Section spéciale Coupe du monde

À chaque Coupe du Monde, qu’elle soit féminine ou masculine, certains athlètes se démarquent. Parfois ils ou elles ne font que confirmer ce qu’on savait déjà, parfois ils ou elles révèlent leur talent à la face du monde. Voici quelques joueuses qui seraient susceptibles de faire une différence pour leur équipe respective.

Regardons tout d’abord dans notre propre cour. Il y a Christine Sinclair bien sûr. La capitaine du Canada est l’une des meilleures joueuses au monde  et chasse un record qu’elle devrait normalement faire tomber dans cette édition de la Coupe du monde. Elle a déjà marqué 181 buts en carrière et n’est plus qu’à trois du record de 184 détenu par l’Américaine Abby Wambach. Figure de proue, porte-étendard, emblème de l’équipe canadienne depuis ses 19 ans, elle en aura 36 pendant le tournoi, celle qui a été nommée dix fois joueuse canadienne de l’année sera encore une fois une leader incontestable pour son équipe.

La relève viendra certainement du prodige de 18 ans, Jordyn Huitema. Produit des Whitecaps de Vancouver, elle vient de signer un contrat de quatre avec  le Paris-St-Germain qu’elle rejoindra après la Coupe du monde. En 2017, elle a été élue la joueuse la plus prometteuse des Whitecaps, en 2018, elle a été sacrée jeune joueuse de l’année au Canada. Elle fut la première à marquer chez les U17, les U20 et les séniors lors d’une même année civile. Devenue professionnelle à peine sortie de l’école secondaire, elle était capitaine de l’équipe qui a atteint la quatrième place de la Coupe du Monde U17 l’an dernier.

Dans les buts, le Canada pourra compter sur l’Albertaine Stéphanie Labbé qui en sera à sa troisième Coupe du monde, mais à sa première comme gardienne numéro un. L’expérience acquise au cours des années à fréquenter les vétérans comme Erin McLoed et Karina Leblanc lui a donné la maturité nécessaire pour affronter ce nouveau défi. Gardienne talentueuse sachant diriger la circulation devant elle et travailler avec sa défense, elle pourrait faire la différence dans les matchs serrés.

Puisque nous parlons de gardienne de but, soulignons la présence de Christiane Endler dans les filets du Chili. Avec l’équipe nationale depuis qu’elle est âgée de 15 ans, elle sera coéquipière de Huitema l’an prochain puisqu’elle évolue avec le Paris-St-Germain depuis 2017. Elle a d’ailleurs remporté le titre de gardienne de l’année en D1, décerné par les entraîneurs et autres gardiennes du championnat. Réputée pour être très solide lors des séances de tirs au but, Endler sera la pierre d’assise de son équipe.

Dans les petits pots les meilleurs onguents, dit le dicton populaire. C’est ce que tend à prouver Fran Kirby de l’Angleterre, l’une des plus petites joueuses de la compétition à 1m58, soit 5 pieds et 2. Explosive, créative, l’attaquante qui aura 26 ans au cours du tournoi a dû surmonter un drame dans son adolescence pour devenir la joueuse forte d’aujourd’hui. Alors qu’elle n’était âgée que de 14 ans, elle a perdu sa mère victime d’une hémorragie cérébrale. Après deux ans d’absence sur les terrains, elle est revenue au jeu, déterminée à dédier sa carrière de footballeuse à sa mère. Élue joueuse de la saison 2017-2018 par l’association professionnelle de football en Angleterre, elle aura à cœur d’aller jusqu’au bout de cette Coupe du monde, elle qui n’a pas pu participer aux derniers matchs de son équipe en 2015 à cause d’une blessure.

