À quoi servent les premières demies dans ces huitièmes de finale? À s’observer, à faire tourner le ballon, à ne pas prendre de risque, à ne pas avoir d’idée et à se rendre, popote, à la deuxième demie. Jusqu’à maintenant, dans cinq des sept huitièmes de finale, le pointage était 0 à 0 à la mi-temps. Et quatre fois, la deuxième demie n’a servi à rien, sinon à nous faire filer vers d’inévitables prolongations. Et tout ça pour que le favori annoncé du match l’emporte. On pourrait peut-être commencer par les prolongations, histoire de profiter un peu du soleil qui brille dehors? Parce que sur le terrain, ça ne brille pas fort.

L’Argentine s’est amenée dans cette Coupe du monde comme l’une des grandes favorites de la compétition. Et qu’a-t-elle montré jusqu’ici? Trois courtes victoires par un but devant des équipes qu’elle aurait dû dominer sérieusement. Plan A : Lionel Messi et Angel Di Maria. Plan B : Angel Di Maria et Lionel Messi… Souvent en manque d’idées, l’Argentine n’est pas arrivée à se rassurer jusqu’ici.

Donc en première moitié de ce match Argentine-Suisse, rien d’étonnant si ce n’est le manque d’imagination de l’Argentine. Par contre, la Suisse arrive à se créer de belles occasions, les plus belles possiblement de ce premier quarante-cinq minutes, avec Xhaka et Berahmi. Et Drnic qui arrive seul devant Romero mais s’affole et tire trop vite. La deuxième moitié, un copié-collé de la première. L’Argentine n’arrive pas à trouver la combinaison du coffre-fort suisse. Chacun de ses tirs est sans fonds et aucun dépôt n’est accepté par le gardien suisse!

En deuxième demie, personne n’arrive à faire la différence. Et certainement que les entraîneurs se doutaient bien que ça allait se terminer en prolongation parce qu’au bout du temps réglementaire, l’Argentine avait encore deux changements possibles et la Suisse un. C’est ce qu’on appelle de la gestion. Mais les Helvètes sont vaillants et résistent aux poussées des Argentins qui, même si elles sont stériles, se font tout de même plus menaçantes.

Et alors qu’il ne reste presque plus rien au chrono, que la perspective des tirs de barrage est de plus en plus réelle, une montée de l’Argentine comme une vague de fond qui menace la côte. On la sent enfler, grossir et lorsqu’elle casse enfin Messi, qui a tous les yeux tournés vers lui, envoie à un Di Maria parfaitement placé qui reprend le ballon aussi parfaitement et marque le but qui casse les reins de la Suisse. C'est le plan A. Les coups de folie s’enchaînent dans le temps additionnel quand le gardien Bernaglio sort de son but pour monter à l’attaque et s’en suivra une tête de Dzemaili sur le poteau! Il ne peut maîtriser le retour et le ballon sort sur le côté. Puis Di Maria tente sa chance de loin dans un filet désert… oui, oui, comme au hockey… mais rate la cible! Oui, oui, comme au… Le dernier jeu du match sera un coup franc suisse tapé dans un mur qui aurait résisté à une attaque de bazooka.

Terrible résultat pour la Suisse qui cherchait une qualification en quart de finale depuis 1960. L’Argentine se qualifie certes, mais encore une fois sans avoir convaincu. Bien souvent les Suisses ont semblé plus frais sur le terrain, qu’en sera-t-il des Argentins samedi après s’être autant dépensés en vain?

La Suisse peut se retirer fièrement, comme le Mexique, comme l’Algérie. Des plus petites équipes qui ont bien failli réussir l’exploit face aux grands… Mais aujourd’hui, comme pour les autres, ce n’est pas ce qui la consolera.