Le Onze montréalais se présentait à Chicago samedi soir dans l’espoir de porter sa séquence victorieuse à trois matchs et, surtout, de récolter son premier gain sur la route sous le règne de Frank Klopas. Une rencontre mal entamée par l’Impact qui a cédé à la 13e minute sur une superbe frappe de Harry Shipp. L’expulsion de Marco Donadel vingt-cinq minutes plus tard n’a rien fait pour remettre le train sur les rails et le Bleu-blanc-noir a encaissé une deuxième fois avant la pause. Une soirée froide et venteuse sur une pelouse détrempée qui s’est conclue par une défaite de 3-0 pour les Montréalais.

Toute autre tâche connexe

Tu joues! Deux mots qui sont généralement suffisants pour lancer un joueur dans sa préparation d’avant-match. J’ai toutefois l’impression que dans le vestiaire montréalais, les joueurs ont maintenant développé le réflexe de rétorquer : « parfait coach, mais… je joue où exactement? »

Ambroise Oyongo est rapidement tombé dans ce moule. À son deuxième match avec l’équipe, le défenseur camerounais a été titularisé comme milieu gauche. Une décision surprenante considérant que c’est le milieu de terrain Nigel Reo-Coker qui a joué comme défenseur latéral droit, un poste où Oyongo a l’habitude d’évoluer avec son équipe nationale. Vous avez peine à suivre? Vous n’êtes probablement pas seuls.

Bien que les blessures compliquent les choix des entraîneurs, faire évoluer les joueurs hors position n’est pas une solution viable. L’Impact a frôlé le chaos avec cette approche l’an dernier et tend à reproduire le scénario cette saison. À l’image de l’employé qui passe plus de temps à travailler sur les « autres tâches connexes » que sur ses qualités principales, l’état d’esprit de certains joueurs peut rapidement être affecté.

Sans peur et sans reproche

À l’image d’une jeune recrue fringante qui désire montrer à son entraîneur tout l’engagement dont il est capable, Marco Donadel a l’habitude de se jeter sans retenue dans chaque duel. Les cartons jaunes sont devenus coutume pour l’Italien qui l’a échappé belle la semaine précédente alors qu’il aurait dû récolter un second avertissement avant son retrait préventif par Klopas quelques instants plus tard. Avant le match de samedi, la peur du carton rouge n’a jamais semblé croiser l’esprit de Donadel.

Acquis pour son expérience, le milieu de terrain porte une bonne part du blâme pour la naïveté dont il fait preuve depuis le début de la saison, mais le personnel technique n’est pas sans reproche. Ce dernier porte en partie le fardeau de cette expulsion qui a mené l’équipe à une autre défaite sur la route.

Comment expliquer que Donadel continue de jouer avec le feu à chaque match, alors que le plus novice de spectateurs y voit un danger d’expulsion? Klopas lui a-t-il demandé d’être plus responsable au cours des dernières semaines? Si c’est le cas, que faisait-il sur le terrain samedi?

Symbolique

Cette expulsion est à mon sens symbolique de la dynamique qui existe à l’Impact depuis son arrivée en MLS. Un problème fait surface, on le constate et on attend. Tous les clubs font face à des moments ou des situations difficiles, mais chez les Montréalais, on attend souvent de frapper le mur.

Collen Warner joue à gauche une fois de trop, il est échangé. Nelson Rivas se blesse à nouveau, après trois minutes de jeu cette fois, il est libéré. Marco Schällibaum perd un match de séries, après quatre mois difficiles, il est remercié.

Ce ne sont pas les décisions en soi sur lesquelles je m’interroge, mais l’habitude de laisser perdurer des situations qui freinent la progression du club. Est-ce une question de personnel, de communication interne, de capacité à anticiper les coups…? Chose certaine, l’inaction peut coûter de précieux points au classement et des sommes importantes d’argent à Joey Saputo.

Dans une ligue où la parité est si importante, les meilleures équipes sont celles qui anticipent et agissent plus rapidement que les autres pour éviter ou minimiser les problèmes. En laissant les choses suivre leur cours, ce n’était qu’une question de temps avant que Donadel se fasse expulser. Ce qui devait arriver arriva…