Pour un club aussi tourmenté que l’Impact de Montréal l’est cette année, difficile de trouver des points négatifs à l’annonce imminente de la mise sous contrat du milieu de terrain québécois Samuel Piette. Dans l’immédiat, l’arrivée de Piette réanimera la compétition pour les postes de milieu de terrain. Un besoin plus grand qu’on ne pourrait le penser pour une équipe qui se fait souvent dominer. À plus long terme, l’acquisition du joueur de 22 ans se veut un désir de stabilité pour l’organisation, tant sur le terrain qu’en dehors.

Piette n’est pas un sauveur. Que ce soit clair avant qu’on ne se laisse aller à de la surenchère quant à l’ampleur que peut prendre cette signature. Parlons, sans tout de suite essayer de le mesurer, d’un pas dans la bonne direction pour un club qui a grand besoin de s’appuyer sur une base solide pour arriver à se relancer.

À quoi s’attendre, donc, d’un milieu défensif s’étant illustré de si belle façon à la Gold Cup avec l’équipe nationale canadienne? Une fois qu’il sera officiellement membre du Bleu-blanc-noir, on peut supposer que Piette luttera pour le poste qu’occupe actuellement Marco Donadel dans le schéma privilégié par Mauro Biello. En terme de caractéristiques, c’est la position pour laquelle il semble le mieux outillé et justement celle où il évoluait avec le Canada.

Il s’agit d’un joueur combattif et doué en possession du ballon. Dans le dernier mois, lors du tournoi continental de la Concacaf, Piette a compilé une moyenne de passes réussies de 92% tout en gagnant 63% de ses duels. Pas le plus grand (1m71), ni le plus rapide, le joueur originaire de Le Gardeur possède toutefois un très bon sens de l’anticipation, comme sa moyenne de 9 interceptions/match lors de la même période le démontre.

Comme on le disait d’entrée, un peu de concurrence ne peut faire de mal à un effectif qui a besoin d’être secoué. Il reste toutefois à voir si Biello n’est pas plutôt tenté par un dispositif qui ferait de la place à tous ses éléments les plus performants. Y a-t-il une compatibilité possible entre Piette et Marco Donadel, lequel n’a pratiquement jamais atteint le même rendement quand il évolue en tandem en tant que milieu défensif? À défaut d’opter unilatéralement pour l’un ou pour l’autre, voilà le genre de problème tactique qu’on pourrait avoir à régler.

Des modèles à suivre en MLS

Autant Piette a convaincu par ses prestations à la Gold Cup, autant il faudra lui donner le temps pour s’habituer à ses nouveaux coéquipiers et aux particularités de la MLS. Or, ce qui semble certain, c’est que l’Impact pourra miser sur un élément très motivé à l’idée de jouer devant les siens. Et en dehors du terrain, il ne fait aucun doute qu’il deviendra un visage local de plus auquel les partisans pourront s’identifier. Éventuellement, il représente également une sorte de remplaçant pour Patrice Bernier, en terme de présence dans les médias.

Mais pour revenir à son apport sur la pelouse, à plus long terme, et avec une courbe d’apprentissage relativement modeste, l'Impact est en droit d’espérer que Samuel Piette joue un rôle comparable à celui d’un Wil Trapp à Columbus. En terme de profil, les deux joueurs se ressemblent. Trapp est un milieu américain âgé de 24 ans, qui en est toutefois à sa cinquième saison en MLS. Il faut aussi comprendre que le Crew est une équipe qui s’est montrée plus apte à gérer la possession du ballon, ce qui met en valeur les qualités de Trapp. Or, malgré la morosité des dernières semaines, l’Impact n’est pas à des années-lumière du club de l’Ohio et Piette a accumulé assez d’expérience en équipe nationale pour s’imposer comme Trapp arrive à le faire dans un match du circuit Garber.

En étant un peu plus ambitieux, une autre belle cible à atteindre pour Piette serait d’imiter ce qu’un Dax McCarty arrive à accomplir pour le Fire de Chicago - ce qu’il faisait déjà dans les dernières années au New Jersey avec les Taureaux…

McCarty peut passer dans l’ombre de Bastian Schweinsteiger avec le Fire, mais sa contribution est essentielle au succès d’un club qui n’allait nulle part depuis quelques saisons. On en trouve un bon résumé ici. D’ailleurs, sa complicité avec l’international allemand pourrait servir de modèle à celle dont l’Impact aurait besoin entre Piette et des coéquipiers comme Patrice Bernier ou Blerim Dzemaili. Si Piette prend des allures de McCarty, on pourra dire que l’Impact aura réussi…

Voilà toutefois un idéal qui s’approche dangereusement de la surenchère dont je me méfiais en début de chronique. Comme le dirait Mauro Biello en mêlée de presse, il importe de rester sur terre et d’avancer à petits pas. La patience sera donc de rigueur. Après tout, on parle d’un joueur qui n’a encore que 22 ans. Mais quand le potentiel et la motivation sont là…