MONTRÉAL – Un joueur en pénurie de confiance n’aurait pas pris le tir. Il aurait probablement ralenti un peu et cherché, prié pour l’arrivée d’un coéquipier à qui relayer le poids d’une pression qui s’accumule quand les choses ne tournent pas rond. Il aurait peut-être perdu le ballon en tentant le dribble de trop. Mais il n’aurait pas pris le tir.

Johan Venegas, lui, n’a jamais envisagé une autre option.

Venegas fait sa chance

Pas grave s’il venait à peine de sortir d’une petite visite au purgatoire de l’entraîneur Mauro Biello. Au diable Didier Drogba, qui était bien positionné pour recevoir une passe à sa droite. Quand il s’est présenté devant Steve Clark avec la possibilité de donner les devants à son équipe avec une quinzaine de minutes à jouer à un match de séries, le Costaricain n’avait qu’une idée en tête.

« Sincèrement, à ce moment-là, je n’ai pas vu Drogba, a candidement avoué Venegas mercredi après l’entraînement de l’Impact. Dès que j’ai pris le ballon au défenseur, la seule chose que j’ai vue, c’est le but et le gardien qui était devant. J’ai accéléré, il m’a donné un côté, je l’ai pris et ça a donné un but. »

Ce but, qui a éventuellement procuré à l’Impact une victoire de 2-1 dans le premier match de la série aller-retour qu’il dispute au Crew de Columbus, était seulement le deuxième de Venegas depuis qu’il est arrivé à Montréal en catimini, mais avec néanmoins de grandes attentes à combler, au mois d’août.

Venegas, qui a attiré l’attention des dirigeants de l’Impact lors du parcours de l’équipe en Ligue des champions de la CONCACAF – il évoluait pour la L.D. Alajuelense, éliminée par Montréal en demi-finale – tarde à se mettre en évidence en MLS. Il a obtenu neuf départs en fin de saison régulière, mais rarement s’est-il avéré un facteur dans les succès de sa nouvelle équipe.

Tous les joueurs se sentent inclus

« Mon adaptation ne se fait pas aussi rapidement que je le souhaiterais et je sais que mon niveau de jeu n’est pas encore à la hauteur, admet le milieu de terrain de 26 ans. Mais je sens que je progresse et je travaille fort pour aider l’équipe à atteindre ses objectifs. »

Venegas n’est pas le premier joueur à chercher ses repères à son arrivée dans la MLS, qui se démarque de ses penchants européens ou sud-américains par son style de jeu très physique.

« C’est une ligue complètement différente de celle où je jouais au Costa Rica, où l’accent est davantage mis sur la tactique et le jeu technique. Ici, c’est un peu plus difficile pour moi », a agréé le numéro 27.

Après la victoire contre le Crew, son coéquipier Nigel Reo-Coker a bien expliqué les défis que doivent relever les joueurs étrangers attirés par ce circuit en ascension.

« La MLS n’est pas une ligue que n’importe qui peut intégrer et espérer bien faire immédiatement, assure celui qui a évolué pendant plus de dix ans en Angleterre avant de signer avec les Whitecaps de Vancouver en 2013. On voit souvent des joueurs de haut niveau en arracher parce qu’ils ne sont pas habitués de soutenir un rythme aussi élevé pendant 90 minutes. Dans une ligue européenne, il y a toujours des moments dans un match où l’action est contrôlée par les joueurs des deux équipes de façon à donner à tout le monde l’occasion de se reposer un peu. Mais ici, vous êtes constamment en train de courir. Aussitôt que vous recevez le ballon, un adversaire physique et athlétique est sur votre dos. C’est très difficile et ça nécessite un certain temps pour s’y habituer. »

On aurait pu croire que Venegas avait atteint le fond du baril quand Biello l’a laissé sur le banc après une première demie très difficile lors du dernier match de la saison régulière. Cinq jours plus tard, il n’a même pas été utilisé dans un match sans lendemain contre Toronto FC.

« J’ai eu une bonne conversation avec lui, je lui ai dit que j’avais besoin de lui, a dit l’entraîneur après la victoire contre Columbus. Parfois, c’est une adaptation pour un joueur qui vient d’un autre pays, ça prend du temps. En plus, Johan a passé beaucoup de temps avec son équipe nationale, il sortait et il revenait. Mais je crois quand même en lui. C’est la première chose que je lui ai dite. »

Cette confiance a été payante. Dès qu’il a obtenu une autre chance, Venegas a réussi son plus grand coup dans l’uniforme de l’Impact.

« Ça a fait du bien de pouvoir apporter un petit peu à l’équipe. Ça n’a pas été facile dans les derniers matchs, mais j’ai eu ma chance et j’en suis reconnaissant. »

« Quand un joueur entre après avoir traversé une période de malaise et qu’il est capable de compter, c’est sûr que ça va lui donner beaucoup de confiance, avance Biello. Je suis content qu’il ait pu faire la différence. J’ai toujours dit que tout le monde était important dans cette équipe. Lorsque vous êtes appelé, vous devez être prêt. »