Chaque coureur est une histoire. Le jour d’une course organisée, il y a autant d’histoires à raconter que de coureurs qui prennent le départ. Ils étaient 5 500 à participer à la plus récente édition (24 avril) de la course Banque Scotia 21K et 5K de Montréal au Parc Jean-Drapeau, alors imaginez toutes ces belles histoires d’entraînement, de dévouement, de doute, de dépassement, d’échec ou de triomphe à raconter.

J’en ai sélectionné deux pour vous. Celle d’une coureuse élite à la poursuite d’une confirmation olympique et celle d’un jeune garçon de 12 ans aux prises avec une douloureuse maladie qu’il combat avec courage. Dans les deux cas, ils ont fait preuve de détermination.

Krista DuChene

Des histoires de course, la Canadienne Krista DuChene en a de bonnes à raconter. Lorsqu’elle s’est présentée sur la ligne de départ du demi-marathon Banque Scotia, sur l’Île Notre-Dame, elle avait des objectifs avoués : terminer sur ses deux jambes et démontrer sa bonne forme physique pour ainsi confirmer sa participation au marathon des Jeux olympiques de Rio.

S’il peut paraitre étrange de souhaiter terminer une course sur ses deux jambes, rien de plus normal après tout, c’est que DuChene avait vécu une fin de course assez singulière il y a deux ans sur ce même parcours montréalais où était présenté le championnat canadien du demi-marathon. Alors qu’elle menait facilement l’épreuve et qu’elle pouvait voir le fil d’arrivée et sa victoire poindre à l’horizon, elle a subi une fracture du fémur de sa jambe droite. Cela faisait quelques kilomètres qu’elle sentait une douleur poindre dans sa jambe.

Krista DuCheneMalgré la douleur, elle tituba péniblement jusqu’à l’arrivée, galvanisée par les encouragements de la foule, et termina en troisième position. Les deux coureuses qui avaient profité de sa déveine pour la dépasser dans les derniers mètres et le directeur de l’épreuve étaient là à l’attendre pour l’aider.

Elle quitta en ambulance vers un hôpital montréalais où elle subit une opération lors de laquelle on vissa à son fémur une plaque de métal pour aider à la guérison. Les athlètes élites sont habitués de performer malgré la douleur, mais ce que fit DuChene ce jour-là a frappé l’imaginaire. Voilà la raison pour laquelle elle souhaitait chasser ses démons et terminer solidement sur ses deux jambes la course de cette année.

La coureuse canadienne de 39 ans était également à la recherche de sa confirmation olympique. Pour se faire, elle devait prouver au Comité olympique canadien (COC) et à la Fédération canadienne d’athlétisme qu’elle était en forme.

En avril de l’année dernière, alors qu’elle s’était remise de sa blessure montréalaise, DuChene était parvenue à se qualifier pour le marathon des Jeux olympiques de Rio en terminant la course de Rotterdam, aux Pays-Bas, en 2h29:30. C’était 20 secondes de mieux que le standard olympique.

Cela ne voulait pas dire pour autant que sa place sur l’équipe canadienne était assurée. Elle devait prouver sa bonne forme physique avant le 10 juillet en courant un demi-marathon en moins de 1h13. Une façon pour le COC de s’assurer que l’athlète démontre la même forme qu’en 2015. Plus facile à dire qu’à faire pour DuChene!

Krista DuCheneLe 21k Banque Scotia de Montréal représentait sa quatrième tentative et la mère de trois enfants sentait que le temps commençait à lui manquer. Elle avait échoué lors de ses trois courses précédentes. La pression sur ses épaules était donc énorme.

Heureusement, la compétition montréalaise a été le théâtre d’une course parfaite pour elle. Lors d’une journée ensoleillée aux conditions idéales, DuChene a remporté l’épreuve en 1h12 :30 en terminant solidement sur ses deux jambes. Sa place à Rio est maintenant assurée aux côtés de l’autre marathonienne canadienne, Lanni Marchant.

