MONTRÉAL – Quand on regarde le curriculum vitae bien rempli de Danny Maciocia, on y voit les postes d’entraîneur-chef, de directeur général, de coordonnateur offensif et d’entraîneur des porteurs de ballon.

Il a occupé l’exigeante position d’être le pilote ainsi que le DG des Eskimos d’Edmonton en 2007 et 2008. Avec les Carabins de l’Université de Montréal, l’entraîneur de carrière s’est donné un autre défi : celui de coordonnateur défensif.

Après avoir contribué aux brillantes carrières de joueurs professionnels tels que Mike Pringle et Ricky Ray dans la Ligue canadienne de football (LCF), le Montréalais d’origine italienne forme maintenant des étudiants-athlètes des deux côtés du ballon.

Trois saisons plus tard, un joueur comme Antoine Pruneau, qu’il a utilisé à toutes les sauces à sa dernière année avec les Bleus, disputera le match de la Coupe Grey avec le Rouge et Noir d’Ottawa, lui qui est une pièce importante de l’équipe à sa deuxième campagne dans la LCF.

Danny Maciocia et Noel ThorpeLorsque son bon ami Noel Thorpe a accepté l’offre des Alouettes de Montréal pour devenir le chef d’orchestre de leur unité défensive, Maciocia n’a pas hésité à prendre la double charge d’entraîneur-chef et de coordonnateur défensif des Carabins en 2013.

« Je n’avais pas de crainte. Je savais que j’avais du travail à faire. Pendant six mois, j’ai passé beaucoup de temps dans mon bureau. J’ai consulté plusieurs personnes qui avaient une expertise de ce côté du ballon », a-t-il relaté en nommant notamment Noel Thorpe qui l’a aidé dans certaines facettes d’une unité défensive.

« Je suis encore en train d’apprendre sur la façon de travailler sur le côté défensif. Je n’ai pas l’expertise des entraîneurs qui font ça depuis 10-15 ans », a ajouté celui qui a mené son équipe à une deuxième participation de suite à la finale du football universitaire canadien.

Pour s’assurer que sa défense connaîtrait du succès, le seul entraîneur-chef de l’histoire à avoir gagné une Coupe Vanier et une Coupe Grey s’est bien entouré. Ils donnent beaucoup de mérite à ses entraîneurs de position qui le soutiennent et qui en apprennent énormément aux joueurs.

Maciocia est très reconnaissant envers Paul-Eddy Saint-Vilien (responsable du front défensif et entraîneur des secondeurs), Fabrice Raymond (entraîneur des demis défensifs), Garlins Duclervil (entraîneur de la ligne défensive) et François Nantel (entraîneur des secondeurs). « Ce sont d’excellents entraîneurs qui m’ont aidé énormément. Ils m’ont facilité la tâche », s’est-il assuré de dire lorsque questionné sur son adaptation du côté défensif du ballon.

Après avoir été reconnu comme un génie offensif, Danny Maciocia a encore une fois ajouté une autre corde à son arc. Il est bien conscient qu’il n’aurait jamais pu occuper ce poste dans la LCF.

« J’adore ça (être coordonnateur défensif). Je ne pensais jamais que ça pouvait arriver. J’ai même du plaisir avec d'anciens collègues avec qui j’ai travaillé. Je leur dis que c’est tellement facile de travailler de ce côté-là que si je l’avais su avant, j’aurais fait ça toute ma vie », a lancé à la blague celui qui dirige l’équipe de football de l’Université de Montréal depuis cinq saisons.

« Je pense qu’il y a de fortes possibilités que j’aie tout oublié en attaque avec toutes les heures [de vidéo] que j’ai visionnées sur le côté défensif », a poursuivi le père de famille de 48 ans qui a un bon sens de l’humour.

« Quand tu es entouré par du bon monde, ça peut seulement aider, a-t-il poursuivi sur une note plus sérieuse. C’était un défi pour moi. C’est quelque chose (les défis) que j’adore. On a de bons joueurs. Ça l’aide, c’est sûr et certain. »

Comme il l’avait mentionné il y a trois ans quand il a décidé de prendre les rênes de la défense des Carabins, Maciocia continue d’utiliser son expertise en attaque pour préparer ses stratégies. Cette façon de faire fonctionne puisque l'unité défensive des Bleus est l'une des plus dominantes au pays depuis trois ans.

« Je regarde toujours ça avec la mentalité d’attaque. Est-ce que telle chose pourrait me compliquer la vie si j’étais de l’autre côté? Si c’est oui, c’est sûr que je vais essayer de le considérer dans un plan de match », a expliqué celui qui a refusé une offre de quatre ans des Alouettes pour devenir leur coordonnateur offensif l’an dernier.

« Il nous permet d’amener une perspective offensive, a souligné le secondeur Frédéric Chagnon. Il nous fait comprendre pourquoi on utilise nos stratégies en défense. Il voit les deux côtés du ballon. »

« C’est une autre perspective du jeu. Il nous donne des petits trucs sur ce qu’il voyait en attaque. Des petits conseils sur comment détecter les protections des lignes offensives ou sur comment les receveurs courent leurs tracés. Ça nous aide beaucoup », a décrit le joueur de ligne défensive Junior Luke qui aime l’intensité de son entraîneur.

Les champions en titre de la Coupe Vanier ont donc un visage bien différent de la plupart des équipes en défense. Maciocia adore déguiser ses stratégies pour donner du fil à retordre aux attaques adverses.

« J’aime le fait qu’on soit différent et qu’on ne fasse pas toujours la même chose. Ça prouve qu’on est capable de faire de grandes choses avec de grands joueurs dans l’équipe », a affirmé Luke qui a réalisé une interception en couverture de passe en demi-finale canadienne.

« Chaque semaine, on a quelque chose de nouveau. Ça fait beaucoup à apprendre alors on passe beaucoup de temps dans nos livres de jeux en plus de l’école. Mais en fin de compte, c’est  plaisant », a dit Chagnon qui est issu de la troisième année de recrutement de Maciocia.

Maintenant qu’il a occupé des postes en attaque et en défense, quel est le prochain de défi de l’homme qui veut constamment se dépasser?

« Il y a de fortes possibilités qu’un jour j’aimerais embarquer sur les unités spéciales et essayer de travailler sur cette facette du jeu », a-t-il convenu.

Danny Maciocia répète souvent que son coordonnateur des unités spéciales, Danny Desrivaux, est voué à un bel avenir dans sa carrière d’entraîneur. S’il accepte un poste ailleurs, il ne faudrait pas se surprendre de voir Maciocia promouvoir l’un de ses entraîneurs en défense et prendre l’un des derniers postes qui lui manque à son CV.