MONTRÉAL - La pandémie du coronavirus a mis un frein temporaire à la carrière compétitive de Lysanne Richard en plongeon de haut vol. Depuis ce temps, ses méninges virevoltent dans toutes les directions afin de faire rayonner un sport extrême méconnu qui la passionne, et aussi pour faire découvrir des installations situées à Montréal qui, dit-elle, sont uniques au monde.

La première de ces idées « flyées », comme elle les décrit elle-même, a été réalisée, dimanche, à la piscine du Parc olympique, lorsque Richard et Yves Milord, un vétéran de ce sport, ont tenté le premier plongeon de haut vol synchronisé mixte à 20 mètres de hauteur effectué dans une installation intérieure.

« Ce que nous avons fait en fin de semaine, c'était pour célébrer la plateforme de 20 mètres qui a été installée récemment au Parc olympique, au début de mars 2020. On voulait donner un rayonnement à cette plateforme qui est unique au monde. Le fait que l'on ait un 20 mètres à Montréal, c'est complètement capoté. Il n'y a aucun autre centre d'entraînement de plongeon de haut vol intérieur au monde de ce niveau-là », a affirmé la dame de 39 ans, originaire du Saguenay.

Accompagnés d'une équipe de tournage dans le cadre d'un projet de documentaire, Richard et Milord se sont aussi exécutés devant deux témoins indépendants, dans le but de faire homologuer l'exploit au Livre des records Guinness.

Pour être bien sûrs de leur coup, les deux athlètes ont plongé deux fois.

« Probablement que la première tentative aurait été acceptée mais on est quand même perfectionniste. Ce que nous avons fait, c'est un double avant avec une vrille et demie. C'est une manoeuvre assez complexe, nous avons mis la barre assez haute. On a un défi parce que nous n'avons pas le même poids. L'accélération d'Yves à la fin du mouvement est plus rapide que la mienne. C'est donc beaucoup plus difficile de se synchroniser. Après le premier, nous avons décidé que ça valait la peine d'y retourner parce que l'on n'était pas complètement synchronisé. On voulait une synchronisation parfaite. Le deuxième, nous sommes très, très satisfaits », a-t-elle décrit.

Richard et Milord ne savent pas encore si leur exploit sera homologué et inscrit dans la bible mondiale des records de toutes sortes.

« Ce qui est certain, c'est que nous avons fait la demande. Nous avons rempli les formulaires des témoins, mais la réponse officielle, si c'est accepté, c'est dans trois mois. Les gens du Livre des records Guinness ne déplacent pas de témoins sur place, ce qui fait que la procédure est plus longue avant d'être approuvée, à cause de la situation de la COVID-19.

« Je pense que ça va dans le courant des nouveaux records. Le plongeon de haut vol est un sport qui gagne vraiment en croissance et l'intérêt du public va beaucoup pour les sports extrêmes », ajoute Richard, lorsqu'elle s'est fait demander pourquoi le plongeon qu'elle a effectué avec Milord mérite une place au Livre Guinness.

Cinquième aux Championnats du monde aquatiques de la FINA de 2015 à Kazan, en Russie, et tête d'affiche du Circuit international Red Bull, Richard caresse un autre objectif.

« Ça fait des années que je travaille fort pour que le sport gagne en notoriété parce qu'un de nos objectifs, c'est que ça devienne un sport olympique. Ça avance quand même bien, mais dans mon cas, à 39 ans et étant la plus vieille sur le circuit, j'aurais aimé que ça avance plus vite, lance-t-elle.

« Mais il y a beaucoup d'organisations qui travaillent fort pour que ça se fasse, dont la FINA, Red Bull Cliff Diving et Plongeon Canada. Pour 2024, ce serait plutôt un sport de démonstration et on souhaiterait que ça devienne une discipline officielle en 2028 », précise Richard.

En attendant une reprise possible des compétitions en 2021, ce qui lui permettrait de renouer avec des rivales qui sont aussi de très bonnes amies et de qui elle s'ennuie, Richard prépare d'autres défis hors de l'ordinaire.

L'été prochain, elle voudrait plonger à partir d'un hélicoptère, un tour de force qu'a déjà accompli Milord. Auparavant, dans environ trois semaines, à une date pas encore déterminée officiellement, elle et Milord prévoient effectuer un plongeon d'une plateforme haute de 22 mètres... dans un trou de glace en Beauce.

« Ce qui me pousse le plus dans mes prochaines idées de défi, c'est vraiment le dépassement de soi. Clairement, il y a une sensation de rapidité, parce que c'est un sport extrême et on atteint vraiment une vitesse impressionnante. On est tout seul dans les airs, on n'a pas de casque, on n'a pas d'équipement de protection, on sent le vent sur notre visage. Ce sont aussi des secondes vraiment spéciales d'intemporalité parce qu'on doit être complètement concentré sur le moment présent. »