Section spéciale : 2020, plus jamais les mêmes

De toutes les équipes professionnelles canadiennes, il y en a quatre en particulier pour qui 2020 aura représenté un défi colossal, soit les Blue Jays de Toronto du Baseball majeur et les trois équipes canadiennes de la MLS : les Whitecaps de Vancouver, le Toronto FC et l'Impact de Montréal.

 

Après un camp d'entraînement estival à Toronto, les Blue Jays se sont promenés aux quatre coins des États-Unis de juillet à octobre. L'équipe sans domicile fixe (à part celui établi temporairement à Buffalo dans un stade des ligues mineures) est parvenue à se qualifier pour les éliminatoires, dans le nouveau format adapté, ce qui constitue néanmoins un exploit.

Mais ce qu'ont vécu les trois équipes canadiennes de la MLS donne le vertige. Depuis la mi-mars, les joueurs et le personnel de chacune de ces équipes ont vécu l'attente née d’incertitude. À la merci des contraintes sanitaires et des fermetures de frontières entre le Canada et les États-Unis, les trois équipes au nord du 49e parallèle ont traversé une année exceptionnelle, où les différents scénarios se sont succédé les uns aux autres. En juillet, ce fut l'isolement dans la bulle à Orlando pour le tournoi MLS is Back, suivi du retour au pays en isolement. Il y a eu par la suite le tournoi canadien, avec l'autorisation de la présence d'une poignée de spectateurs, au beau milieu d'un mouvement de grève d'athlètes en lien avec le Black Lives Matters. Enfin, cette conclusion de saison régulière aux États-Unis dans un autre domicile.

 

Pour l'Impact et le Toronto FC, l'essoufflement s'est manifesté avec un bref passage d'un seul match éliminatoire; une déception pour le TFC, finaliste en 2019, mais un exploit pour l'Impact, avec le nouvel entraîneur Thierry Henry. Et ce n'est pas terminé pour l'IMFC qui doit poursuivre son championnat de la Ligue des champions de la CONCACAF, qui avait mis en suspens en mars. Pensez-y : une saison de 11 mois, en pleine pandémie! Une période interminable où plusieurs auront vécu loin de leurs proches.

 

Le président de l'Impact, Kevin Gilmore, parle d'une année très difficile. « On devait inventer au fur et à mesure. » 

 

Entrevue avec Kevin Gilmore, président de l'Impact

 

Si l'expérience humaine de congédier du personnel a été éprouvante, le plus difficile a été de se tenir constamment sur un pied d'alerte. « On dépendait des décisions prises au niveau gouvernemental fédéral et provincial. On attendait des réponses. On avait un plan A, un plan B, un plan C et un plan D. Il fallait être prêt à mettre ces quatre plans en marche. Mais on devait attendre et quand la décision arrivait, tout d'un coup on devait réagir et mettre le plan en place. »

 

La force de la famille

 

Malgré l'incertitude, Kevin Gilmore savait qu'il pouvait compter sur un propriétaire solide. « L'Impact a un propriétaire qui n'a jamais hésité à investir dans ce club malgré les pertes qu'il subissait à chaque année et malgré les pertes plus importantes cette année. La pandémie ne change pas la vision de la ligue ni de ce propriétaire. »

 

Il faut dire que Joey Saputo en a vu d'autres, depuis la fondation de l'Impact en 1992. « Les propriétaires ont démontré qu'ils veulent rester qu'ils veulent continuer », affirme l'ancien vice-président Richard Legendre. « Ils ont eu l'occasion de lâcher prise et non ce n'est pas le cas. »

 

En plus de la solidité du propriétaire, la MLS inspire la même confiance, elle qui a le vent dans les voiles. Aussi pénible que 2020 a pu être, dans quelques années, elle risque que de n'être qu'un triste contretemps pour la MLS. « Les propriétaires d'équipes de la MLS ont une vision qui est plus grande qu'un horizon d'une ou deux années » soutient Greg Sutton, l'ancien gardien de l'Impact, devenu analyste à TSN.  « Je crois que la MLS va bien s'en tirer. »

 

« Si cette situation s'était présentée il y a 10 ou 15 ans, ça aurait peut-être sonné la fin de la ligue », croit Kevin Gilmore. « La ligue va dans la bonne direction. Je n’ai aucun doute que la MLS va se positionner comme une des meilleures ligues de soccer au monde. »

 

Le président de l'Impact est aussi très optimiste à propos du rendement du club. « Ce qui est important c'est soit le succès ou l'espoir de succès. Si l'on n’a pas l'un ou l'autre, c'est très difficile de gérer une entreprise sportive. Je regarde l'année 2020 comme le début de l'espoir du succès long terme. L'idée c'est d'avoir une équipe qui est compétitive à chaque année. Je suis satisfait de la direction où l’on s'en va, parce que je vois que les morceaux que l'on ajoute s’insèrent bien dans cette philosophie à long terme. »

 

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