Section spéciale : 2020, plus jamais les mêmes

« Les ailes ont été coupées » : Cette image utilisée par le président des Alouettes de Montréal, Mario Cecchini, est à la fois percutante et fort à propos.

 

Rencontré au centre-ville de Montréal, où les cônes oranges sont plus nombreux que les passants masqués, dans les bureaux désert des Alouettes, où le courrier s'empile et où les plantes fanent, Mario Cecchini aurait souhaité une première année en fonction plus normale. Cette année était remplie d'espoirs, après les premières étincelles crées par le quart Vernon Adams en 2019, la venue de nouveaux propriétaires en Sid Spiegel et Gary Stern, l'arrivée longtemps souhaitée de Danny Maciocia au poste de directeur général, et une volonté palpable des Alouettes (et non plus les Als) de refléter la communauté francophone. Comme il l'explique dans l'entrevue ci-dessous, Cecchini a plutôt été contraint à gérer une période éprouvante, où l'équipe administrative est passée de 49 à 30 personnes en raison de la pandémie et la restructuration de l'équipe.
 

Entrevue avec Mario Cecchini

Sur une étagère du bureau du nouveau président, on y retrouve plusieurs casques d'époque des Alouettes, ainsi qu'une figurine de John Bowman. Le joueur vétéran et le nouveau président se sont parlés régulièrement au cours des derniers mois. Bowman tentait de trouver des solutions pour la réalisation de la bulle qui n'a jamais vu le jour en Saskatchewan. Un échec, un gâchis qui laisse un goût amer pour les joueurs.

 

Ce sentiment de vide s'est particulièrement fait sentir la semaine dernière, une semaine où auraient dû se tenir les célébrations de la Coupe Grey. Comme le fait remarquer mon collègue Didier Ormejuste, en cet automne 2020 sans LNH ni NBA, la Ligue canadienne de football aurait pu profiter d'une vitrine exceptionnelle. Mais selon lui, le commissaire Randy Ambrosie a failli à la tâche. « C'est un manque complet de leadership. »

 

Entrevue avec Didier Orméjuste

 

L'ancien joueur Marc-Olivier Brouillette fait partie de ceux qui estiment que la relation entre l'actuel commissaire et les joueurs a franchi le point de non-retour. « Le lien de confiance avec les joueurs a été complètement brisé », estime celui qui est devenu avocat. « J'espère que mes commentaires et tout ce qui a été discuté dans les médias au cours des derniers mois se sont rendus jusqu'aux propriétaires et qu'eux réalisent qu'Il faut un changement. » 

 

Entrevue avec Marc-Olivier Brouillette


Mario Cecchini a bien entendu les propos de Marc-Olivier Brouillette. Malgré les erreurs de Randy Ambrosie, particulièrement au printemps dernier lorsqu'il a échoué dans sa campagne aux allures improvisées pour obtenir une aide financière du gouvernement fédéral, la LCF doit maintenant regarder vers l'avant, avec l'actuel commissaire selon le président des Alouettes. « Randy a admis lui-même qu'il y a des choses qu'il aurait fait différemment, notemment avec les joueurs », explique Cecchini. « Mais c'est fait et on regarde par en avant. »

 

L'agent de joueurs de la Ligue canadienne, Sasha Ghavami, fait partie du groupe des gens inquiets pour l'avenir du circuit. En fait, il n'est pas encore rassuré pour la tenue d'une saison 2021. Il plaide pour des changements, une meilleure collaboration entre la ligue et les joueurs, et il fait surtout preuve d'une grande lucidité à propos des concessions que les joueurs devront faire.

 

Entrevue avec Sasha Ghavami


Mais, comme il l'explique en entrevue, ces éventuels sacrifices supplémentaires des joueurs devront être présentés avec un plan concret de la part de la Ligue. « Est-ce que ça implique des baisses de salaire? Potentiellement! Est-ce que ça implique des contrats à la baisse? Potentiellement! On comprend qu'il y a des pertes de revenus. Mais j'aimerais voir un plan pour voir comment on récupère les revenus. Comment on peut faire croître la ligue. » 

 

Pour sa part l'ancien président des Alouettes Mark Weightman n'est pas trop inquiet pour l'avenir des Alouettes, mais il concède que l'organisation fait encore face à de grands défis. « Les racines du football au Québec sont très profondes. Le nerf de la guerre pour toutes les organisations au Québec, sauf le Canadien de Montréal, c'est d'être 'top of mind', que les gens ne nous oublient pas. Je pense que les Alouettes vont bien le faire, c'est juste qu'ils ont juste un défi de plus avec la COVID. » Voyez l'entrevue de Mark Weightman ci-dessous.
 

Entrevue avec Mark Weightman
Plus jamais les mêmes : un fiasco dans la LCF