Il était beau à voir. Il descendait avec confiance, il enchaînait ses virages sur cette piste difficile, glacée, raboteuse avec élégance et rapidité.


Pendant un certain temps, Erik Guay a occu



Il était beau à voir. Il descendait avec confiance, il enchaînait ses virages sur cette piste difficile, glacée, raboteuse avec élégance et rapidité.


Pendant un certain temps, Erik Guay a occupé la deuxième marche du podium, derrière Bode Miller. Puis il a été poussé par Mario Scheiber à la troisième marche. Restaient de gros canons à passer, on savait bien que sa position était en péril...


C'est Aksel Lund Svindal qui, en retranchant 0,02 seconde au temps de Miller, poussa alors Érik en dehors du podium, Érik qui devait s'en éloigner encore un peu par la performance éblouissante de Didier Defago. Un cinquième place au bout du parcours, mais une cinquième place dont on peut certainement être fier.


Les conditions de la piste étaient bien, sans être idéales. Elles se sont modifiées en cours de route, ce qui explique peut-être la contre-performance de Didier Cuche, de qui on n'attendait rien de moins qu'un podium. Ça tient à peu de choses parfois, une cinquième place très satisfaisante, celle de Guay et une sixième place, 0,03 secondes derrière, qui a un goût d'amertume pour Cuche.


Mais quel sport fascinant... et quel sport cruel! Il faut ouvrir complètement et sur toute la longueur du parcours si les skieurs veulent avoir des chances de l'emporter. Ou en de rares occasions, ralentir de façon stratégique devant un saut trop agressif, comme l'a fait Jean-Luc Crétier à Nagano. Pour Herman Maier, le mot « ralentir » ne faisant pas partie de son vocabulaire, il n'était pas question de décélérer...il a donc fait une démonstration de vol libre qui restera dans les annales. Crétier a remporté l'or.


Les skieurs sont souvent de fortes personnalités. Pensez justement à « Herminator » dont le surnom, tant à cause de son attitude indomptable qu'à cause de la tige de titanium insérée dans sa jambe après un accident de moto majeur, lui allait à merveille. Pensez è Tomba « la Bomba », à Bode Miller, capable de tous les extrêmes. Talentueux, arrogants, convaincus d'être les meilleurs au monde. Manuel Osborne-Paradis avait dit à tous que les Jeux de Vancouver seraient les siens. Il voulait marquer son territoire, confronter ses rivaux. Ça n'a pas fonctionné, mais c'était ce qu'il devait faire.
Parce que pour se lancer à plus de 100 km/h sur une piste glacée, pour foncer tête baissée sans songer aux éventuelles conséquences, pour jouer avec sa chance, pour penser que les accidents c'est pour les autres, il faut être blindé. Il faut croire qu'on est le meilleur.


Je me souviendrai toujours de l'entraîneur des acrobates du Cirque du Soleil qui m'avait dit un jour : « Je ne peux prendre les athlètes à l'entraînement lorsqu'ils sortent des cours de théâtre. Au théâtre, on les dénude sur le plan des émotions, on doit atteindre le cœur et la fragilité de la personne. Moi ici, j'ai besoin qu'ils soient persuadés d'être les meilleurs, les plus forts. J'ai besoin qu'ils aient une immense confiance en eux. Pas qu'ils doutent. S'ils doutent, c'est l'échec assuré. »


Ces chevaliers de la glace, ces dompteurs de montagne, ces kamikazes de la vitesse, n'ont pas fini de nous éblouir. Le spectacle ne fait que commencer et pour nos Canadiens, le meilleur reste à venir.

À condition bien sûr que la montagne le permette.