LONDRES, Royaume-Uni - En nommant lundi et jusqu'à la fin de la saison l'Allemand Ralf Rangnick, entraîneur réputé pour ses conceptions tactiques très arrêtées et son exigence, Manchester United joue la carte de l'électrochoc pour réveiller un groupe apathique et distancé en championnat.

Le technicien allemand de 63 ans, jusqu'à présent directeur sportif du Lokomotiv Moscou, officiera sur le banc des Red Devils jusqu'à la fin de la saison en remplacement d'Ole Gunnar Solskjaer, limogé il y a huit jours, a annoncé le club mancunien dans un communiqué.

Il occupera ensuite un rôle de « conseiller lors des deux saisons suivantes », a précisé United qui espère avec cette nomination relancer une équipe seulement huitième de Premier League, à 12 points du leader Chelsea.

Le court intérim exercé par Michael Carrick, un des adjoints d'Ole Gunnar Solskjaer, a toutefois permis d'assurer la qualification en huitièmes de finale de Ligue des champions et de ramener un point de chez le leader Chelsea (1-1).

« Père spirituel » de Klopp et Tuchel

Mais le jeu frileux adopté par les Red Devils pour se rassurer ne sera certainement pas celui que voudra imposer Rangnick.

Présenté lundi par le directeur du football de Manchester United, John Murtough, comme « l'un des entraîneurs les plus respectés et innovateurs du football européen », il est vu comme un « père spirituel » pour ses compatriotes Jürgen Klopp et Thomas Tuchel.

« Il est l'un des meilleurs, sinon le meilleur coach allemand », avait dit de lui le charismatique entraîneur de Liverpool.

On rêve à Old Trafford d'un destin à la Chelsea, où l'arrivée de Tuchel, tout juste limogé par le Paris SG, avait fait d'une équipe à la lutte pour les places européennes un champion d'Europe moins de six mois plus tard.

Une trajectoire qui s'était dessinée grâce à des décisions fortes, au risque de bousculer certaines habitudes bien en place. Ce que Rangnick, habitué à dicter sa volonté plus largement que sur les seuls terrains d'entraînement ou de match, n'hésitera sans doute pas à faire.

Le statut de certains joueurs pourrait évoluer significativement avec l'arrivée de l'Allemand, à commencer par celui de Cristiano Ronaldo, plusieurs fois décisif cette saison déjà, mais qui semble mal adapté au jeu prôné par le nouvel homme fort du club.

Reste à savoir également comment il gèrera un vestiaire qui compte bien d'autres stars que « CR7 ».

L'homme du RB Leipzig

L'Allemand a jusqu'à présent montré ses immenses qualités avec des équipes jeunes, sans vedettes, à qui il pouvait inculquer son style de football: pressing permanent et contre-attaque verticale ultra-rapide, sans souci de possession.

Après une longue carrière d'entraîneur, qui l'a notamment vu passer par Stuttgart, Hanovre, Schalke et Hoffenheim, Rangnick a été le grand architecte de la réussite du RB Leipzig: arrivé au club en 2015, il l'a fait monter en première division dès sa première saison.

Nommé directeur sportif, il a cédé la place sur le banc à l'Autrichien Ralph Hasenhüttl – actuellement à la tête de Southampton – pendant deux saisons.

Mais c'est lui qui avait mis en place la politique de recrutement de joueurs de moins de 25 ans uniquement, et qui a piloté l'arrivée du RB au plus haut niveau, au point de faire de l'équipe de Red Bull la troisième force du football allemand derrière le Bayern Munich et Dortmund.

Redevenu entraîneur pour une saison en 2018-2019, il a conduit les « Taureaux Rouges » en finale de la coupe d'Allemagne et à la troisième place de la Bundesliga.

Théoricien du jeu, il fait partie, avec l'ancien sélectionneur Joachim Löw, des hommes qui ont révolutionné le football allemand au XXIe siècle, en donnant la priorité à la vitesse sur la force, et en privilégiant le jeu de transition au détriment du jeu de position.

« L'équipe est pleine de talents et présente un excellent équilibre entre jeunesse et expérience », a réagi Ralf Rangnick, sur le site du club.

« Tous mes efforts au cours des six prochains mois seront consacrés à aider ces joueurs à réaliser leur potentiel, à la fois individuellement et, surtout, en tant qu'équipe », a espéré le tout nouvel entraîneur mancunien.