Kei Nishikori n'est plus le même joueur depuis sa dernière présence à la Coupe Rogers. Il y a deux ans, il frappait aux portes du top-10, mais aujourd'hui, il peut se targuer d’afficher son meilleur classement en carrière, quatrième. 

De la génération des Milos Raonic, David Goffin et Grigor Dimitrov, il a pris une courte longueur d'avance sur eux depuis. Cette progression est due à plusieurs facteurs, avec notamment l'expérience qui fait son œuvre.

« Je crois que je suis un peu plus patient que l'an dernier ou l'année précédente, analyse celui qui est désormais entraîné par Michael Chang depuis la fin 2013. Je joue avec plus d'agressivité tout en provoquant moins de fautes directes. Je me suis amélioré. J'ai l'impression de gagner plus de points gratuits sur mon service. C'est un peu de tout. Je suis aussi plus fort mentalement. »

Une supervedette dans son pays natal et même dans toute l’Asie, il a battu ou égalé plusieurs marques. En juin dernier, il est devenu le premier Japonais à atteindre les quarts de finale de Roland-Garros depuis Jiro Satoh en 1933. ll a aussi été le premier à intégrer le top-10. Malgré les attentes sans cesse grandissantes, il ne ressent pas pour autant plus de pression qu'auparavant.

« Je suis très confortable avec ce rôle. Je ne sens pas le poids de la pression sur mes épaules, qu'elle vienne du Japon ou d'ailleurs. J'essaie de focaliser sur ce que je peux faire. C'est un grand honneur d'être le no 1 en Asie. J'espère aussi que d'autres jeunes s'en viennent. »

Bien qu'il soit fier et reconnaissant de l'attention qu'il reçoit en vertu de ses excellents résultats, Nishikori est encore loin d'avoir atteint les buts qu'il s'est fixés.

« Je suis heureux qu'on parle de ces nouveaux records, sauf que mon objectif n'est pas de battre des records, c'est de devenir le meilleur joueur au monde. Il y a un grand chemin encore à parcourir pour devenir no 1, mais j'ai du plaisir pendant ce processus. Je fais ce que je dois faire présentement. Rester en santé est la chose la plus importante pour moi. Mon prochain objectif est de gagner un Masters 1000 ou un Grand Chelem. Je suis no 4 mais je n'ai acquis aucun trophée à ce niveau. »

Nishikori est passé près du but l'an dernier à Flushing Meadows quand il a atteint la finale. Bien qu'il préfère penser à l'instant présent, il est certain qu'il aspire à reproduire cet exploit et à voir la chance lui sourire cette fois en septembre.

« J'espère. Je vais essayer de retourner en finale, mais c'est un nouveau US Open. Je ne suis pas assuré de m’y rendre. Je vais y aller un match à la fois et voir ce que je peux accomplir.

« Il faut être très concentré, particulièrement dans les grands moments. C'est pour cette raison qu'ils (les champions comme Novak Djokovic) sont bons. Et ils semblent plus forts physiquement, je ne vois pas souvent de blessures au sein du top-4. »

Entretemps, le Japonais a ajouté un 10e titre à sa collection il y a à peine quelques jours à Washington, après Memphis et Barcelone plus tôt cette année. Il est donc arrivé dans la métropole avec plein d'assurance et de repères.

« Je me sens à l'aise sur le dur, même si je joue bien sur terre battue aussi, comme aux Internationaux de France ou quand j'ai gagné à Barcelone. Après avoir remporté ce titre, on se sent forcément bien ici. Je suis rapide, ce qui est un avantage. De plus, j'ai beaucoup d'expérience sur cette surface. »

Originaire de la préfecture de Shimane dans l'ouest du pays du Soleil-Levant, mais installé en Floride depuis l'âge de 13 ans pour développer sa passion, Nishikori a réussi à faire sa place parmi l'élite sans avoir la puissance et le profil physique idéal du joueur de tennis. Être confronté à ces grands gaillards de semaine en semaine est un défi qu'il aime relever. Qu'à cela ne tienne, il a lui-même d'autres atouts dans sa manche.

« Ce n'est jamais facile. Si vous affrontez de grands serveurs, comme la semaine dernière contre Isner, Cilic et Groth, ce n'est pas évident sur le terrain. Cela dit j'ai un bon retour, j'ai la vitesse que certains grands joueurs n'ont pas. C'est ce qui est plaisant dans le tennis, tout le monde est différent. Même si vous êtes petit, comme moi et David Ferrer, vous pouvez bien faire dans le top-10. David Goffin aussi tire son épingle du jeu. »

Et justement, Goffin sera son prochain adversaire jeudi soir sur le central.