MONTRÉAL – Donny Toia a été livré aux fauves samedi dernier. Pour un défenseur qui n’avait pas joué depuis presqu’un mois, un retour au jeu contre la dangereuse attaque du FC Dallas représentait en quelque sorte un cadeau empoisonné.

« Les conditions n’étaient définitivement pas idéales! », a convenu Toia mercredi après un entraînement de près de deux heures sous un soleil de plomb.

Blessé à une cheville lors du match retour de la finale de la Ligue des champions face à Club América, Toia a raté deux matchs en MLS et les deux duels de la demi-finale du Championnat canadien contre le Toronto FC avant d’être réinséré dans la formation pour le passage de la meilleure équipe du circuit Garber au Stade Saputo. L’entraîneur Frank Klopas l’a d’abord gardé à sa disposition comme réserviste, mais a décidé de l’envoyer dans la mêlée, même si Maxim Tissot était disponible, quand Eric Miller est tombé au combat à la 36e minute.

« Il a été forcé de réintégrer la formation peut-être un peu plus tôt qu’il aurait dû, mais je l’ai trouvé fantastique, vantait le gardien Evan Bush en début de semaine. Il s’est très bien tiré d’affaire contre Fabian Castillo, un gars très agressif qui est l’un des meilleurs joueurs de la Ligue. Et je n’ai pas oublié cet arrêt qu’il a réussi sur la ligne des buts dans les arrêts de jeu! »

« J’étais sur le banc, donc j’étais prêt à jouer, a humblement réagi Toia, rencontré la veille de son 23e anniversaire de naissance. Ça m’a fait du bien d’avoir des minutes, de pouvoir toucher au ballon de nouveau. Je me sentais bien, ma cheville était solide et je n’avais rien perdu de mon cardio. Maintenant, il n’y a plus qu’à souhaiter que je puisse demeurer en santé. »

Même si Toia était le latéral gauche de confiance de l’Impact avant de visiter l’infirmerie, Klopas n’a pas senti le besoin de chambarder son alignement quand est venu le temps de le renvoyer dans la mêlée. Toia a donc été muté sur le côté droit, le même que patrouillait Miller, tandis qu’Ambroise Oyongo, qui en était à son premier départ avec l’Impact, est demeuré à sa position de prédilection.

« C’était une décision risquée, pas de doute, mais je crois qu’il s’est très bien acquitté de la tâche, a jugé Klopas. On pouvait voir que son synchronisme avec le ballon n’était pas tout à fait à point, mais en général il a fait du très bon boulot. »

Il faut dire que le poste de latéral droit n’était pas totalement inconnu à Toia, qui l’avait occupé pendant les deux premiers mois de sa seule saison avec le Chivas USA l’an dernier. C’est aussi dans ce rôle qu’il avait été découvert par l’Impact lorsque le club montréalais s’était rendu en Californie au début du mois de juillet.

Un gaucher naturel, le natif de l’Arizona minimise l’ampleur des ajustements qu’il doit apporter lorsqu’il est affecté à la protection du corridor opposé. « C’est vrai que mon pied gauche est mon pied dominant, mais je dois être tout aussi confiant avec mon droit et simplement composer avec la situation. Ce n’est pas si différent, dans le fond. »

Oyongo a lui aussi accumulé de l’expérience du côté droit avec la sélection camerounaise. De plus, Klopas a déjà soulevé la possibilité de l’utiliser comme milieu de terrain offensif, un mandat qui lui a été confié lors de son bref passage avec les Red Bulls de New York en 2014. Avec le retour au jeu imminent de Victor Cabrera, un autre arrière, le stratège de l’Impact s’apprête à compter sur un éventail de possibilités élargi.

« C’est un heureux problème à avoir, apprécie Klopas. Avec les blessures qui nous ont frappées dernièrement, c’est bon de savoir que nos joueurs nous offrent une certaine flexibilité. Maintenant, leur utilisation dépendra de leurs attributs relativement à l’identité et aux tendances de notre adversaire. Ça nous donne des options dans notre préparation. »

Qu’il soit à gauche ou à droite, Toia représente l’une des belles surprises chez l’Impact depuis le début de la saison. Sélectionné au sixième rang du repêchage de dissolution du Chivas, son arrivée n’a pas été aussi médiatisée que celle de ses confrères Laurent Ciman et Bakary Soumaré, mais sa constance et son efficacité effacée lui ont permis de rapidement gagner la confiance de ses patrons à une position où l’Impact était en quête de stabilité depuis son entrée en MLS.

L’an passé, l’Impact a utilisé Jeb Brovsky, Heath Pearce, Karl Ouimette, Krzysztof Krol, Jérémy Gagnon-Laparé, Miller et Tissot à la position de latéral gauche. Cette année, Toia y a été titularisé dans les dix premiers matchs de l’équipe, toutes compétitions confondues, avant de se blesser.

« Oui, je crois que mon travail m’a permis de gagner mon poste au camp d’entraînement, mais pour être honnête, je crois que je dois encore me battre pour le mériter. J’ai plusieurs aspects de mon jeu à améliorer et je vois chaque jour comme un nouveau commencement. »

Un penchant pour l’attaque

Il sera donc intéressant de surveiller la gestion que fera Klopas de sa nouvelle profondeur sur la ligne arrière. Malgré le court laps de temps dont il a bénéficié pour retrouver la forme et s’ajuster à son nouvel environnement, Oyongo a offert 90 minutes de qualité contre Dallas et devrait obtenir un deuxième départ de suite en fin de semaine à Chicago.

Oyongo a démontré un fort penchant vers l’attaque à ses premiers pas avec sa nouvelle équipe, laissant régulièrement son voisin sur la charnière centrale sans compagnie pour aller flairer l’opportunité vers l’avant.

« On veut voir nos défenseurs s’avancer et s’impliquer dans le jeu et assurément, il apporte cette dimension, a observé Klopas. Quand on regarde l’effort qu’il a fourni et le tout le terrain qu’il a couvert, c’était bien pour un premier match et il ne peut que s’améliorer. »

« La clé quand vous jouez à cette position, c’est de savoir choisir le bon moment pour attaquer de façon à avoir un impact, a toutefois ajouté Klopas. Il ne suffit pas de courir le même trajet 100 fois par match sans que rien n’en découle. Mais pour un jeune de son âge, d’un point de vue tactique, il est très intelligent. »