L’ultra-marathon est un ovni dans le monde de l’athlétisme. Une sorte de bibitte étrange que les non-initiés regardent avec perplexité. 

 

Contrairement aux autres catégories de course à pied, sa définition demeure floue. On sait, par exemple, qu’un marathon mesure 42,195 kilomètres. Coupez cette distance en deux pour le demi-marathon. 

 

Mais lorsque vient le temps de parler d’ultra-marathon, on aborde un vaste monde qui laisse seulement présager qu’il faut courir longtemps. Très longtemps. 

 

Il est entendu que l’ultra-marathon est une course à pied plus longue que le traditionnel marathon. La distance la plus courte est de 50 kilomètres. Mais d’autres distances sont régulièrement disputées: 100 kilomètres, 50 miles, 100 miles, etc. Parfois, ce n’est pas la distance qui est prise en compte, plutôt la durée. Des courses de 24 heures, 48 heures ou de plusieurs jours sont organisées partout sur la planète. Le gagnant est celui qui parcourt le plus grand nombre de kilomètres!

 

Impossible de comparer les chronos sur des mêmes distances tellement les parcours et conditions sont variés. Les ultras se déroulent aussi bien sur route qu’en sentiers, sur le plat qu’en terrains accidentés, seul qu’à relais et qu’il fasse très chaud ou très froid.  

 

Les noms des épreuves donnent déjà un aperçu des difficultés de l’épreuve: La Diagonale des fous à la Réunion (164 kilomètres, 9 917 mètres de dénivelé positif), l’Ultra-Trail du Mont-Blanc qui traverse la France, l’Italie et la Suisse ( 171 kilomètres, plus de 10 000 mètres de dénivelé positif), le Badwater dans la Vallée de la Mort en Californie (217 kilomètres, 4 000 mètres de dénivelé positif) sont de bons exemples. Le Badwater est considéré comme la course la plus difficile au monde avec ses 50 degrés Celsius à l’ombre en plein mois de juillet! 

 

Pourtant, malgré les parcours difficiles et les conditions pénibles, de plus en plus de coureurs s’inscrivent à des ultra-marathons. Mais pourquoi? 

 

Il existe plusieurs hypothèses pour expliquer l’engouement à l’endroit de ce sport extrême. 

 

D’abord, le nombre grandissant de participants à des marathons. Les dix dernières années ont vu une très forte augmentation des coureurs s’attaquant à cette distance mythique. Seulement voilà, une fois le marathon complété, certains de ces coureurs ont besoin de défis supplémentaires. De quelque chose de plus grand. Ils sont blasés à l’idée de courir 42,195 kilomètres. Tout naturellement, ils s’orienteront vers les ultras. Ils commenceront lentement avec un 50 kilomètres avant de pousser encore plus loin leurs limites. C’est une recherche constante de nouveaux défis et une évolution normale et réfléchie dans la progression d’un coureur. 

 

Il y a également cette réelle envie de se dépasser physiquement et mentalement. Participer à un ultra-marathon repousse à l’extrême les limites du corps humain. Rares sont ceux qui les terminent sans séquelles physiques. Cela demande aussi une force mentale exceptionnelle tellement l’idée d’abandonner est parfois forte. Imaginez le coureur qui commence à ressentir de la fatigue au cinquantième kilomètre et qui doit se convaincre qu’il peut encore courir 50 ou 100 autres kilomètres!

 

Beaucoup sont à la recherche d’un engagement total qui passe par des mois, voire des années, de préparation et d’entraînement. Inutile de penser pouvoir courir 100 kilomètres avant d’avoir respecté des étapes de progression. Le corps humain peut réaliser de grandes choses, mais il doit  avoir le temps de s’adapter sinon les chances de blessures sérieuses sont énormes et celles d’abandons encore plus grandes. 

 

Enfin, le sentiment de fraternité qui existe entre les ultra-marathoniens est réel et attirant. Tous les athlètes, élites ou amateurs, font partie d’une seule et même famille. Ils ne se sentent pas jugés au regard de leurs performances, mais plutôt salués pour leur détermination. L’entraide occupe une grande place en ultra. De purs inconnus qui courent côte à côte pendant des heures en viennent à développer des liens d’amitié durables. Et lorsqu’un coureur croise un participant ayant besoin d’aide, il n’hésitera pas à freiner sa course ou dévier de son parcours pour intervenir. 

 

Les courses d’ultra sont-elles pour tous? Bien sûr! À moins d’une contre-indication médicale, tout le monde peut s’essayer à un ultra. Mais le néophyte devra faire ses devoirs en s’entraînant et se préparant de la bonne façon. La meilleure chose est d’en parler à un ultra-marathonien d’expérience et de faire appel à un entraîneur qui vous concoctera un plan personnalisé. Cela l’aidera à choisir son premier ultra en tenant compte du dénivelé du parcours, du coût, du moment de l’année et, surtout, de la distance. Il faut prendre le temps de devenir un coureur de longues distances. Pas de place pour l’improvisation! 

 

Il faut être un peu fou pour courir un ultra-marathon, cette drôle de bibitte de l’athlétisme. Mais la fierté de le terminer, la joie de faire de nouvelles rencontres et le plaisir de découvrir de nouveaux territoires sont gratifiants. Et surtout, l’enchantement de courir longtemps, très longtemps, est un sentiment qui vous habitera à jamais. 

 

Bonne course.