Que ce soit sur ou hors du terrain, Alex Morgan des États-Unis sera sans aucun doute l’une des vedettes de cette Coupe du monde. Auteure (je haïs « autrice » ) de 101 buts en 162 présences avec l’équipe nationale depuis ses débuts en 2010, elle a été la meilleure buteuse de l’équipe en 2018 avec 18 buts en 20 matchs et marqué 7 buts lors du seul tournoi Concacaf. Élue joueuse de l’année aux États-Unis en 2018, elle est aussi celle qui a la plus forte image marketing depuis Mia Hamm. Porte-couleurs de Coca-cola, Nike, Secret, athlète sur la jaquette du jeu vidéo FIFA 2018 aux côtés de Lionel Messi, vedette d’Instagram avec près de six millions d’abonnés, apparition éclair dans un épisode des Simpsons en 2015, elle a été identifiée comme l’une des dix personnes les plus influentes par Times magazine. À elle maintenant de transférer cette influence sur le jeu.

On ne peut faire un semblable palmarès et oublier Marta, la célèbre Brésilienne. Élue six fois joueuse de l’année FIFA, détentrice du record de buts en Coupe du monde avec 15, elle est la première femme à avoir son empreinte de pied au « Hall of fame » du stade Maracana à Rio. Découverte à 14 ans alors qu’elle jouait dans des clubs de garçons, elle a fait une carrière remarquable et en sera à sa cinquième participation à la Coupe du Monde. Détentrice du soulier d’or et du ballon d’or de l’édition 2007, elle suscite quelques inquiétudes pour cette année, à cause d’une blessure subie à la cuisse gauche à l’entraînement la semaine dernière.

Le Nigéria pourra compter sur une attaquante redoutable avec Asisat Ohoala, détentrice du ballon d’or et du soulier d’or de la Coupe du monde U20 de 2014. Meilleure joueuse africaine en 2014, 2016 et 2017. Prêtée au Barcelone par son club de Chine, elle a aidé le club à atteindre la finale de la Ligue des champions en marquant huit buts en 11 matchs. Elle a maintenant signé un contrat de trois ans avec l’équipe catalane. Ses parents, qui évoluent dans le monde de la mode et de l’or, espéraient que leur fille emboîte leurs pas. Elle a plutôt décidé de tracer son chemin sur les terrains de football et veut servir d’inspiration aux jeunes qui aimeraient suivre leurs rêves. Elle a ainsi ouvert un programme de sport-études consacré au football au Nigéria, où les jeunes peuvent s’entraîner après l’école en étant épaulés par un entraîneur professionnel.

L’Allemande Dzsenifer Marozsan a certes gagné sa place dans l’équipe alors qu’elle a dû surmonter une embolie pulmonaire qui l’a privée de jeu durant plusieurs mois l’an dernier. Elle a retrouvé sa forme et son mordant, elle qui fut la plus jeune joueuse à rejoindre les rangs de la Bundesliga alors qu’elle n’avait pas encore 15 ans. Championne de France et de la Ligue des champions avec l’Olympique lyonnais, elle a été consacrée meilleure joueuse de France ces deux dernières années.

Véritable métronome au milieu du terrain de l’équipe de France, Amandine Henry est considérée comme l’une des meilleures au monde à son poste. Elle est aussi une survivante, ayant subi une greffe de cartilage audacieuse au genou en 2008. À l’écart du terrain pendant un an et demi, elle a surpris la science et ses médecins en revenant au jeu à son plus haut niveau. Onze championnats de France, six Coupes de France, cinq titres de Ligue des champions, un titre américain avec les Thorns de Portland durant une escapade d’une saison en 2017 avant qu’elle ne revienne avec l’Olympique lyonnais, son club de toujours. Sacrée deuxième meilleure joueuse de la Coupe du monde 2015, ses talents de récupératrice et de meneuse de jeu seront encore une fois précieux pour les Bleues.

Ce ne sont là que quelques-unes des joueuses qui vont nous en mettre plein la vue durant le prochain mois. J’aurais aussi pu parler de Lieke Martens des Pays-Bas, meilleure joueuse FIFA 2017, de la Néo-Zélandaise Ali Riley, l’une des plus expérimentées de cette édition de la Coupe du monde, de Jody Brown de la Jamaïque, meilleure jeune joueuse du tournoi U20 de la Concacaf, de l’attaquante chinoise Li Yin déterminante lors de la qualification de son équipe avec 7 buts en 5 matchs, mais on avait dix joueuses à surveiller… Bonne Coupe du monde à vous!