MONTRÉAL – À l’image de la saison de l’Impact, celle de Ballou Jean-Yves Tabla en aura été une de grands espoirs, de mauvaises décisions et d’étrange confusion.

Attendu à la première équipe depuis le début de son adolescence, Ballou devait être l’une des grandes révélations de l’édition 2017 du Bleu-blanc-noir. Dans les deux langues, son entraîneur était à court de synonymes pour exprimer son émerveillement devant pareil prodige. Il a trouvé le fond du filet dans deux de ses quatre premiers départs en MLS.

Aujourd’hui, on peut se demander s’il en obtiendra un autre.

On ne sait plus trop quelles sont les intentions de l’Impact avec Ballou, qui a dû se contenter d’un rôle de figurant dans la deuxième moitié du calendrier après avoir été impliqué dans un différend grandement médiatisé avec la direction de l’équipe. Ce qu’on sait, c’est qu’au moment de tirer un trait définitif sur sa saison recrue, le jeune homme de 18 ans n’a pas fermé la porte à un changement de décor au cours des prochains mois.

« Mon objectif est de rester, je serais très heureux de rester. Mais comme je l’ai toujours dit, c’est mon rêve d’aller en Europe. Je ne vais pas le cacher et ça ne va jamais changer. Il y a des gens qui disent que je ne suis pas prêt, mais moi ce n’est pas mon problème. Si j’ai l’opportunité d’y aller, je vais y aller. Sinon je suis très content ici et je suis très reconnaissant pour tout ce que l’Impact a fait pour moi. »

Rappelons les faits : au début du mois d’août, Ballou avait créé la commotion dans l’entourage de l’Impact en omettant de se présenter au travail à la suite d’un match contre Orlando pour lequel il n’était pas en uniforme. Rapidement, le chat était sorti du sac. Le milieu de terrain reprochait au club de lui bloquer les portes vers les grands championnats européens, des accusations qui ont rapidement été déboulonnées par le directeur technique Adam Braz. Selon ce dernier, les offres qu’il avait reçues pour son jeune surdoué n’était pas si nombreuses, et encore moins alléchantes, qu’on le laissait entendre.

Les détails sur le réel intérêt suscité par Ballou de l’autre côté de l’Atlantique sont toujours restés vagues, mais lundi, le principal intéressé a assuré que les opportunités qui s’offraient à lui il y a quelques mois étaient encore à sa portée.

« Toujours, elles sont toujours sur la table, a-t-il insisté. J’ai eu mon temps très sombre où je n’ai pas eu mes minutes. Ça n’a pas été facile, mais ils ont toujours été fidèles. »

« La prochaine fois, c’est moi qui déciderai »

Le flou persiste aussi sur les conséquences auxquelles a dû faire face Ballou pour avoir défié l’autorité. Après son bref bras de fer avec l’organisation, une blessure à un genou a été évoquée pour justifier son absence du terrain. À l’extérieur des cercles de l’équipe, le motif médical n’a pas convaincu tout le monde et plusieurs sceptiques ont cru à une suspension déguisée.

Ballou maintient quant à lui avoir été indisposé pendant « environ deux semaines ».

« Le temps que je revienne, le groupe était déjà prêt et Salazar performait bien. Les gens l’ont pris comme si j’avais été mis à l’écart, mais ce n’était pas ça. J’étais bien avec l’entraîneur, il me posait des questions sur ma blessure et je disais la vérité sur comment je me sentais et quand je comptais revenir au jeu. »

Ballou n’a pris part qu’à cinq des treize matchs qui ont suivi la controverse dans laquelle il a été impliqué. Outre une titularisation contre Toronto au cours de laquelle il a été invisible, il n’a obtenu que des miettes comme remplaçant. En 21 matchs, dont 11 sur la formation partante, Ballou a clôturé la saison avec deux buts et deux passes décisives.

Mais au-delà des chiffres qu’il a soutirés du terrain, Ballou retirera de ses débuts chez les pros des leçons d’une valeur inestimable. Alors que certains parleraient d’une saison gaspillée, lui parle d’une saison d’apprentissage.

« Personnellement, je n’ai jamais voulu m’embarquer dans des situations comme ça. J’ai juste voulu prendre du plaisir. Il y a des personnes qui sont autour de moi, j’ai voulu les laisser gérer mon camp et ça n’a pas été la meilleure solution. Ça arrive, c’est le monde du foot. Je ne suis pas le premier joueur à qui ça arrive. [Mais] la prochaine fois, c’est moi qui déciderai ce que je veux faire pour mon futur. Et j’assumerai les conséquences. »