Jack Hickman

L’autre belle histoire est celle du jeune Jack Hickman. Le garçon de 12 ans avait reçu un diagnostic d’arthrite juvénile idiopathique à l’âge de sept ans. Il éprouvait des douleurs aux talons et aux orteils qui le restreignaient fortement dans ses déplacements et rendait pratiquement impossible la pratique de toutes activités sportives.

Grâce à des traitements ciblés et novateurs, Jack est maintenant capable de jouer au hockey avec son équipe des Red Wings à Laval en plus d’être gardien de but au soccer. Il fait montre d’un grand courage. Il raconte sur son blogue que les bonnes journées, la douleur est endurable. « Les mauvaises, j’ai tellement mal aux pieds que je dois rentrer à la maison. Parfois, en fonction de la météo, la douleur est vraiment présente et je dois utiliser mes béquilles. J’avais l’habitude de prendre 42 pilules par semaine, mais j’ai changé de traitement. J’ai remplacé certaines pilules par deux injections par semaine », écrit-il.

Cette année, il prenait part à la course du 5 km au Défi caritatif Banque Scotia à titre de porte-parole pour l’arthrite juvénile. Un rôle qu’il a pris au sérieux. Après tout, il représentait les 4 500 enfants québécois atteints de la même maladie que lui. En effet, trois jeunes sur mille, ou un peu plus d’un enfant par école vivent avec l’arthrite, une maladie qui peut toucher les tout-petits dès l’âge de 18 mois.

Jack Hickman« Je ne m’étais pas vraiment entraîné pour la course, mais ça s’est très bien passé », raconte Jack. « Mes parents étaient avec moi et j’ai franchi l’arrivée avec mon père en 38 minutes sans m’arrêter une seule fois. J’étais heureux car je savais que ça voulait dire qu’on ne doit jamais abandonner et que la médecine fait des progrès pour aider les enfants comme moi. Je n’ai pas ressenti de douleur grâce aux médicaments. J’ai déjà hâte à l’an prochain. C’est certain que je vais courir à nouveau! »

La participation de Jack et sa famille a permis d’amasser 2 710$ pour le Camp ArticulAction de la Société de l’arthrite. Par cette deuxième participation au Défi, la Société a réussi à quadrupler le montant recueilli l’an dernier avec un total de 8 000$ en dons.

Les parents de Jack étaient reconnaissants envers tous ceux qui ont encouragé leurs fils dans sa collecte de fonds et qui lui ont permis de participer à la course de 5 km. « Lorsque Jack vivait sa pire période de douleurs, rien de ce que nous lui disions n’était suffisant pour le rassurer et lui faire croire que les choses allaient s’améliorer. Mais avec le soutien de la famille, des amis et d’incroyables docteurs, on peut combattre la maladie. Jack est la preuve vivante qu’il y a de la lumière au bout du tunnel », expliquent-ils en conclusion.

Deux événements en un

La course Banque Scotia 21k de Montréal et 5k a un effet rassembleur que j’aime et qui crée de belles histoires. L’événement nous permet de voir à l’œuvre des coureurs de calibre international comme Krista DuChene, mais également des gens comme vous et moi, qualifions-nous de coureurs récréatifs, désireux de faire une différence en organisant une collecte de fonds pour appuyer des initiatives locales qui font une grande différence dans la vie des gens. Les organismes de bienfaisance qui y participent conservent la totalité des fonds amassés.

Mine de rien, plus de 1,1 million de dollars ont ainsi été amassés pour 66 organismes de la région montréalaise, un processus facilité par la Banque Scotia qui prend le processus en charge en payant les frais d’opération. Montréal n’est pas la seule ville à accueillir cette course qui se déroule également à Halifax, Ottawa, Calgary, Vancouver et Toronto. Depuis 2003, les coureurs participant au défi caritatif ont ainsi récolté près de 50 millions de dollars. Un résultat qui ne peut être que salué.
 

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