La marche rapide, ou marche athlétique de vitesse, est un sport fascinant. Ce n’est pas parce que vous marchez vite que vous pouvez vous prétendre un adepte de ce sport. Non!

Il faut être capable d’adopter la vraie technique qui procure ce déhanchement si particulier des athlètes tout en s’assurant de toujours avoir un pied en contact avec le sol. En pratique, cela signifie que la jambe de soutien doit être tendue, surtout pas pliée au genou, depuis le moment où le pied touche le sol jusqu’à ce qu’il passe au-dessous du corps. Plus facile à dire qu’à faire.

Même si le Québec a produit deux très grands marcheurs athlétiques de vitesse, Marcel Jobin et Guillaume Leblanc, avouez qu’il est plutôt rare de croiser des athlètes s’entraînant pour cette discipline. On aperçoit régulièrement des joggeurs dans les rues, mais des marcheurs rapides vous en apercevez souvent vous? Pas vraiment.

En vingt ans de course à pied, je me souviens d’avoir vu une seule fois un marcheur rapide lors d’une compétition. Je m’en rappelle bien puisqu’il portait un chandail de l’équipe canadienne d’athlétisme et il m’avait dépassé alors que je participais à la Classique du Parc Lafontaine en 2005. Dur pour l’ego d’un joggeur.

Lorsqu’arrivent les Jeux olympiques, nombreux sont ceux qui prennent ou reprennent conscience que ce sport existe et qu’il est à l’horaire. Nous regardons, fascinés, les athlètes se lancer sur des parcours de 20 ou 50 kilomètres en marchant plus rapidement que la plupart d’entre nous courent.  Même si les audiences mondiales sont bonnes, la marche olympique est pourtant en danger. La Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a d’ailleurs proposé au Comité international olympique (CIO) de diminuer sensiblement la présence de la discipline aux Jeux et Championnats du monde. Une idée bien mal reçue. N’oublions pas que la marche est à l’affiche des Jeux olympiques depuis 1932.

Les membres de l’IAAF ont eu à voter sur le retrait de l’épreuve de 50 kilomètres, le seul des 47 événements d’athlétisme qui n’a pas son équivalent féminin, en plus de remplacer le 20 kilomètres par un demi-marathon plus symbolique (21,1km) masculin et féminin. Cette annonce a soulevé un véritable tollé auprès des athlètes et des amateurs.

Finalement, après une réunion du conseil de l’IAAF, les 12 et 13 avril dernier à Londres, il a été décidé du maintien à court terme de la discipline aux Mondiaux de même qu’aux Jeux olympiques de 2020. C’est donc le statu quo. Dans un communiqué, l’IAAF explique avoir choisi de ne retirer aucune épreuve de marche du programme des prochains Jeux pour respecter les athlètes ayant déjà commencé à s’entraîner depuis longtemps en vue de cet important rendez-vous.

L’histoire est cependant loin d’être terminée et les marcheurs n’ont peut-être gagné que du temps.  L’IAAF a précisé qu’elle souhaitait réévaluer cette décision pour les Jeux olympiques de Los Angeles ou Paris en 2024. Je ne serais pas surpris de voir disparaître le 50 kilomètres en raison de sa durée. Il s’agit de la plus longue épreuve du programme d’athlétisme, près de 4 heures, ce qui diminue, selon l’IAAF,  son intérêt télévisuel. Quand on connaît le poids des diffuseurs et leur désir d’offrir de l’action aux téléspectateurs, on peut dire sans trop se tromper que ça ne regarde pas bien!

Sergey KirdyapkinLa Russie continue de décevoir 

Lors de cette réunion de l’IAAF, le président de l’organisation, le Britannique Sebastian Coe, n’a pas caché sa grande déception envers la Russie qui refuse, selon lui, de faire les efforts nécessaires pour lutter contre le dopage. Rappelons que l’athlétisme russe a été banni des Jeux olympiques de Rio et demeurera privé de toutes compétitions internationales jusqu’en novembre prochain. Les athlètes russes peuvent toujours s’aligner sous drapeau neutre, mais c’est un processus difficile et complexe qui requiert un passeport biologique sans tache.  

Coe a prévenu la Russie que les critères ayant mené à la suspension de leurs athlètes ne s’étaient pas adoucis et qu’un durcissement était même à prévoir si des progrès n’étaient pas réalisés rapidement. On reproche encore aux responsables russes de diriger un système institutionnalisé, corrompu et opaque de dopage, notamment en ce qui a trait aux contrôles des athlètes et l’accès aux passeports biologiques.

De leur côté, les dirigeants russes continuent d’affirmer qu’ils respectent pleinement les conditions fixées par l’IAAF et souhaitent la réintégration de leurs athlètes sur la scène mondiale le plus rapidement possible.

Voilà un dossier qui est loin d’être réglé et qui n’avance pas vite. Probablement moins rapidement qu’un marcheur athlétique!