On nous avait promis un spectacle enlevant et ce fut le cas lors de la septième étape féminine des Séries mondiales de triathlon qui était présentée ce samedi à Montréal. Le triathlon gagne en popularité depuis plusieurs années au Québec et au Canada et la plupart d'entre nous connaissons quelqu'un qui a déjà participé à un événement du genre.

Mais de voir la crème de la crème débarquer dans le Vieux-Montréal et performer de la sorte est une expérience à vivre bien différente de celle d'un triathlon local. J'avais l'immense bonheur d'être aux premières loges à titre de commentateur aux côtés d'Audrey Lemieux qui a fait un travail d'analyse extrêmement intéressant.

Ça débutait ce samedi avec les femmes. Trente-et-une des meilleures au monde, dont neuf faisant partie du top-10 au classement des Séries mondiale, ont pris le départ au Quai Jacques-Cartier en début d'après-midi. La météo, merci dame Nature, était idéale!

Tous les connaisseurs avaient les yeux rivés sur l'extraordinaire et sympathique Flora Duffy. Il faut dire que la jeune femme de 29 ans, originaire des Bermudes, avait tout survolé depuis son retour à la compétition après avoir raté le début de saison. Elle dominait au classement général grâce à ses quatre victoires en autant de courses dont la plus récente à Edmonton, en version sprint, la semaine dernière.

Elle n'a pas déçu avec une très belle deuxième position. Mais c'était tout de même la première fois qu'elle ne gagnait pas un triathlon de la Série mondiale auquel elle prenait part. Ne soyez pas étonné de la voir prendre du repos et rater la prochaine compétition à Stockholm. Duffy a été devancée par l'Australienne Ashleigh Gentle. Cette dernière était une sérieuse prétendante au titre et, voilà qui ajoute un parfum de gloire ou de légende à son triomphe montréalais, elle n'était pas certaine de prendre le départ encore en matinée. En effet, elle était affligée par un virus qui la diminuait. Dans un message relayé sur son compte Twitter tard vendredi soir, elle affirmait étudier la possibilité de se retirer.

Finalement, grâce aux encouragements et à la motivation de son entraîneur (c'est elle même qui l'a dit), elle est parvenue à devancer la trentaine d'autres concurrentes pour ainsi mettre la main sur une première victoire en carrière lors d'une compétition du calendrier de la Série mondiale de triathlon.

« J'étais très malade hier. Ce n'est que ce matin que j'ai décidé de courir »

La grande surprise de ce triathlon montréalais féminin est qu'il ne s'est pas déroulé comme on aurait pu l'imaginer. Ou du moins comme les experts le prévoyaient. Alors qu'on s'attendait à voir Flora Duffy prendre le large dès les premiers coups de pédales, elle s'est plutôt sagement contentée de demeurer au sein d'un peloton d'une douzaine de triathlètes. Après une transition pénible vers la course à pied (difficulté à mettre ses chaussures et à ranger son vélo), elle n'a eu d'autres choix que de laisser filer Gentle dès le deuxième kilomètre.

Andrea Hewitt, de la Nouvelle-Zélande, complète le podium en troisième position. On s'attendait à de belles choses de sa part et on la savait bien reposée puisqu'elle était à Montréal depuis une dizaine de jours. Elle et Gentle n'avaient pas pris part au Triathlon sprint d'Edmonton la semaine dernière et il est fort probable que cette énergie supplémentaire leur ont permis de se retrouver sur le podium.

Deux triathlètes canadiennes, Joanna Brown, d'Ottawa, et Paula Findlay, d'Edmonton, ont également pris le départ. Brown a été la meilleure représentante du pays, menant par moment le peloton de tête et réalisant son meilleur résultat en carrière, terminant en quatrième position grâce à une accélération impressionnante dans les derniers mètres de la course. Il s'agit d'un résultat satisfaisant pour celle qui pointe au trentième échelon mondial. Mais en fait, elle est bien meilleure que son classement ne semble l'indiquer.

L'Américaine Katie Zafares quittera Montréal en étant certainement très déçue de sa neuvième position. Elle était deuxième au classement mondial avant de plonger dans le bassin du Quai Jacques-Cartier et savait qu'elle avait des chances de ravir le premier rang à Duffy si elle pouvait demeurer à ses côtés jusqu'à la course à pied.

L'Australienne Ashleigh Gentle s'échappe à la course à pied

Eh bien non! Rien de cela ne s'est produit. Zafares a bien suivi la Bermudienne jusqu'au premier kilomètre de course, mais a semblé perdre ses énergies par la suite et c'est à la peine qu'on l'a vu terminer avec un retard de plus de deux minutes sur la gagnante.

Ca se poursuit demain avec les hommes. Encore une fois, les montréalais seront extrêmement privilégiés de voir les meilleurs de la planète. Depuis mon poste de descripteur, j'ai été à même lors de la compétition féminin de réaliser à quel point ces athlètes semblent venir d'une autre galaxie. Il faut être dans une forme parfaite pour pouvoir autant se donner.

À surveiller dimanche, une petite armada espagnole menée par son capitaine, Mario Mola. Âgé de 27 ans, il est premier au classement général et champion en titre de la saison 2016. Il se présente ici fort de quatre victoires à ses quatre derniers départs. Il sera l'homme à battre. Ses compatriotes, Javier Gomez Noya et Fernando Alarza, voudront certainement lui rafler la victoire

Mais attention, le Sud-Africain Richard Murray et l'Australien Jacob Birtwhistle seront également à surveiller tout comme la grande vedette du triathlon international, le Britannique Jonathan Brownlee. Ce dernier ne sera pas accompagné de son frère, Alistair, qui avait gagné l'or aux Jeux olympiques de Rio devant son frangin.

Les prochaines olympiades ne sont pas pour demain, mais pourtant, des épreuves comme celles de Montréal servent de préparation pour découvrir ceux qui en seront. Le déplacement en vaut la peine. Sinon, 13h30 à RDS Info.