MONTRÉAL – Frank Klopas ne dissimule plus son impatience : il en a assez de devoir justifier ses décisions concernant le temps d’utilisation accordé à son capitaine Patrice Bernier.

L’entraîneur de l’Impact a eu une discussion animée avec un journaliste lundi après l’entraînement de l’équipe en prévision de son duel de demi-finale de la Ligue des champions de la CONCACAF. Questionné sur les chances de voir Bernier obtenir ses premières minutes d’action mercredi contre L.D. Alajuelense, Klopas a vanté le travail du Québécois à l’entraînement avant d’ajouter que tous les joueurs espéraient faire partie d’un aussi gros événement et qu’il était convaincu que ceux qui auraient cette chance seraient à la hauteur de la situation.

L’exaspération de Klopas s’est ensuite intensifiée lorsqu’on lui a demandé s’il craignait une réaction négative de son capitaine et une contagion néfaste sur le reste de sa troupe si le vétéran de 35 ans était boudé pour ce qui pourrait être sa dernière occasion de participer à un grand rendez-vous international devant ses partisans.

« Pourquoi est-ce que je me retrouverais avec un capitaine malheureux au juste? Je ne comprends pas où tu veux t’en aller avec ça... », a rétorqué Klopas après avoir échappé un long soupir.

« Je vais le dire pour la dernière fois. Patrice est le capitaine parce qu’il est respecté du personnel et des joueurs. Mais pour le onze partant, on fait nos choix selon ce que l’on croit être la meilleure combinaison pour chacun des matchs. C’est tout. Je ne vais pas répéter la même chose éternellement. »

Effectivement, Klopas avait tenu un discours identique il y a deux semaines, à la veille du match retour entre l’Impact et le club mexicain de Pachuca. Plus récemment, Bernier a lui-même dû minimiser l’importance de la « controverse », se disant zen par rapport à sa situation et prêt à sauter dans le feu de l’action dès qu’on ferait appel à ses services.

« Comme tout le monde, j’ai un respect sans borne pour Patrice, a insisté le coach lundi. Il fait bien son travail à l’entraînement et comprends les changements que nous avons faits. Nous sommes un club très ambitieux et il n’y a pas que ce tournoi dans notre mire. Nous voulons bien faire et tout le monde sera appelé à contribuer à un certain moment cette année. C’est l’équipe qui prime. »

« Vous pensez que je ne comprends pas ce que ça signifierait pour lui et pour tous les autres joueurs qui ont grandi ici de participer à ce match? Bien sûr que je comprends, a poursuivi Klopas. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai fait de Patrice notre capitaine l’an passé. Je savais ce que ça voudrait dire pour lui, pour qu’il puisse finir sa carrière de la bonne façon. C’est un grand moment qui nous attend cette semaine, mais j’espère que ça ne sera pas le dernier. NI pour Patrice, ni pour moi. »

Quelques minutes auparavant, le vice-président exécutif des opérations soccer de l’Impact, Richard Legendre, avait défendu le travail de Klopas.

« C’est clair que malgré mon implication au niveau soccer, je pense que vous auriez été étonnés que je commente les choix de l’entraîneur sur le terrain. (...) On est passés en demi-finale avec la formation que vous avez vue, la même pour les deux matchs. C’est l’entraîneur qui va décider tout ça, mais c’est évident que lorsque vous avez une formule gagnante, en général, vous y tenez. »

Lundi à l’entraînement, Bernier a été utilisé avec les partants en compagnie du jeune Calum Mallace dans un système d’alternance avec l’autre paire de milieux de terrain défensifs réguliers formée de Nigel Reo-Coker et Marco Donadel.

« On s’entraînait avec une intensité soutenue aujourd’hui pour simuler un rythme essoufflant pour l’adversaire, alors on voulait impliquer tout le monde, a justifié Klopas. Que vous soyez partant ou non, vous pouvez vous retrouver sur le terrain à tout moment et il faut s’assurer que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. »