Stress. Incertitude. Anxiété. La période actuelle apporte son lot de préoccupations, pour tous. Athlètes y compris. Un organisme avait vu venir le coup, au début de la crise, et a adapté son offre de service pour aider les athlètes : Sport’Aide.

 

L’organisme est méconnu du grand public. Pourtant, en ce 1er mai, on souligne ses deux ans d’existence. La mission première de Sport’Aide est de prévenir et contrer la violence, sous toutes ses formes, dans le contexte sportif. Cette mission tient toujours. Mais au début du mois de mars, dans la vague d’annulation d’événements sportifs, le directeur général, Sylvain Croteau, a anticipé le coup : d’autres besoins se dessinaient à l’horizon.

 

« Les jeunes sportifs allaient devoir traverser une période anxiogène importante puisqu’ils se retrouvent privés de leur activité sportive, de leur activité physique, de leur contact avec leurs coéquipiers, avec leur entraîneur et à la base même, ils sont privés de dopamine, d’endorphine », précise Sylvain Croteau. « Dès le début de la crise, on a indiqué notre intention de se placer à l’écoute de la communauté sportive, qui allait avoir besoin de ventiler, d’exprimer sa déception, son incertitude, son insécurité. Avec les semaines qui ont passé, on constate qu’on avait misé juste. »

 

M. Croteau et son équipe ont effectivement vu juste. Chaque semaine, on comptabilise 300 000 fréquentations sur la plateforme et les réseaux sociaux de l’organisme, selon le directeur général. Les publications sont même consultées ailleurs dans le monde comme en Afrique et en France.

 

Le besoin est là. Les athlètes ont l’habitude d’avoir des horaires structurés pour les semaines, les mois à venir. Ils savaient ce qui les attendait à chaque jour, à chaque heure. Et du jour au lendemain, ils se sont retrouvés maîtres de leur quotidien. « Dans le monde du sport, on sait longtemps d’avance et on a un plan précis. Là on se retrouve à devoir s’animer soi-même », explique M. Croteau. « Les athlètes vivent une période où il y a une incapacité ou une difficulté d’adaptation. Ils ne savent pas nécessairement comment s’occuper. Ils perdent donc tous leurs repères et craignent de perdre leurs acquis.

« Ce que j’avais acquis jusqu’à maintenant, quand la vie va reprendre son cours normal, à quel niveau je serai dans ma pratique sportive », cite M. Croteau. Et à quoi ressemblera le retour à la vie « normale ». De quoi sera fait l’avenir, les prochaines semaines, les prochains mois. « On ne sait même pas comment sera demain », rappelle Sylvain Croteau. « L’expression que j’ai entendue et que j’aime bien : on est en train de construire un avion en plein vol. C’est à ça que nous sommes tous confrontés. »

 

Sport’Aide est là pour écouter, outiller, accompagner les athlètes et tout autre intervenant du milieu sportif. On veut normaliser, non pas la situation, mais l’état de chacun. Vous n’êtes pas seuls, tel est le message véhiculé.

 

Le plus grand défi de leur carrière

 

L’organisme aide les athlètes de tous les niveaux, dont certains qui finalisaient leur préparation pour les Jeux de Tokyo, initialement prévus cet été.

 

« C’est peut-être le plus grand défi qu’ils auront rencontré dans leur carrière, en termes de capacité d’adaptation et de résilience », reconnaît le directeur général de l’organisme. « J’ai parlé à certains des athlètes qui préparaient les Jeux olympiques et paralympiques, dans les jours qui ont suivi l’annonce de l’annulation, et c’était une grande déception, et on n’a pas idée à quel point c’était une grande déception. »

 

Ce qui rend le défi encore plus complexe pour tous mais surtout pour les athlètes habitués à une structure, c’est qu’ils ne peuvent pas s’y préparer. « Il n’y pas de plan d’entraînement pour l’affronter. L’adversaire on ne le connait pas et on ne sait quand on va pouvoir reprendre une vie dite normale. »

 

Sport’Aide permet aux athlètes, aux entraîneurs, aux parents et autres de ventiler et de s’outiller pour affronter ce défi. L’organisme est totalement indépendant et a un devoir de confidentialité. « Dans environ 95% des cas de gens qui nous contactent, la 1re ou la 2e question posée, allez-vous appeler mes parents, mon coach, mon club? Non. On n’appellera personne parce que notre seul souci c’est la personne qui est au bout du fil. »

 

Et même si l’organisme s’est adapté aux besoins causés par la situation actuelle, il poursuit sa mission première de contrer et prévenir la violence, sous toutes ses formes, dans le contexte sportif. On tend peut-être à l’oublier dans une période où la COVID-19 prend toute la place mais, malheureusement, la violence est toujours présente.

« Ce n’est pas parce que la pratique sportive a cessé que des gens au comportement déviant pourrait s’empêcher de continuer de sévir », rappelle Sylvain Croteau. Pensons aux médias sociaux, aux appareils qu’on utilise pour communiquer en ce moment, les gens au comportement déviant trouvent toujours des failles, des manières de venir intervenir de manière négative.
 

On maintient notre intervention auprès des gens qui auront toujours besoin. »