Êtes-vous de ceux qui ont participé à un des 574 événements de course à pied organisés au Québec en 2016? Selon le site spécialisé iskio.ca, plus de 265 000 personnes ont pris le départ d’une course l’année dernière dans la Belle Province et rien n’indique que cette tendance soit à la baisse en 2017.

Si tout le monde s’entend pour vanter les belles qualités de ces nombreux événements en raison de l’impact qu’ils ont sur la santé des participants, il n’en demeure pas moins que les conséquences environnementales sont souvent négatives. Il suffit d’assister ou de prendre part à une course à pied organisée pour réaliser la quantité astronomique de déchets qui en résulte.

Du plastique à perte de vue et un gaspillage d’eau devant lequel même Donald Trump aurait pleuré.Plus l’événement est gros, pire ce sera. Je me souviens encore du Marathon de Paris auquel j’ai participé il y a quelques années. Les tables de ravitaillement offraient aux 40 000 coureurs des bouteilles d’eau en plastique. La plupart ne buvaient que quelques gorgées avant de jeter au sol la bouteille encore pleine pour poursuivre leur course. Du plastique à perte de vue et un gaspillage d’eau devant lequel même Donald Trump aurait pleuré.

N’allez pas croire que Paris est unique puisqu’il en est ainsi dans presque tous les marathons, demi-marathons ou courses organisées de la planète. J’ai vécu la même chose au Marathon de Montréal. Quand ce ne sont pas des bouteilles d’eau, ce sont des verres en cartons ou en plastique qui sont utilisés pendant quelques secondes avant d’être déposés dans un bac de recyclage ou, au pire, directement à la poubelle.

Les propositions d’Équiterre

Le 27 mai dernier s’est tenue à Montréal la deuxième édition de de la course Changer le monde avec Équiterre. Cet organisme environnemental, le plus important au Québec, a attiré plus de 700 participants dans les sentiers verdoyants du Mont Royal pour courir un 10 km, 5 km ou 1 km. De la marche était également au programme.

Au-delà de l’aspect purement sportif et récréatif de cette journée, c’était surtout l’occasion de promouvoir la mise sur pied de courses 100 % écoresponsables et d’éduquer les gens sur les différentes pratiques à adopter pour  respecter l’environnement. Un événement zéro-déchet!

L'événement Changer le monde avec Équiterre avait lieu le 27 maiÉquiterre avait lancé quelques jours avant la course un nouvel outil pour faciliter l’adoption de gestes écoresponsables dans les événements de course à pied au Québec. J’ai consulté avec intérêt les recommandations contenues dans ce document bien construit qui pourrait certainement aider le milieu de la course à pied à réduire son empreinte écologique.

L’objectif ultime est de réduire la consommation en tout genre. Tous les volets d’une épreuve devraient être soumis à cette question essentielle: est-ce vraiment nécessaire? Si la réponse est non, on élimine alors cet aspect de l’événement. Si la réponse est oui, on tente de réduire le poids de ce qui est offert.

Voici quelques exemples et suggestions contenues dans le document d’Équiterre.

Est-ce vraiment nécessaire d’offrir un t-shirts à tous les participants?  Le temps et l’énergie requis pour coordonner la production, la commande, l’inventaire et la distribution des chandails est un frein majeur à un événement écoresponsable. Équiterre propose plutôt d’offrir au participant l’option de refuser le t-shirt. Si les chandails offre de la visibilité à des commanditaires, alors il est possible de se tourner vers les médias sociaux pour proposer la même publicité.

Comme je l’écrivais plus tôt, les fameuses bouteilles d’eau à usage unique sont un véritable fléau. Selon le document d’Équiterre, près de la moitié des bouteilles d’eau consommées se retrouvent dans des sites d’enfouissement. Produire une seule bouteille d’eau jetable d’un litre requiert trois litres d’eau et un quart de litre de pétrole. Et l’eau n’est consommée que partiellement !  Les gobelets de carton ou de plastique représentent également un problème.

Équiterre suggère aux coureurs d’opter pour leurs propres gourdes d’eau réutilisables.Équiterre suggère plutôt aux coureurs d’opter pour leurs propres gourdes d’eau réutilisables. L’idée n’est pas mauvaise. J’ai couru de très nombreux marathons et demi-marathons en tenant à la main ma bouteille du début à la fin. On s’habitue rapidement. Des points d’eau pourraient également être installés (ça se fait déjà) avec des robinets qui permettent aux coureurs d’étancher leur soif directement ou en versant de l’eau dans le creux de leur main.

Les organisateurs de course devraient également porter une attention particulière au transport et aux déplacements des participants en encourageant l’utilisation du vélo, du transport en commun, de l’autopartage et des véhicules hybrides ou électriques.

Enfin, pour prendre un véritable virage vert, les organisateurs de course à pied pourraient revoir le concept de la médaille remise aux participants de manière à réduire le matériel utilisé et les ressources humaines impliquées. Par exemple, il serait possible d’offrir des versions fabriquées localement, à partir de matières recyclées ou comestibles.

Pour un souvenir durable, une jeune pousse d’arbre qu’on transplante ensuite serait un choix Pourquoi pas une médaille en chocolat? Ou en savon? C’est joindre l’utile à l’agréable. Et pour un souvenir durable, une jeune pousse d’arbre qu’on transplante ensuite serait un choix judicieux. Une belle manière pour le coureur de se souvenir longtemps de sa course.

Les événements de course à pied projettent une image de plaisir, de dépassement et d’accomplissement. Ils amènent les gens à bouger en plein air et à adopter des saines habitudes de vie. Les seules empreintes durables de ces courses devraient être les doux souvenirs qu’elles laissent dans la tête des gens et non pas les traces environnementales. La production de déchets peut certainement être diminuée et une meilleure gestion écologique implantée.

Il est à souhaiter que le nouvel outil préparé par Équiterre pour encourager les gestes écoresponsables dans les événements de course à pied au Québec devienne un outil de référence utilisé par le plus grand nombre.