Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini, a dit un jour l’ancien receveur des Yankees de New York, Yogi Berra.

Lorsqu’on regarde un match des Carabins, il faut toujours garder cette célèbre phrase en tête. Encore une fois, la troupe de Danny Maciocia a prouvé que ce n’est jamais fini tant que le cadran n’affiche pas 0:00.

Les joueurs des Carabins ont cette force mentale d’y croire même quand toutes les probabilités sont contre eux. Ils avaient probablement en tête le dernier jeu de leur premier match de la saison régulière contre le Rouge et Or lorsque Dominic Lévesque avait réussi un placement de 39 verges pour donner la victoire aux Lavallois.

Cette fois, Junior Luke s’est assuré que le ballon ne passe pas entre les poteaux pour procurer la Coupe Dunsmore à son équipe pour une deuxième année de suite.

C’est maintenant la marque de commerce des Carabins de réussir des revirements ou de bloquer des bottés quand on s’y attend le moins. En demi-finale canadienne l’an dernier, les Bisons frappaient à la porte des buts. Maciocia appelle un blitz d’Anthony Coady. Résultat : il provoque l’échappé du quart Jordan Yantz.

Il y a deux week-ends, le Vert & Or a un troisième essai et quelques centimètres à franchir alors qu’il détient l’avance. L’UdeM ne semble pas arrêter Jérémi Roch, mais Frédéric Chagnon réalise un jeu incroyable en frappant le ballon et le récupère lui-même.

Et nul besoin de vous dire que le jeu de Luke rappelle celui de Mathieu Girard à la Coupe Vanier en novembre 2014. Bref, message aux Gryphons de Guelph : ne comptez jamais les hommes en bleu pour battus.

Bon pour le football québécois

La semaine dernière, Danny Maciocia a affirmé que les grands gagnants d’une Coupe Dunsmore opposant les Carabins au Rouge et Or étaient les partisans. J’ajouterais aussi tout le football québécois.

Tous les jeunes qui pratiquent ce sport aux niveaux secondaire et collégial et qui regardaient ce match rêvent un jour d’être Junior Luke. Ils se voient réaliser le jeu qui fait la différence.

Encore une fois entre les deux grands rivaux, le match s'est décidé au quatrième quart. Cette rencontre a été de loin la meilleure des quatre finales d’association au pays.

On aimerait bien que ces deux équipes soient de la Coupe Vanier dans un peu moins de deux semaines à Québec. C’est incontestablement deux des quatre meilleurs programmes au pays cette saison, si ce n'est pas les deux meilleurs. Malheureusement, une seule formation pouvait sortir de la province et c’est encore les Carabins.

Cette victoire des Bleus met aussi fin aux doutes que certains avaient sur l’équipe. Comme quoi la victoire de l’an dernier aurait pu être associée à une année chanceuse. J’espère que tous ceux qui pensaient cela ont changé d’idée.

Néanmoins, le Rouge et Or est encore le programme de football le plus prestigieux au pays. Le record de huit coupes Vanier, la plus longue série victorieuse de l’histoire du Sport interuniversitaire canadien (25) et 11 championnats de saison régulière de suite sont quelques arguments qui prouvent cela.

Il est évident que le Rouge et Or ne dominera plus comme il l’a fait pendant près de 13 ans, soit depuis la saison 2003 qui s'était conclue par la conquête du deuxième titre canadien de l'histoire de l'équipe. Le niveau au Québec augmente et les Carabins viennent de gagner deux années de suite la finale provinciale.

Les Carabins n’ont pas encore la riche histoire de l’Université Laval. Gabriel Cousineau disait après le match que l’UdeM était en train de construire sa dynastie. On verra dans les deux prochaines semaines s’il peut mener les siens à une deuxième coupe Vanier de suite, ce que seulement quatre universités ont réussi (Manitoba, Western, St. Mary’s et Laval à deux reprises).

Les Bleus ont toutefois réussi à enlever tout écart qu’il pouvait rester avec le Rouge et Or. Ces deux équipes sont sur un pied d’égalité pour la qualité des entraîneurs et du talent des étudiants-athlètes. L’Université Laval a des installations un peu plus modernes et de plus grosses foules, mais c’est encore les deux aspects mentionnés dans la phrase précédente qui gagnent des titres.

Mais ces deux programmes ne doivent pas oublier de regarder derrière. Ils sont les rois de la montagne, mais les quatre autres universités de leur division, et aussi les 21 autres au Canada, veulent les déloger.

Et les entraîneurs adverses sont agressifs dans le recrutement. Avant, les joueurs qui graduaient du cégep se disaient qu’il n’y avait qu’une option s’ils voulaient gagner un championnat et c’était l’Université Laval.

Maintenant, il y en a deux. Et même trois... et quatre, et pourquoi pas cinq!

Les cégépiens finissants ont vu comme tout le monde ce que le Vert & Or a fait cette saison et comment il est passé près d’atteindre la Coupe Dunsmore.

Les Redmen ne sont plus la risée du Québec avec leur nouvelle attitude sous les ordres de Ronald Hilaire. Et que dire des Stingers qui ont livré deux belles batailles aux Carabins cette saison.

Plusieurs cégépiens veulent joindre ces programmes pour bâtir de futures équipes championnes, comme l’a fait Byron Archambault en choisissant les Carabins au lieu du Rouge et Or en 2011.

Évidemment, les Carabins et le Rouge et Or recruteront encore une bonne partie des espoirs de premier plan cette année. Mais ils n’ont plus l’exclusivité sur les meilleurs joueurs. Et ça, c’est bon pour le football québécois.

Photo de la semaine :

Gabriel Cousineau, Alexandre Laganière et Philip EnchillIl y a de ces personnes qui gardent toujours le moral et qui restent positives même dans les moments difficiles.

Le bloqueur des Carabins Alexandre Laganière est de ceux-là. Ce dernier s'est blessé tard au quatrième quart dans la demi-finale contre le Vert & Or.

Sa saison est vraisemblablement terminée. Sa carrière universitaire aussi puisqu'il est un joueur de cinquième année.

Mais Laganière était à Québec samedi. Il était même sur le terrain durant l'échauffement en béquilles et il avait le sourire malgré tout.

La photo de la semaine provient de l'appareil de Dominique Bernier. Avec Laganière (centre), on retrouve deux autres joueurs finissants des Bleus, le quart-arrière Gabriel Cousineau et le receveur Philip Enchill.