C'est ce dimanche 25 septembre qu'était présenté la 26e édition du Marathon Oasis Rock'n Roll de Montréal. Plus de 35 000 coureurs et coureuses ont convergé vers la ligne de départ d’une des cinq courses proposées. À lui seul, le marathon a établi un record avec près de 5 000 personnes inscrites.

Parmi celles-ci, une douzaine d’athlètes olympiques, dont la joueuse de soccer Rhian Wilkinson qui s’était inscrite à la dernière minute et qui en était à une deuxième expérience sur la distance reine de 42,2 kilomètres. Un groupe de réfugiés syriens participait également à la course de 5 kilomètres. Pas moins de 22 groupes musicaux ont offert des prestations tout au long du parcours. Après tout, la course fait partie depuis quelques années de la Rock’n Roll Marathon Series, la plus grande série de course à pied au monde.

Kari Steinn KarlssonChez les hommes, la victoire fut celle de l'Islandais Kari Steinn Karlsson qui a parcouru la distance en 2 heures 24 minutes et 19 secondes. Du côté féminin, c'est la Québécoise Arianne Raby, une kinésiologue de Repentigny, qui a terminé en première position grâce à un chrono de 2 heures 48 minutes et 55 secondes.

Il est indéniable que le Marathon de Montréal demeure l'événement de course à pied le plus populaire de l'année au Québec. Mais on ne doit pas se fier uniquement au taux de participation pour évaluer la qualité d'une journée de courses comme celle-là. En effet, malgré de nettes améliorations apportées sur plusieurs points lors des dernières années, il reste encore de sérieuses lacunes à régler au niveau du parcours, des bourses et de la visibilité pour que l'attrait exercé par l'événement montréalais soit plus fort encore.

Un parcours à plus intéressant

Le plus grand défaut du marathon de Montréal, et j'ai pu le constater personnellement  lors de ma participation l'an dernier, est son parcours. Il est tout sauf spectaculaire. C'est pourtant un élément essentiel puisque le trajet de 42,2 kilomètres devrait permettre aux coureurs de circuler parmi les plus beaux attraits d'une ville. J'ai participé à de nombreuses courses à travers le monde et la presque totalité d'entre-elles se faisaient un point d'honneur d'offrir ce que la ville avait de plus magnifique.

À Montréal, certaines portions du parcours sont intéressantes et offrent un beau coup d'œil sur des points d'intérêts, mais de larges pans de la course se déroulent sur des routes anonymes où les spectateurs sont beaucoup plus rares que les trous dans la chaussée ou les cônes oranges signalant des travaux. Il y a un effort à faire de ce côté. Une entente doit nécessairement être trouvée entre les différents arrondissements. N'oublions pas qu'un marathon organisé dans une ville aussi importante que Montréal doit être capable d'attirer encore davantage des coureurs du monde entier. La beauté du parcours et les découvertes qu'il permet de réaliser sont parmi les premiers critères recherchés par ces coureurs-touristes étrangers.

Des bourses mieux garnies

Pour que le marathon montréalais soit véritablement reconnu comme un incontournable pour les coureurs de la planète, il doit augmenter les bourses remises aux vainqueurs. Actuellement, le gagnant du marathon met la main sur 1 000 dollars. Le premier canadien a droit au même traitement, tout comme le premier québécois. Les athlètes peuvent gagner dans plus d'une catégorie. Ainsi, si un québécois est le vainqueur du marathon, il remporte 3 000 dollars. C'est intéressant pour un coureur local, mais pas pour l'élite internationale. Aucun coureur élite de calibre mondial ne se déplacera à Montréal pour une petite bourse de 1 000 dollars.

Pourtant, l'organisation du marathon doit attirer ces coureurs très rapides.  C'est une question de prestqwige. C'est la différence entre une belle course provinciale que les médias locaux couvriront et une course relevée qui intéressera les médias internationaux.  Une carte postale sur le monde.

Dans leur communiqué officiel, l’organisation du marathon se vante d’avoir accueilli une trentaine de coureurs élites ce weekend. Effectivement, il s’agissait d’athlètes rapides, mais ils ne faisaient pas partie des meilleurs au monde. À titre comparatif, le Marathon d’Ottawa récompense le gagnant du 10 kilomètres avec un chèque de 8 000 dollars et celui du marathon avec 30 000 dollars!

Une plus grande visibilité

Les retombées économiques d'un marathon sont très importantes. Celles de Montréal pourraient l'être encore plus. Outre la beauté du parcours, le sentiment de fête doit être palpable en ville.  La décision annoncée de présenter les courses sur deux jours dès 2017 est excellente. Jusqu'à présent, l'organisation donnait l'impression de devoir tenir ses différentes épreuves le plus rapidement possible pour ne surtout pas déranger les citadins et les automobilistes. Pas facile à faire lorsque 35 000 coureurs sont inscrits et qu'ils sont accompagnés de parents et amis.

L'entente conclue avec la ville pour donner le départ des courses de 1 kilomètre et 5 kilomètres  le samedi et de 10 kilomètres, demi-marathon et marathon le dimanche évitera des goulots à l'arrivée. Mais surtout, cela permettra à la ville de mettre de l'avant une image beaucoup plus positive et accueillante pour les coureurs. Ottawa l'a bien compris depuis de nombreuses années. Montréal pourra dès l'an prochain se proclamer « métropole québécoise de la course à pied » lors de la 27e édition du Marathon Oasis.

Il est à souhaiter cependant que cela se traduise par une plus grande visibilité en ville. À chaque année, je suis choqué de constater à quel point le Marathon de Montréal est organisé dans la plus grande discrétion. Aucun panneau publicitaire, aucune oriflamme, aucune affiche! Rien, ou si peu,  pour annoncer l'événement à venir. La plupart des montréalais apprennent la présentation des courses la veille ou quelques jours avant lorsque les différents médias annoncent que la circulation automobile sera difficile en raison de la fermeture de certaines rues.

On dirait que la ville n'est pas fière de son marathon! Allez à New York, Ottawa, Paris, Rome, Chicago ou autres villes d'importances ayant un événement semblable et vous constaterez qu'on ne lésine pas sur les moyens pour inviter les citoyens à participer à la fête. Montréal devrait promouvoir le marathon au même titre qu'elle le fait pour ses différents festivals. C’est un exemple positif qui ne peut qu’inciter les gens à demeurer actifs et à prendre encore davantage soin de leur santé.

Le Marathon de Montréal est une occasion unique pour les coureurs de célébrer ensemble une passion commune pour l’activité physique et le plaisir de bouger. Il est temps que le plus grand événement de course de la province accède aux ligues majeures. Il y est presque!