Il paraît qu’ils étaient des centaines à attendre l’Impact de pied ferme au stade d’Alajuelense alors que le onze montréalais avait prévu s’y entraîner dimanche après-midi. Le ralliement, pas si improvisé que ça finalement, visait sans doute à intimider les joueurs du bleu-blanc-noir avant même le coup d’envoi du match de mardi. Un coup à l’eau, dirait-on s’il s’agissait d’une partie de Battleship. 

Or, on ignore si le plan de match de Klopas sera aussi bien ficelé, mais il y a lieu de saluer le bon sens de l’anticipation des gérants de l’Impact qui ont sagement choisi d’opter pour un autre terrain, question de s’entraîner en toute intimité. Même les médias montréalais* n’étaient pas invités!

Tel que c’était le cas à Pachuca, la préparation de cette nouvelle étape de Ligue des Champions mérite d’être qualifiée de méticuleuse. Mais le gros de la bataille reste à venir avant qu’on entende le fameux: touché, coulé ! Et on s’attend à ce que ce soit toute une tempête à traverser. Car ils seront des milliers, entassés dans les gradins du Stade Alejandro Morera Soto, à souhaiter une remontée

Sur papier, on connaît déjà assez bien les forces en présence pour cet affrontement retour. Bien qu’Alajuelense se soit incliné en championnat local samedi (3-1), dans l’alignement des Manudos, rares étaient les joueurs qui sont susceptibles d’entamer le match de mardi. « Il n’y avait qu’un seul des partants », selon les dires d’Adam Braz que la télévision locale a montré à quelque reprises pour signaler aux auditeurs que l’ennemi était arrivé sur la côte riche. Un message qui semble avoir été entendu par la population locale. « C’est une bonne équipe, l’Impact, mais avec l’ambiance et un stade rempli, Alajuelense n’est pas le même club », jurait lundi soir un revendeur de billets déçu de ne pas trouver preneur parmi les reporters montréalais. 

Passer de la parole aux actes

En entrevue avant le match tant attendu, on sentait déjà les Montréalais fébriles en raison de l’importance du rendez-vous. Prenez Dilly Duka, qui ne pouvait s’empêcher de fermer les yeux en soupirant que ce n’était pas la peine de lui rappeler l’envergure de la rencontre pour l’histoire du club. Celui qui a marqué deux fois à Pachuca devrait être en mesure de contribuer après avoir récupéré d’une blessure à la cuisse subie lors du match aller. 

Dilly DukaSource: Vincent Éthier
Légende: Dilly Duka avec Toia en arrière-plan

Si ce n’est pas le cas, il ne serait pas étonnant que Klopas ait envie d’utiliser Maxim Tissot, lui qui est toujours aussi fringuant et qui semble avoir gagné en maturité cette année. Tissot peut jouer comme ailier mais également comme défenseur latéral gauche, ce qui renforcerait le flanc occupé par Donny Toia. Malgré le valeureux discours des joueurs qui déclarent être venus ici pour gagner, on s’attend à devoir absorber beaucoup de pression en début de rencontre à Alajuelense.

« Près de la moitié de leurs buts sont marqués dans les 30 premières minutes, avançait Braz. » C’est donc dire que l’Impact se doit absolument de connaître un bon départ. On connaît déjà les dangers posés par Ortiz, Venegas ou McDonald, mais il sera important de remporter les premiers duels de la rencontre pour ne pas conférer un quelconque avantage aux attaquants d’Alajuelense. Bref, sur le plan mental, les Montréalais devront demeurer sereins, peu importe les circonstances. Et à plus forte raison s’ils accordent un but susceptible de galvaniser le 12ème joueur des Ticos.

3 Clés du match à Alajuelense:

    • Démontrer suffisamment d’intensité pour contrer 11 adversaires et le 12ème joueur manudo

    • Profiter des espaces abandonnés par Alajuelense pour lancer les contres de Piatti, Duka et Oduro

    • Pas de menace imminente sur jeux arrêtés… Une soirée pour tester la Loi de Murphy?

Les chances de l’Impact de ne pas céder à la panique sont toutefois meilleures qu’à l’époque de la regrettable débâcle à Santos Laguna. « Nous avons des joueurs d’expérience qui savent faire face à ce genre de situation », confiait un Evan Bush qui devrait être plus sollicité qu’au Stade Olympique, où il n’avait fait face qu’à un seul tir. Côté expérience, on pense évidemment à Laurent Ciman et Bakary Soumare. Une paire centrale de costauds, qui auraient intérêt à se méfier des contacts dans la surface de réparation... 

Pour empêcher la remontée, il sera impératif de casser le rythme de l’adversaire, voire de commettre une faute quand c’est nécessaire - en dehors de la surface, s’entend... Dans le contexte, on parle de gestes déterminants, surtout à des moments où l’on est en voie de perdre l’ascendant. Dans le cas d’un gardien, il importe de savoir temporiser une situation précaire, par exemple après une occasion dangereuse des rivaux. « Ce n’est pas évident de prendre son temps avec les coureurs de ballons locaux. Il y aura toujours de la pression de remettre le ballon en jeu rapidement. » 

Jouer sur les nerfs du public manudo en prenant son temps est certainement une arme à double tranchant. Il est à souhaiter que l’Impact et son gardien soient assez préparés pour en passer une petite vite à Alajuelense.

* Précision : L'entraînement se déroulait à huis-clos après les 15 premières minutes.