RIO DE JANEIRO - De nouveaux tests menés par l'Associated Press ont démontré que les eaux où seront tenues les compétitions de voile des Jeux d'été de Rio de Janeiro sont aussi polluées que celles situées près des côtes, où les égouts se déversent en rivières fétides.

Cela signifie qu'il n'y a pas de facteur de dissolution dans la baie ou le lagon où des épreuves auront lieu, pas plus que les risques pour la santé sont moins élevés au large, où les épreuves de voile seront disputées.

En juillet, une première ronde de tests menés par l'AP a révélé que des virus causant des maladies et provenant directement d'égouts humains étaient présents en un taux 1,7 million de fois plus élevé que ce qui serait considéré comme très alarmant aux États-Unis ou en Europe. Des experts ont estimé que ce serait l'équivalent pour les athlètes de disputer leurs compétitions directement dans les égouts et qu'ils s'exposeraient à de dangereux risques pour leur santé.

Ces résultats avaient eu l'effet d'une bombe dans l'univers sportif, plusieurs fédérations exigeant de mener leurs propres tests afin de s'assurer de la salubrité des eaux.

Après des épreuves tests en aviron et en voile en août dernier, plusieurs athlètes ont contracté des maladies causées par le contact avec l'eau, à un rythme deux fois plus élevé que la limite acceptable aux États-Unis pour les activités en eaux récréatives.

Le Comité international olympique (CIO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avaient alors promis de mener de plus amples tests à la suite de ceux d'AP. Les plus récents tests menés par l'agence de presse américaine démontrent qu'il n'y a pas eu d'amélioration dans la qualité de l'eau. Qui plus est, la pollution est encore plus étendue que ce qui était connu.

Le nombre de virus découverts à un kilomètre des côtes de la baie de Guanabara, où les compétiteurs en voile seront complètement détrempés en raison des vitesse atteintes, est similaire aux taux le long des berges, où les égouts se déversent.

« Le nombre de virus est si élevé dans les eaux brésiliennes que si on trouvait les mêmes chiffres à une plage aux États-Unis, les responsables fermeraient la plage », a expliqué Kristina Mena, une spécialiste des virus flottants et professeure adjointe en santé publique au Centre des sciences de la santé de l'Université du Texas à Houston.

Mena a déclaré qu'il était logique de penser que les eaux plus éloignées des côtes seraient plus sécuritaires, mais les tests ont démontré le contraire.

« On s'attendrait à voir une plus grande fluctuation des niveaux dans l'eau, mais ce n'est pas le cas », a-t-elle dit.

Le résultat est qu'aucune des installations pour les compétitions est adéquate, selon elle. Les athlètes qui ingéreront seulement trois cuillerées à thé d'eau auront 99 pour cent de chance d'être infectés par un virus.

Les responsables brésiliens, du CIO et de l'OMS soutiennent maintenant que le Brésil n'aura qu'à faire des tests de « balises » bactériennes pour déterminer la qualité de l'eau. Il s'agit des mêmes normes qu'ailleurs dans le monde, principalement parce que c'est plus simple et moins cher.

« La santé et la sécurité des athlètes sont toujours une priorité et il n'y a pas de doute que l'eau dans la surface de compétition répond aux critères pertinents, a déclaré le comité organisateur des Jeux de Rio 2016 par le biais d'un communiqué mardi. Rio 2016 suit les conseils de l'Organisation mondiale de la santé, dont les directives recommandent la classification des eaux grâce à un programme régulier de tests. »

La candidature de Rio pour les Olympiques avait été retenue puisqu'un long document promettait le nettoyage des eaux en améliorant le système de traitement des eaux usées, ce qui devait être un des grands héritages de l'événement. Les dirigeants du Brésil admettent maintenant que ce ne sera pas le cas.

Prendre les mesures nécessaires

Le directeur administratif de Voile Canada, Paddy Boyd, a indiqué mardi que les athlètes allaient prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter d'être infectés par les eaux pollués de la baie de Guanabara.

« Je pense que le mot "inquiet" est un peu trop fort, a dit Boyd. Nous avons participé à des épreuves tests à Rio au cours des trois dernières années, nous avons compté sur une équipe complète à ces épreuves tests. Il n'y a rien que nous puissions faire à Voile Canada pour changer la compétition ou la déplacer ou quoi que ce soit.

« Nous allons prendre part aux Olympiques et nous devons prendre les mesures nécessaires en ce qui a trait à la pollution. Nous sommes confiants qu'une fois que nous aurons pris les bonnes mesures, fait le nécessaire dans notre préparation, discuté avec les athlètes, ce ne sera plus un problème pour les athlètes canadiens. »

Cependant, la Fédération mondiale d'aviron a rapporté que 6,7 pour cent des 567 compétiteurs qui ont participé aux Championnats juniors à Rio en août ont été infectés par un virus. Le chiffre était d'un peu plus de sept pour cent du côté d'une compétition de voile un peu plus tard, selon la Fédération internationale de voile.

Le navigateur olympique allemand Erik Heil a été une des personnes contaminées lors de cette épreuve test de voile. Il a dû être traité à Berlin après avoir été infecté par une bactérie mangeuse de chair.

« Je n'avais jamais été infecté aux jambes, jamais, avait écrit Heil, 26 ans, en août sur le blogue de l'équipe allemande après avoir été traité pour des infections à la hanche et dans les jambes. L'origine doit certainement provenir de la Marina da Glória. À l'avenir, nous allons nous rendre à Rio qu'au dernier moment avant la compétition pour que les maladies se manifestent seulement quand nous serons de retour à la maison. »

Heil a mentionné qu'il prévoyait maintenant se protéger des eaux contaminées en portant des salopettes en plastique qu'il pourra enlever quand il ne sera plus dans le secteur contaminé.

D'autres précautions pourraient inclure l'utilisation de désinfectant pour les mains de la tête aux pieds, se rincer avec de l'eau propre en revenant sur la berge, s'assurer de ne pas avoir de plaie ouverte, appliquer une crème protectrice et s'assurer que l'embarcation et les autres équipements sont aussi rincés et décontaminés.

Boyd a mentionné qu'aucun Canadien n'avait été contaminé lors des épreuves tests, du moins par les eaux. Un athlète a été ennuyé par un virus à l'estomac.

« Le plus grand danger est dans la nourriture et non là où ont lieu les compétitions. Beaucoup d'équipes ont ce problème, a mentionné Boyd. Nous devons limiter les restaurants et les endroits où nous allons manger pendant la compétition. »