MONTRÉAL – On n’est probablement pas très loin de la vérité si on affirme que Kyle Fisher était considéré comme le dernier recours de Mauro Biello dans le lot de défenseurs centraux de l’Impact lorsque le camp d’entraînement s’est mis en branle au mois de février. Cinq mois plus tard, alors que la saison est à moitié consumée, le jeune Américain semble devenu un partant indélogeable aux côtés de Laurent Ciman.

Mercredi à Houston, Fisher obtiendra son dixième départ de la saison. Il n’a pas quitté le terrain depuis qu’on l’y a envoyé pour fermer un match à Philadelphie, fin avril, après qu’Hassoun Camara soit tombé au combat. Et à la lumière de ses performances, il faudra se lever tôt pour lui ravir sa place.

« J’étais nouveau ici au début de la saison, alors j’ignore quelles étaient les attentes à son endroit à ce moment, avance le défenseur Chris Duvall. Mais je peux dire que le joueur qu’il est aujourd’hui est très différent du gars que j’ai rencontré en janvier. Il est incroyable. La ténacité et la hargne qu’il apporte à cette équipe est remarquable. »

Choix de première ronde de l’Impact en 2016, Fisher a amorcé la campagne au même endroit où il avait terminé son année recrue : sur le banc. Mais les ennuis de santé de Camara et Victor Cabrera combinés aux ennuis de Wandrille Lefèvre à l’extérieur du terrain lui ont ouvert une porte qu’il a depuis refermée derrière lui et verrouillée à double tour.

Mauro Biello, qui avait été impressionné par le sérieux du jeune homme lorsque les dirigeants de l’Impact l’avaient convoqué en entrevue avant le repêchage, n’est pas surpris de l’avoir vu saisir son occasion avec autant de poigne.

« Depuis un an et demi, il a fait tout ce qu’il devait faire au niveau de sa préparation. Il a toujours été concentré sur ce qu’il pouvait contrôler et maintenant ça se voit dans son travail, observe l’entraîneur-chef montréalais. Ce n’est pas quand un joueur obtient sa chance qu’on voit s’il est prêt, c’est dans tout le travail qu’il va faire avant. Kyle est un gars qui regarde du vidéo, qui est attentif, qui pose des questions. Tout ça l’a préparé pour le moment où sa chance est arrivée. »

Lorsque Fisher est arrivé dans le onze partant, Ciman a vite fait de remarquer cette ouverture, cette réceptivité et cette assiduité pour lesquelles était réputé son nouveau partenaire.

« Je lui parle beaucoup, je le coach beaucoup et il écoute beaucoup, résume le vétéran belge. Ça facilite les choses parce que je lui ai dit comment je jouais et il m’a dit comment il jouait et à partir de ce moment-là, on arrive à bien s’entendre sur le terrain. On trouve les automatismes et comme je vous l’avais dit au début, plus je vais jouer avec lui, plus on va se connaître et mieux ça va aller. C’est le cas maintenant. On arrive à un point où on n’a pas besoin de se parler pour savoir ce que l’autre va faire et ça, c’est important. »

S’il convient que sa relation avec Fisher, qui est de huit ans son cadet, s’apparente à celle qui pourrait se former entre un maître et son élève, Ciman s’empresse de souligner qu’il soutire lui aussi de précieux enseignements de cette nouvelle union.

« Il travaille beaucoup à l’entraînement, il comble ses erreurs. Il sait que le jeu aux pieds, il doit s’améliorer et chaque jour à l’entraînement, il me demande des conseils. Mais c’est quelqu’un avec qui je peux travailler et avec qui j’apprends aussi parce qu’au niveau des duels, il est autrement plus solide que moi. On arrive à être bien complémentaires. »

« Ils vont très bien ensemble, approuve Duvall. Fisher est un dur qui ne recule devant rien tandis que Lolo est tellement calme et en contrôle. Les deux apportent un bel équilibre sur la ligne arrière et c’est un charme de les voir travailler ensemble. On vient d’obtenir un jeu blanc au cours duquel on a donné peu de chances de qualité. C’est assurément une relation qui gagne en solidité. »

La défense de l’Impact a été éprouvée par moult imprévus depuis le début de la saison, une réalité qui a parfois forcé l’entraîneur à user d’imagination pour mettre une unité compétitive sur le terrain. Pour tous ces maux de tête, la qualité du jeu de Fisher est arrivée comme la prescription parfaite au dossier de Biello.

« Il commence à prendre de l’expérience, il commence à aligner les bonnes performances et ça, c’est un exemple à suivre pour un jeune, dit le coach. Ce n’est pas toujours facile d’accéder à la première équipe et de devoir produire tout de suite, mais il a été capable de gérer les moments difficiles – parce qu’il en a eu – et maintenant il se retrouve comme partant et quelqu’un qui joue très bien. »