MONTRÉAL – Ses nouveaux coéquipiers ont été les premiers à voir de quel bois il se chauffait quand il est arrivé dans sa ville d’adoption au beau milieu du mois de janvier. Puis aussitôt sorti de sa boîte, il a été adopté par les amateurs de sports montréalais qui ont découvert un athlète authentique, intègre et engagé.

Alors que tire à sa fin sa première saison en Amérique du Nord, Laurent Ciman est maintenant reconnu à la grandeur du continent. Cette semaine, le Belge de 30 ans a été mis en nomination au titre de défenseur de l’année dans la MLS en compagnie de Matt Hedges du FC Dallas et Kendall Watson des Whitecaps de Vancouver.

« Ça prouve que je ne suis pas venu ici en touriste, a sobrement commenté le pilier défensif de l’Impact mercredi. J’ai travaillé fort et même si j’ai eu un petit creux, je l’avoue, quand j’ai commencé à douter avec les cartons, c’est oublié et je suis de retour. »

Selon les documents officiels publiés par l’Association des joueurs de la MLS en juillet, le contrat de trois ans que Ciman a signé l’hiver dernier lui a permis de toucher un peu plus de 400 000 $ en 2015. Chaque sou inclus dans le pacte s’est avéré un brillant investissement pour son club.

Laurent CimanCiman a passé 2405 minutes sur le terrain cette saison en MLS – seul Donny Toia peut se vanter d’avoir été plus occupé – et s’est adjugé le titre de général d’une brigade qui s’est classée au deuxième rang de l’Association Est au chapitre des buts alloués.

« Je ne connaissais pas grand-chose (à la MLS), admet Ciman au sujet des attentes qu’il nourrissait à son arrivée au Canada. Vous le savez, je suis venu ici pour ma fille. Au niveau football, j’ai montré de quoi j’étais capable, j’ai continué dans la lancée qui était la mienne l’année dernière et j’espère encore progresser ici. »

Patrice Bernier ne s’est pas fait prier pour mousser la candidature du représentant local.

« On est dans une équipe qui n’est pas dans un grand rayon médiatique, on n’est pas beaucoup en vue, mais on l’a vu au match des étoiles et je sais que les autres équipes parlent de lui régulièrement. Il a démontré depuis le début de la saison qu’il est au top niveau des défenseurs. Je sais que je le vois chaque jour, mais pour moi, c’est le meilleur dans cette ligue. Il y en a d’autres, je les connais, ils sont bons. Mais cette année, je n’en vois pas d’autres qui sont dans sa catégorie », a louangé le capitaine.

Bernier a surtout été impressionné par la régularité dont a fait preuve son coéquipier.

« On le voyait à l’entraînement avant la saison et on l’a ensuite vu dans les matchs, mais le plus difficile, c’est d’être constant. On peut voir beaucoup de bons joueurs à haut niveau, mais Laurent a été impeccable d’avril jusqu’à août. Personne ne pouvait se poser de question au niveau de sa présence. Tu le vois, tu l’espères et ensuite c’est au joueur de répondre. Lui, il a répondu. »

« C’est un gars qui a eu une excellente saison avec nous, a approuvé Mauro Biello. Quand il était à son mieux, l’équipe jouait bien. Il a démontré ça tout au long de l’année. C’est vrai qu’il a eu quelques difficultés avec les cartons et les suspensions, mais ça fait partie de l’adaptation. Ce n’est pas facile pour un Européen d’arriver ici et de s’ajuster immédiatement. On est content de sa façon de jouer cette année. »

Un bref retour en Belgique?

L’adaptation de Ciman ne sera pas nécessairement complétée une fois la saison terminée. En Belgique, le défenseur était habitué de reprendre le collier après une pause de seulement deux semaines entre deux campagnes. Cet hiver, dépendamment des succès de l’Impact dans son parcours éliminatoire, il pourrait être inactif pendant plus de deux mois.

Ciman réfléchit donc aux quelques options qui pourraient se présenter à lui et admet qu’il serait ouvert à l’idée de retourner, sous forme de prêt, à son ancien club, le Standard de Liège.

Le championnat belge est présentement dans sa 15e semaine d’activité et se poursuivra jusqu’en mars. Le Standard ne refuserait certainement pas le retour de Ciman; il occupe actuellement le 14e rang au classement d’une Ligue qui compte 16 équipes.

« D’abord, il faut avoir le feu vert de madame, lance Ciman, précisant qu’il n’a pas encore abordé le sujet avec sa femme Diana. Si on l’a, à ce moment-là on verra les opportunités qui s’offrent à moi. Mais si je veux faire des sacrifices familiaux, faudra que le reste suive. »

Ciman ne croit pas que l’Impact, qui a récemment démenti les rumeurs voulant que Didier Drogba joigne temporairement les rangs du Bologne FC en première division italienne, pourrait lui mettre des bâtons dans les roues.

« À partir du moment où on reste assez longtemps sans jouer, moi ça ne m’est jamais arrivé, donc le club est ouvert. Après, il faudra voir sous quelles conditions », avance-t-il.

« Pour l’instant, on se concentre sur le prochain match. Après, on verra ce qui va arriver dans la saison morte », s’est contenté de dire Biello.

Drogba : une question de mathématique

Si Ciman est en lice pour le titre de défenseur par excellence en MLS, Drogba est quant à lui l’un des trois finalistes dans la catégorie « nouveau venu de l’année ». L’Ivoirien est en compétition avec Sebastian Giovinco, du Toronto FC, et Mike Grella, des Red Bulls de New York.

Embauché par l’Impact en août, Drogba n’a pris part qu’à 11 matchs cette saison en MLS, un laps de temps qui lui a suffi pour marquer 11 buts.

« Je pense que c’est un titre qui lui va directement », n’a pas hésité à dire Patrice Bernier.

« Ça me fait penser à Higuain quand il est arrivé dans la Ligue. Didier est arrivé et a marqué 11 buts en 11 matchs. Ça dit tout. Je pense que personne d’autre ne peut dire qu’il est arrivé et a eu autant d’impact sur son équipe et même sur la ligue au complet. »

« Je crois qu’il sera jugé sur le nombre de matchs qu’il a joués, mais on sait tous que s’il en avait joué plus, il aurait pu être considéré comme le joueur le plus utile de la ligue, a ajouté Biello en souriant. Si on fait le calcul, on voit que Didier a eu une excellente fin de saison pour nous. »