C'est par une soirée anormalement chaude de Calgary que l'ancien roi des bosses a repris sa couronne.

Alors que l'Australien Dale Begg-Smith acceptait sa médaille d'or en faisant un petit hochemen



C'est par une soirée anormalement chaude de Calgary que l'ancien roi des bosses a repris sa couronne.

Alors que l'Australien Dale Begg-Smith acceptait sa médaille d'or en faisant un petit hochement de la tête, le Québécois Alexandre Bilodeau affichait quant à lui un sourire qui cachait bien mal sa déception une marche plus bas sur le podium. Et dire que ce n'est qu'une toute petite erreur qui l'a empêché de l'emporter comme cela avait été si souvent le cas auparavant.

Aucun des deux athlètes n'a ensuite sauté dans les airs pour manifester sa joie, mais pour plusieurs observateurs qui étaient présents à cette épreuve de la Coupe du monde de ski acrobatique présentée au Parc olympique le 9 janvier, voir ces deux hommes sur le podium n'étaient que le prélude à une future rencontre au sommet. Au final, Bilodeau et Begg-Smith sont en pleine possession de leurs moyens et de nouveau prêts à se faire la lutte à Vancouver.

« Nous avons maintenant droit à une grande rivalité », a déclaré l'entraîneur de Bilodeau, Dominick Gauthier. « Nous avons droit à une grande histoire et c'est le sport qui en sort gagnant. C'est comme la bataille des Brian (ndlr : Brian Orser et Brian Boitano, deux patineurs artistiques des années 1980) il y a quelques années. »

La rivalité entre les deux bosseurs existe depuis plusieurs mois, rendant inévitable les comparaisons avec les plus célèbres du monde du sport. En plus des Brian, Gauthier a également suggéré celle qui a opposé les boxeurs Joe Frazier et Muhammad Ali.

Les attentes s'avèrent d'autant plus grandes, car les deux skieurs ne se sont jamais véritablement affrontés lorsqu'ils étaient au sommet de leur art. Begg-Smith a dominé le circuit trois années de suite après avoir remporté l'or à Turin, mais une blessure à un genou l'a éloigné des pentes à mi-chemin de la dernière saison. Bilodeau n'en demandait pas tant pour s'imposer après avoir bouleversé le sport lors de son entrée en scène, alors qu'il n'était âgé que de 18 ans.

Et à la veille d'une saison olympique, le Québécois maintenant âgé de 22 ans avoue qu'il avait hâte de se mesurer à l'ancien champion. « Je ne l'ai jamais oublié », mentionnait d'ailleurs Bilodeau dans une entrevue en novembre dernier.

Depuis qu'ils ont fini premier et deuxième à Calgary, la bataille a plutôt été l'affaire de Begg-Smith. Après un début de saison timide, il a remporté les deux Coupes du monde suivant celle de Calgary pour s'emparer du premier rang du classement général et ne plus jamais regarder derrière par la suite. Begg-Smith n'a dans les faits cédé la plus haute marche du podium qu'à deux reprises par la suite, les deux fois étant uniquement devancé par le Français Guilbaut Colas.

Pendant ce temps, Bilodeau rongeait son frein au fur et à mesure que le rendez-vous de Vancouver se pointait à l'horizon. Il n'a gagné qu'une médaille de bronze, enregistrant même une catastrophique 39e place à Deer Valley. Il s'est ensuite blessé à l'entraînement à Lake Placid, mais a tout de même été en mesure de conclure la saison sur une bonne note avec une quatrième position.

Son entraîneur refuse catégoriquement la théorie voulant que Bilodeau craque sous la pression, comme cela a déjà été le cas dans le passé.

« Si cela s'était produit il y a trois ans, il aurait capoté », admet Gauthier. « Mais maintenant, il est relax, il a du plaisir. »

Bilodeau et le reste de l'équipe canadienne se sont entraînés à Apex en Colombie-Britannique avant de se diriger vers Vancouver. Bilodeau s'est concentré à attaquer les bosses avec beaucoup de vitesse sans toutefois négliger les deux éléments qui importent le plus aux yeux des juges : la technique et les sauts.

Aux Jeux, Bilodeau devra rivaliser contre la technique de Begg-Smith, la vitesse de Colas et la régularité du Suédois Jesper Björnlund, qui est maintenant classé troisième au monde. Gauthier pense cependant que Bilodeau est le skieur le plus complet du groupe.

« Si Alex peut réussir la descente qu'il est capable de faire, personne ne pourra le devancer », indique Gauthier.

Mais en cette année olympique, il y en a un qui croit qu'il est parfaitement inutile de continuer à spéculer.

« Pour vous dire la vérité, vous êtes dans le champ si vous pensez que c'est l'affaire de deux hommes », mentionnait Begg-Smith à Calgary. « Regardez les résultats, la compétition est tellement relevée que c'est davantage une affaire entre lui et moi. »