Ainsi donc, la Russie a été incapable de payer son amende de cinq millions de dollars américains à la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) le premier juillet dernier. La nouvelle a été confirmée par le président de la Fédération russe d’athlétisme, Evguéni Iourtchenko, qui a laconiquement déclaré à l’agence de presse officielle de son pays (TAAS) que l’argent avait malheureusement été impossible à trouver. 

 

La belle affaire! 

 

Rappelons d’abord rapidement le fil des événements. En 2015, les athlètes russes avaient été suspendus de toutes compétitions sportives en raison de la complicité de leurs dirigeants dans la création d’un système de dopage étatique et institutionnalisé. Cela leur avait permis, entre autres, de voir plusieurs de leurs sportifs tricher impunément sans crainte de se faire prendre et de grimper sur le podium lors des Jeux olympiques de Sotchi. En passant, 11 des 33 médailles (dont quatre en or) remportées par les athlètes russes lors de ces jeux ont été retirées depuis. 

 

En raison de cet affront, le CIO et diverses instances internationales sportives, comme l’IAAF, ont imposé plusieurs mesures et de fortes amendes pour permettre aux athlètes de Russie de réintégrer les compétitions tout en faisant amende honorable.  On se souvient tous des athlètes de ce pays lors des Jeux olympiques de PyeongChang, en Corée du Sud, en 2018. 

 

Russie

 

Regroupés sous l’appellation « athlètes olympiques de Russie », ils n’eurent pas le droit de représenter leur pays sous les couleurs de leurs drapeaux même s’ils participaient à certaines épreuves. Ils défilaient donc sous la bannière olympique et c’est l’hymne olympique qui était joué lors de la remise des médailles. 

 

Mais voilà que l’IAAF n’a eu d’autres choix que de geler en novembre dernier le processus permettant à des athlètes triés sur le volet de participer aux compétitions hors de Russie. Pourquoi? 

 

 

La Fédération russe est accusée d’avoir aidé le vice-champion du monde de saut en hauteur 2017, Danil Lysenko, à échapper à une sanction pour manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles inopinés.  On peut donc déduire que sa fédération l’a couvert pour camoufler un potentiel cas de dopage. Pour l’acte de contrition, on repassera! 

 

En représailles,  l’IAAF a gelé le processus de réintégration de la Russie tout en autorisant, en échange d’un versement de cinq millions de dollars US le premier juillet 2020, un maximum de dix athlètes russes à participer sous bannière neutre aux compétitions sanctionnées et aux Jeux olympiques de Tokyo maintenant prévue en 2021. 

 

Mais bon, ce versement n’a pas eu lieu. 

 

Lorsque Evguéni Iourtchenko a déclaré que la Fédération russe d’athlétisme n’avait pas réussi à amasser cette somme, il a également dit espérer que l’IAAF fasse preuve « de bon sens ». 

 

Du bon sens? N’est-il pas un peu présomptueux de sa part de demander à l’organisme qui chapeaute l’athlétisme mondial de faire preuve d’indulgence alors que son pays a si effrontément bafoué les règles de fair play

 

J’étais de ceux qui auraient carrément interdit la participation de la Russie lors des derniers Jeux olympiques. Le CIO a toutefois permis à certains athlètes d’y prendre part, car, avançait son président Thomas Bach, il aurait été injuste de punir les athlètes propres de cette nation.

 

Il avait raison, mais cela ne lance pas un message fort. À preuve, les dirigeants russes ont reconnu certains de leurs torts du bout des lèvres à peine. Bannir tous les athlètes aurait fait comprendre que le mouvement olympique ne rigolait pas avec le dopage. Danil Lysenko

 

Pour leur part, les fédérations sportives ont adopté une série de mesures visant à punir les athlètes russes. L’IAAF croyait bien en avoir terminé avec ce dossier et estimait ses dernières demandes équitables pour un retour honorable de la Russie dans le giron sportif.

 

Et là, ils n’ont pas les cinq millions demandés! Ils n’ont pas cet argent! Ils demandent à l’IAAF de les comprendre!  Non mais quelle blague. 

 

La simple organisation des Jeux olympiques de Sotchi, lors desquels les athlètes de la nation hôtesse se sont goulument vautrés dans les substances interdites, car protégés pas leurs dirigeants corrompus, furent les plus dispendieux de l’histoire. On parle d’un budget de 50 milliards de dollars. 

 

Cinq millions de dollars ce n’est rien pour un organisme sportif comme la Fédération russe d’athlétisme. Le coût d’une ou deux poignées de porte en or dans les palais de l’organisme. 

 

J’espère que cette fois, la Fédération internationale d’athlétisme sera sérieuse dans ses sanctions. Et tant pis si, pour ce faire, elle doit sacrifier une génération d’athlètes russes en les bannissant de toutes ses compétitions pendant plusieurs années. Ça réveillera peut-être leurs dirigeants qui se croient encore capables de négocier en raison de la puissance du pays. Car ne soyons pas dupe, si on parlait de l’Ouganda au lieu de la Russie, il y a longtemps qu’on aurait évacué le problème. 

 

Evguéni Iourtchenko demande à l’IAAF d’agir avec bon sens? J’ose croire que ce ne sera pas le cas et que cette fédération aura en tête tous les athlètes propres ayant été évincés d’un podium ou n’ayant pu vivre leurs moments de gloire parce que des tricheurs russes avaient pris leurs places. 

 

Que justice soit faite.