il ne faudrait quand même pas charrier. Samedi, Esposito a agi comme ça se fait depuis 100 ans au hockey. Il n'y avait rien de prémédité dans son geste. ll voulait juste faire savoir à son adversaire qu'on ne frappe pas un coéquipier dans le but de le blesser. Son rival a jeté les gants et les deux hommes ont réglé leur compte en 20 secondes. Toutefois comme Esposito a été jugé instigateur du combat par les arbitres, selon la nouvelle réglementation, il a été expulsé du match que son équipe a finalement perdu 3-2.

En discutant avec les nombreux recruteurs présents au match d'hier, (on surveillait le gardien des Eagles, Olivier Roy) il est évident que la LHJMQ perd des plumes aux yeux des dépisteurs avec cette politique antiviolence. Lorsque les équipes de la LNH chercheront des joueurs dans le but de les recruter comme futurs policiers, ce n'est pas au Québec qu'on va regarder. « On va les trouver ailleurs car si ça continue comme ça ici, il n'y en aura plus! » mentionne Lapointe, un membre du Temple de la Renommée du hockey.

Les propos de Lapointe et de certains autres recruteurs rejoignent ceux émis par Georges Laraque lors de la dernière finale de la coupe Stanley, qui s'en était pris ouvertement à la Ministre de l'éducation Michèle Courchesne. Laraque avait alors déclaré qu'on qualifierait la LHJMQ de « Ligue de danseuses de ballet de l'Est du Canada » si on enlevait les bagarres. Les bagarres n'ont pas été complètement abolies mais il n'en demeure pas moins qu'elles sont rendues presque inexistantes depuis le début de la saison.

En passant Laraque, qui est devenu un demi-dieu au Centre Bell en deux matchs, serait-il dans la LNH aujourd'hui si, à son époque, les mêmes règlements qu'aujourd'hui avaient été en vigueur dans la LHJMQ ? Poser la question c'est y répondre !