Imaginez une solide tempête de neige, avec vent et poudrerie et ce blanc qui vous entoure effaçant tout repère autour de vous. Remplacez maintenant la neige par le sable... C’est de cette façon que le désert a accueilli les 200 participantes du trek « Elles marchent » édition 2018. Avec un vent de sable qui a commencé comme une petite brise puis qui a pris de la vigueur au fur et à mesure que la journée avançait. À tel point qu’en fin de journée on ne voyait plus rien. Le sable pince, gifle et s’insinue partout. Alors que la neige fond, le sable reste. Vous en avez dans les dents, dans le nez, dans les oreilles. Mais le pire, c’est pour les repères. Tout semble mouvant, effacé, irréel. Et dans ce cadre fantomatique, il faut tout de même trouver des bornes, franchir des dunes à l’humeur volatile, naviguer comme on le peut pour tenter de garder le cap.

Cette première journée fut une sérieuse mise en jambe pour les participantes dont plusieurs en étaient à une première expérience du genre. Pourtant, toutes les équipes sont rentrées au terme d’une journée sagement écourtées par l’organisation, on a supprimé le défi optionnel, sans que le directeur de course n’ait à orchestrer un sauvetage.

Mon équipe a « galéré », pour utiliser une expression chère à nos amies françaises, comme la plupart en cette première journée de compétition. Les bornes à pointer sont séparées d’environ trois cent mètres, et dans cet univers de sable et de vent, il était bien difficile de s’y retrouver. Nous étions sur le parcours vert (il y a quatre parcours) et nous avons fait du tourisme, passant parfois d’une couleur à l’autre avant de trouver la bonne. Sauf pour la première, pointée avant que le désert ne commence à s’amuser avec nous. Une belle borne plantée au milieu des dunes qui nous permettait d’envisager la journée avec enthousiasme. Mais s’il y a une chose que j’ai apprise aux Gazelles, c’est qu’une balise (une borne ici) ne garantit jamais la suivante.

Le retour vers le bivouac s’est fait sous un soleil blafard, à moitié occulté par le sable tournoyant. Les cinq kilomètres marchés courbées dans le vent, lunettes de ski vissées au visage, nous ont paru bien longs... mais pourtant, malgré son humeur ravageuse, le désert nous réservait un cadeau. Ce chant des dunes que je croyais tenir de la légende se faisait entendre tout autour de nous, un son qui rappelle celui d’une corne de brume dans des tons plus aigus. La similitude fait sourire, les grands éléments finissent toujours par se rencontrer.

La deuxième journée fut totalement différente. Les vent, lassé de nous faire des misères, est allé souffler sous d’autres cieux et c’est dans un matin radieux que le bivouac s’est éveillé. Les quatre parcours ont amené les trekkeuses dans des paysages spectaculaires. Nous sommes passées de la plaine à la montagne, des regs escarpés aux crevasses redoutables aux oueds parsemés d’herbes vert tendre. Plus de 25 kilomètres à marcher dans ce décor féérique, mais si le vent était absent aujourd’hui, le soleil lui, était mordant. Il faut boire et boire encore, utiliser abondamment la crème solaire et pour la première fois j’ai compris l’utilité réelle du chèche, cette longue pièce de tissus portée sur la tête par les habitants du désert. Lorsque la température monte, je m’enveloppe le crâne et c’est comme si je démarrais la climatisation! Nous avons trouvé les trois bornes et ajouté les six kilomètres du défi en fin de journée. Nous avons répondu correctement à toutes les questions et énigmes et notre classement d’étape a mis du baume sur nos muscles endoloris.

Il reste encore deux jours de ce défi hors norme, plus la journée de solidarité. L’étape de demain promet d’être relevée : 23 km avant le défi de fin de journée. On s’y attaquera avec détermination, tout en étant conscientes de l’immense chance que nous avons de vivre cette aventure. Je vous donnerai d’autres nouvelles à la fin du trek, la communication étant plutôt fantaisiste dans le désert. Mais en attendant, vous pouvez toujours nous suivre sur www.trekellesmarchent.com. Je suis avec l’équipe 46, une équipe du tonnerre aux habiletés complémentaires. On se reparle donc bientôt, Inch’Allah!