ROME (AFP) - L'Italie a de nouveau été confrontée à la violence dans le soccer avec le décès d'un policier lors d'affrontements avec des supporteurs vendredi à Catane, moins d'une semaine après la mort d'un dirigeant d'un club amateur qui tentait de protéger ses joueurs de tifosi adverses.

Le commissaire extraordinaire de la Fédération italienne (FIGC), Luca Pancalli, a immédiatement annoncé la suspension de tous les matches de championnat du week-end, et ce de la 1re division jusqu'aux championnats amateurs.

Le match amical que la sélection italienne championne du monde devait livrer contre la Roumanie à Sienne (centre) mercredi a également été annulé, tout comme la rencontre des espoirs contre la Belgique mardi.

"Une journée (de Championnat), ce n'est pas suffisant. Sans mesures drastiques, on ne repart pas", a également déclaré Luca Pancalli, laissant entendre que l'arrêt des championnats pourrait durer plusieurs jours. Il a annoncé ensuite la tenue d'une réunion d'urgence avec le chef du gouvernement Romano Prodi, la ministre des Sports Giovanna Melandri et le ministre de l'Intérieur Giuliano Amato.

"Des enragés"

"J'aimerais qu'on ne reparte pas tant que l'on n'aura pas isolé ces enragés. Il s'agit de délinquance pure, ils ne devraient pas avoir accès au stade. Il faut donner des réponses sévères et fortes", a-t-il ajouté, huit mois après le scandale des matches truqués du Calcio qui avait déjà porté un coup dur au sport-roi en Italie et mené la Juventus Turin en 2e division.

Le policier âgé de 38 ans, Filippo Raciti, est décédé après avoir reçu un gros pétard lors d'affrontements entre forces de l'ordre et supporteurs de l'équipe de Catane en marge du match de la 22e journée de Serie A (1re division) contre Palerme.

Selon les premières informations, les heurts qui ont également fait des dizaines de blessés légers, se seraient produits hors du stade au moment où les supporteurs de Palerme entraient dans l'enceinte. Les affrontements auraient alors commencé entre forces de l'ordre et les ultras de Catane.

Lors de la seconde mi-temps, le match avait dû être interrompu pendant 30 minutes après des jets de fumigènes par des supporteurs et de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre.

Neuf supporteurs de Catane, dont quatre mineurs, ont été arrêtés à la suite des violences, mais elles ne seraient pas poursuivies pour la mort du policier, selon l'agence Ansa.

"Réfléchir"

Ironie de l'histoire, le match, remporté 2 à 1 par Palerme, avait été précédé d'une minute de silence en mémoire d'Ermanno Licursi, un dirigeant d'une équipe amateur décédé samedi dernier alors qu'il tentait de s'interposer entre ses joueurs de Sanmartinese, et les supporteurs du club adverse de Cancellese (Calabre, sud).

Le derby sicilien entre Catane et Palerme, prévu à l'origine dimanche à 14h00 GMT, avait été avancé à vendredi (17h00 GMT) pour des raisons de sécurité. Les autorités craignaient des affrontements entre supporteurs siciliens. Au match aller, des incidents avaient en effet émaillé le match qui se disputait à Palerme et avaient fait une cinquantaine de blessés.

Les violences dans les stades en marge des rencontres de football sont fréquentes en Italie. Quasiment chaque week-end, des blessés et des arrestations sont dénombrés, du niveau amateur jusqu'à l'élite du Championnat.

Le chef du gouvernement Romano Prodi a affirmé que "le sport" devait "s'arrêter et réfléchir", appuyant la décision de la FIGC: "C'est une décision juste (...), prise en signe de deuil mais qui représente aussi un avertissement pour le sport."

De son côté, le président de la République Giorgio Napolitano s'est dit "frappé par la gravité des incidents et par l'impressionnant nombre de blessés parmi les forces de l'ordre et les citoyens."