La crise qui frappe la planète en ce moment sème le doute, l’incertitude. Tous sont touchés. Les athlètes olympiques aussi. Les lieux d’entraînement ferment, les compétitions sont annulées mais les Jeux auront lieu, semble-t-il. Et il faut s’y préparer. Entretien avec le judoka Antoine Valois-Fortier.

 

Ne comptez pas sur Antoine Valois-Fortier pour se plaindre de sa situation; pour lui la santé publique prime en ce moment. Et il ne donne aucunement l’impression de se laisser décourager par la situation. Il donne d’ailleurs le ton à la discussion dès le premier échange. « Ça fait drôle que tu dises, merci de prendre le temps, parce que ces temps-ci, j’en ai du temps » lance-t-il, en riant.

 

Ces derniers jours, comme plusieurs, sa routine a changé. L’endroit où il s’entraîne pour le judo, où il s’entraîne en salle et où il recevait ses traitements, vient de fermer. L’INS Québec a dû se plier aux recommandations de santé publique, laissant plusieurs athlètes à eux-mêmes.

 

En ce moment, Antoine s’improvise un gym dans son sous-sol et fait de la course à pied. « J’essaie de me préparer du mieux possible comme si les Jeux commençaient à la date prévue », précise-t-il. On le sent toutefois déchiré entre une préparation olympique adéquate (rendue quasi impossible) et respecter les recommandations reliées à la pandémie. Il répètera souvent dans l’entretien que la santé publique prime dans chaque décision.

 

« J’essaie de faire mon possible pour suivre la cadence », répond-il lorsqu’on lui demande s’il s’inquiète de prendre du retard, tout en ajoutant aussitôt, « je ne veux pas être une partie du problème, je veux faire partie de la solution. Mais oui c’est sûr que j’ai mon petit ego à moi, la petite voix dans ma tête mais j’essaie de ne pas trop y penser. »

 

Et comme tout le monde, Antoine se retrouve dans une période d’incertitude. « Dans la situation actuelle, on a une liste de questions qui ne cesse de s’allonger et on n’a pas les réponses », explique-t-il. « On est dans le doute, on est dans l’inconnu, on est dans l’incertitude, c’est ça qui rend les choses compliquées. »

 

C’est dans ce contexte que les athlètes doivent poursuivre leur préparation, parce que le message envoyé par le CIO, c’est que les Jeux s’amorceront le 24 juillet.

 

Chaque décision l’a été pour les Jeux

 

Antoine Valois-Fortier a subi deux opérations en 19 mois entre 2016 et 2018. À une hanche et au dos. Toutes deux avaient pour but d’être à son mieux aux Jeux de Tokyo, pour prouver qu’il peut remonter sur le podium olympique. Et lors des derniers mois, il a surmonté tous les doutes en retrouvant sa place dans le top-8 mondial.  « Gagner une médaille au Championnat du monde, revenir dans top-8 mondial, après deux années où ma santé allait moyen, il n’y a pas beaucoup de monde qui aurait parié là-dessus », raconte Valois-Fortier, fier du chemin parcouru ces derniers mois.

 

C’est pourquoi la situation actuelle est encore plus particulière. Il a fait tous ces sacrifices avec comme objectif d’aller chercher une médaille à Tokyo. Depuis sa déception aux Jeux de Rio en 2016, il ne pense qu’à se racheter, à se prouver qu’il a sa place sur le podium olympique.  Un report ou une annulation des Jeux le forcerait à une grande remise en question. Il préfère ne pas trop y penser, et on le comprend.

 

Le côté rassurant pour lui, contrairement à bien d’autres athlètes, c’est que sa qualification olympique est presque chose faite. « Si les Jeux ont lieu à la date prévue et qu’il n’a a pas vraiment de modifications, et il risque d’y en avoir beaucoup de modifications, en ce moment je suis classé dans le top-8 et je suis une tête de série aux Jeux », précise Antoine, sans rien prendre pour acquis.

 

Après tout, on vit une période de grande incertitude. C’est pourquoi il préfère ne pas se projeter trop loin. Personne ne sait à quoi ressemblera la situation dans un mois.

 

Antoine Valois-Fortier veut juste s’assurer que si les Jeux se déroulent comme prévu, qu’il aura tout fait pour être à son meilleur.