MONTRÉAL – Il y a 18 mois, Joshua Jones était le plus jeune joueur invité au camp d’entraînement de l’équipe canadienne junior. Pour le Québécois alors âgé de 15 ans, l’heure était à l’apprentissage et à la découverte, sans pression. 

« J’étais super content, j’avais bien frappé, s’est-il remémoré dans une récente entrevue avec RDS. On avait joué contre de la bonne compétition, des équipes des ligues mineures. Je me souviens d’un match contre les espoirs des Blue Jays, j’avais obtenu une présence au bâton et j’avais réussi un coup sûr. »

« C’est sûr qu’à l’époque, il y avait une grosse différence d’âge avec les autres, mais ce n’est pas quelque chose à quoi je pense vraiment. Je suis juste là pour jouer au baseball. »

Jones estime avoir beaucoup progressé depuis cette première expérience formatrice en équipe nationale. Ralenti par le contexte sanitaire en 2020, le jeune voltigeur vient de passer un premier été complet aux États-Unis, où il a enfilé les tournois avec une équipe élite de la Floride. Puis, à la fin août, il s’est taillé une place au sein de la sélection canadienne junior en vue de la « Friendship Series », une série de sept matchs contre les meilleurs joueurs américains de moins de 18 ans.

Enthousiaste à l’idée de se mesurer à un adversaire aussi coriace, Jones y voyait l’opportunité de se mettre en vitrine afin de faciliter son passage souhaité dans les rangs universitaires américains en 2023.

« Je ne prends pas ça à la légère et je veux prouver ce que je suis capable de faire, avait-il pris comme engagement lorsque nous l’avons interrogé avant son départ pour la compétition. C’est sûr que c’est une coche au-dessus du calibre dans lequel j’ai joué cet été et c’est 100% sûr qu’il va y avoir beaucoup de scouts. Ça va être vraiment un gros événement. »

La série, qui s’est déroulée du 3 au 9 septembre, s’est avérée un test corsé pour Jones et ses coéquipiers. Le Canada n’a remporté qu’un seul des sept matchs à l’horaire et a subi des revers de 14-2, 15-1 et 9-0.

Les statistiques compilées par Jones ont été une juste réflexion de ce duel inégal. Le natif de Blainville n’a frappé que deux coups sûrs et a soutiré un but sur balles en douze présences au bâton. Son plus haut fait d’arme aura été de produire le point qui a fait la différence dans la seule victoire canadienne, un gain de 3-2 lors du cinquième rendez-vous.

Malgré les apparences, le gérant de l’équipe nationale junior, Greg Hamilton, juge qu’il s’est bien tiré d’affaire.

« Dans le contexte, je pense qu’il a exhibé de solides habiletés. Cette série n’a pas été facile pour aucun de nos joueurs. Frapper est déjà un art difficile à maîtriser. C’est un défi d’une toute autre ampleur contre des bras de ce calibre. On ne voit pas de balles à effet de 92 à 95 milles à l’heure dans les ligues provinciales au Canada. Là-bas, c’est ce qu’on leur servait à chaque jour. Ce n’est pas évident, mais j’ai trouvé que Josh a tenu son bout et a montré des bons flashes. C’est ce qu’on voulait voir. On ne s’attendait pas à ce que nos frappeurs dominent dans cette compétition. Ça a été un défi pour lui comme ça l’aurait été pour n’importe quel jeune qui sort de l’école secondaire. »

Jones se voit comme un voltigeur de centre ou un voltigeur de droite. Il nomme la force de son bras comme l’une de ses forces en défensive. Il a toutefois été utilisé dans la droite et dans la gauche avec Équipe Canada et c’est davantage dans les allées qu’Hamilton voit son avenir.

« C’est là qu’il a plus de travail à faire, identifie son gérant. Il doit améliorer sa façon de traquer la balle, aller chercher plus de constance dans son temps de réaction, sa lecture du jeu, des trucs comme ça. On s’attend à ça de nos jeunes joueurs quand ils commencent à affronter des adversaires qui frappent avec plus de puissance. Mais je dirais que c’est l’aspect de son jeu où il devra vraiment mettre les efforts pour arriver à être solide au niveau supérieur. »

L’année qui s’en vient sera de la plus haute importance pour Jones, qui vise de s’engager avec un programme universitaire de première division dans les prochains mois. À partir de l’automne et durant tout l’hiver, il s’alignera avec l’équipe de la TNXL Academy en Floride. En octobre, il participera aussi à un nouveau camp avec l’équipe canadienne, cette fois dans l’espoir de représenter son pays aux Championnats du monde junior.

Greg Hamilton parle par expérience lorsqu’il dit que c’est généralement ici qu’on sépare les hommes des enfants.

« Pour les gars de son groupe d’âge, c’est là qu’on passera aux choses sérieuses, prévient le sélectionneur. Si la COVID nous permet d’avoir un tournoi, on devra sélectionner onze joueurs de position et aux alentours de neuf lanceurs dans le pays au complet. Pour tout le monde, ça sera un défi d’une toute autre ampleur. »