MONTRÉAL – Très attaché à son entourage familial, Rafael Nadal a confirmé, en quelque sorte, son entrée dans la grande famille du tennis professionnel à Montréal en 2005 lorsqu’il a savouré son premier titre sur le dur contre nul autre qu’Andre Agassi.

Durant cette année d’éclosion, il a triomphé à 11 différents tournois dont celui au Stade Uniprix alors que le fossé de l’âge ne faisait aucun doute entre lui et Agassi. À 19 ans, Nadal était parvenu à disposer d'Agassi (35 ans) dans une finale qui occupe encore une case claire dans sa mémoire.

« La finale était très bien avec de longs et intéressants points. Il y avait du tennis agressif et de bons moments rendant l’affrontement spécial. Je me souviens très bien de ce match », a raconté dimanche le spécialiste de la terre battue qui avait perdu uniquement deux manches dans ce tournoi.

À vrai dire, 2005 demeure la saison durant laquelle il a hérité du chèque le plus généreux le plus souvent. Maintenant vainqueur de 67 tournois, Nadal a contribué à repousser les limites du tennis masculin avec Roger Federer et Novak Djokovic. Son héritage ne fait aucun doute sur la discipline et il se démarque notamment par la longévité de son succès.  

« Je me considère chanceux par rapport à ce que j’ai vécu au tennis depuis plus d’une décennie. J’ai traversé de très beaux moments tandis que les moins bons ont été plus rares. Ce fut une période fantastique pour moi. C’est bien de revenir à Montréal, cette victoire demeure dans mes souvenirs », a confié celui qui est né dans l’île de Majorque et ses paysages enchanteurs. 

Avec la fougue qu’il déploie sur le terrain, l’Espagnol amoureux de la mer n’a pas ménagé son corps. S’il n’entend pas clore sa carrière prochainement, Nadal réalise qu’il ne passera pas une autre décennie à régner dans l’hégémonie du tennis masculin.

« Bien sûr (qu’il a plus de tennis derrière lui que devant), mais j’aborde les choses un jour à la fois, c’est ma façon de travailler. J’avais 19 ans en 2005, et maintenant 29 ans, je suis pas mal certain que je ne vais pas jouer jusqu’à 39 ans », a-t-il reconnu en riant.

« Sauf que je ressens encore la motivation pour continuer. On me demande souvent quand la fin arrivera, mais je réponds toujours que je saurai quand je n’aurai plus le désir de m’entraîner. Je veux encore m’améliorer et j’apprécie encore mon parcours », a proposé l’athlète aux 14 titres majeurs.

Même s’il n’a pas encore franchi la trentaine, Nadal a dû s’accorder quelques pauses du tennis pour recouvrer la santé. Ce détour obligatoire a affecté la qualité de son jeu et, évidemment, son classement mondial.

Voilà pourquoi le puissant gaucher se présente à Montréal en tant que septième tête de série et neuvième joueur mondial. Optimiste de nature, Nadal est débarqué en territoire ami avec l’espoir de poursuivre sa progression confirmée avec son récent titre à Hambourg sur terre battue.

« Maintenant, la tangente de mon rendement s’en va dans la bonne direction et c’est une chose positive qui me motive », a précisé celui qui a remporté la Coupe Rogers trois fois dont deux à Montréal.

Le sujet n’est pas nouveau, mais ça demeure inévitable de comparer les creux traversés par Nadal avec ceux de Federer qui a remonté la pente. Le discours – et le ton - employé par le champion olympique de 2008 confirme que les atomes crochus ne sont pas si nombreux avec le Suisse. 

« Je ne regarde pas les choses ainsi, tout le monde a sa carrière et sa façon de faire. Nous avons des façons différentes de nous en sortir. Ça arrive très souvent dans le sport qu’un bon joueur ralentisse et que les gens commencent à parler de la fin et ils amplifient le problème.

« Roger joue très bien maintenant, c’est une bonne chose pour le tennis. Quand tu te blesses, c’est toujours difficile et c’est normal que ça prenne du temps pour revenir à son meilleur. J’ai perdu des matchs que j’aurais dû gagner. Je n’ai pas bien joué depuis quelques mois », a-t-il proposé.

Pour retrouver son aisance, Nadal sait vers quelle direction se lancer en basant sur la recette à Hambourg. 

Rafael Nadal« J’ai été très stable mentalement durant la semaine ce que je n’étais pas parvenu à faire très souvent cette saison. J’en suis content et c’est ainsi que ça devrait être. Le mental, c’est l’un des points forts de ma carrière alors que ça ressemblait plus à des hauts et des bas cette année. J’espère que cette semaine m’aidera », a opiné celui qui a apprécié sa petite partie amicale de tennis contre Ignacio Piatti dimanche après-midi.

Justement, question de garder l’esprit sain, Nadal s’assure de s’accorder des temps libres bien mérités.

« Normalement, je ne perds pas la tête », a-t-il d’abord insisté. 

« Je n’ai aucune raison que ça arrive, même si je perds des matchs de tennis, la vie est belle et je suis chanceux. Les gens que j’aime autour de moi possèdent la santé et la mienne demeure excellente en dépit de quelques blessures.

« Ma vie est beaucoup basée autour de la mer. J’adore la plongée, la nage, la pêche… Quand je suis à la maison, j’ai une vie normale pour un homme de 29 ans. Je sors avec mes amis, je visite des endroits, je passe du temps avec ma famille, je vais au cinéma et j’aime jouer au golf. J’apprécie la vie hors du tennis parce que le tennis a quand même été une grande partie de mon existence. Le tennis n’est pas tout pour moi, je raffole de plusieurs choses à l’extérieur de ce sport », a témoigné Nadal qui redonne de façon importante à la communauté grâce à son imposante Académie en construction dans sa ville natale de Manacor.