On a souvent vu de jeunes joueurs réaliser une ascension fulgurante pour se retrouver soudainement parmi l'élite du tennis. Ils produisent des résultats inattendus et laissent entrevoir l'ombre d'un futur grand champion et no 1 mondial. Sauf que le retour à la réalité frappe parfois très fort. Peu sont capables de maintenir une cadence aussi effrénée, surtout désormais que leurs adversaires les attendent de pied ferme. De plus, les attentes sont beaucoup plus grandes maintenant qu'on sait de quoi ils sont capables, maintenant qu'ils accaparent davantage l'attention publique.

Parlez-en à Eugenie Bouchard.

Garbine Muguruza, qui est justement épaulée par l'ex-entraîneur de la Québécoise, Sam Sumyk, est une nouvelle étoile de la WTA propulsée au 3e rang mondial à seulement 21 ans à peine. Puis à 22 ans, elle a déjà goûté à la victoire suprême : remporter un tournoi du Grand Chelem. Elle y est parvenue cette saison à Roland-Garros.

Garbine MuguruzaMême si Muguruza reste encore relativement méconnue, après son couronnement en France son quotidien a quelque peu changé, mais pas elle.

« Je ne me sens pas différente, je suis la même fille qu'avant. C'est simplement qu'il y a plus de gens qui veulent de mon temps et qui me donnent de l'attention. J'ai plus de fans aussi. »

« Tout le monde regarde plus ce que je fais, mais jouer au tennis est ce que j'aime, alors ce n'est pas un problème. »

Le succès est arrivé rapidement, un peu par surprise. Mais maintenant, comment le faire durer? Comment éviter la descente abrupte que certains encaissent parfois?

« Quand tu es jeune, c’est super difficile d’être très constant au plus haut niveau. Parfois tu arrives au sommet, mais tu n’es pas assez mature, ton corps n’est par exemple pas assez fort pour rester à ce niveau pendant une longue période de temps. C’est difficile d’essayer de ne pas penser à tout ce qui se passe autour de soi. Il faut essayer de rester concentré sur ce qu’on a à faire. Je sais que ça semble ennuyant et redondant, mais c’est vrai. Il faut oublier ce que les gens disent et oublier les attentes, tout ce qu’il y a autour, il faut juste se concentrer sur ce qui se passe sur le terrain et être énergique. »

C'est quelque chose que l'Espagnole tente de mettre en application présentement, mais bien qu'elle fasse du mieux qu'elle peut pour garder le rythme, elle a tout de même connu une certaine baisse de régime dans les dernières semaines. À la maison, à Majorque, elle a baissé pavillon dès le premier tour, puis à Wimbledon, elle a perdu au deuxième tour.

« Tout le monde sait que c’est dur après avoir gagné un gros de tournoi de tout recommencer à zéro dans d’autres tournois. Mais je pense que c’est aussi difficile de faire la transition sur gazon, c’est un peu compliqué. J'étais un peu fatiguée à Wimbledon, mais ça ne m’inquiète pas. »

Après Londres, elle a pris quelques journées de congé avant d'amorcer la tournée sur surface dure. Ça risque à nouveau d'être difficile même si elle pourrait profiter de l'absence de Serena Williams. Elle commencera son parcours à la Coupe Rogers contre Naomi Broady mardi soir.

« Ça ouvre les choses un petit peu plus notamment pour Muguruza, affirme Eugène Lapierre, directeur du tournoi. Mais on peut penser que ce ne sera pas sa surface de prédilection sur le dur, elle a encore des choses à prouver de ce côté-là, mais on verra. Pour les joueuses qui sont dans le haut du tableau, il y a une petite ouverture. »

Effectivement, sur l'asphalte nord-américain, Muguruza aurait l'occasion de prendre du galon puisqu'elle a peu de points à défendre.

« C'est une belle opportunité. Je n’ai pas fait très bien dans les dernières années durant cette période et je veux faire en sorte de changer ça. Il y a beaucoup de gros tournois qui s’en viennent : les Internationaux des États-Unis, ici, les Olympiques... Je veux vraiment bien faire et oublier ces mauvais souvenirs. »

« Montréal est un tournoi important pour nous durant le calendrier. Presque toutes les meilleures joueuses y sont. C’est mon premier tournoi sur dur donc c’est important. »

De premiers Jeux

Muguruza peine à réaliser que dans une semaine déjà elle sera au coeur de la plus grande célébration sportive qui existe, et ce, pour la première fois de sa jeune carrière. En plus du simple, elle jouera au sein de la délégation de l'Espagne avec Carla Suarez Navarro en double féminin ainsi qu'avec Rafael Nadal en double mixte.

« J'adore jouer en double parce que tu n'es pas seul, tu as un partenaire à tes côtés avec qui tu peux parler et partager les bons et les mauvais moments. »

Grimper sur le podium serait merveilleux, mais pour elle, les JO, ça va au-delà de la compétition.

« C’est une nouvelle expérience pour moi, je vais vivre dans le village, je veux voir ce que c’est que de rester dans l'environnement des Olympiques. »

« Ce n’est pas plus de pression. Je crois que j’ai le niveau pour gagner une médaille. Mais je crois aussi qu’en simple et en double on peut remporter une médaille. Je veux aussi apprécier l’expérience, ce n’est pas juste une question de performance. [...] Ce sera une folle semaine, mais je me sens très privilégiée d’y être présente. »