Le retour en force de l'exemplaire Javier Baez
Javier Báez est de retour. Et pas seulement en tant que joueur d'utilité, je parle du vrai Javier Báez. Celui qui nous avait électrisés en 2018 et 2019 avec les Cubs. Celui dont chaque mouvement sur le terrain ressemblait à un spectacle du Cirque du Soleil. Celui qu'on surnommait « El Mago » parce qu'il jouait au baseball comme un illusionniste. Celui qui était le joueur favori de mes gars.
Je vais être honnête avec vous : je n'aurais jamais cru écrire sur les succès de Javier Baez en 2025. Il n'y a pas si longtemps, on se demandait même si son contrat avec les Tigers allait devenir un des pires contrats. Il était surutilisé, il ne produisait plus au bâton, sa discipline au marbre faisait rager les amateurs et les entraîneurs, et sa magie semblait s'être envolée. Et puis voilà qu'il nous revient, non seulement plus efficace que jamais, mais à une nouvelle position au champ centre ! Et avec l'énergie d'un gars qui a tout à prouver. Et franchement, il m'impressionne!
Ce que fait Javier Báez cette saison avec les Tigers de Detroit mérite plus qu'un simple clin d'œil. Il mérite qu'on s'y attarde, qu'on le célèbre. Parce qu'il y a quelque chose d'inspirant à voir un vétéran, souvent critiqué, se réinventer à ce point. En date du 19 mai, sa moyenne est de .291, avec six circuits, 28 points produits et un MPP au-dessus de .800. Ce n'est pas juste du rattrapage statistique. C'est du leadership par l'exemple. C'est le genre de production qu'on n'attendait plus vraiment de lui et qui, en plus, change complètement la dynamique de cette jeune équipe.
Mais ce qui m'impressionne encore plus que son bâton, c'est son humilité. Javier Báez, on le connaît : flamboyant, intense, parfois un peu trop. Et pourtant, cette année, il accepte sans broncher de quitter son poste naturel d'arrêt-court pour aller patrouiller le champ centre, une position défensive exigeante qu'il n'avait jamais occupée dans sa carrière. Il n'a pas eu besoin de donner une conférence de presse ou de s'inventer des excuses. Il a pris son gant, il est allé au champ extérieur, et il a livré la marchandise.
Son premier match comme voltigeur de centre était le 21 avril dernier contre les Twins. On aurait pu anticiper une aventure difficile comme ce fut le cas avec Jose Altuve des Astros. Il y avait le vent, la pression, et cette fameuse lecture de balle qui est si cruciale au champ centre. Eh bien, ce fut une superbe aventure. Dès les premières manches, il a démontré une belle fluidité, un instinct naturel et surtout, ce qui ne s'enseigne pas, du cran. Le voir plonger pour saisir des balles m'a fait sourire. Cette flexibilité à jouer à une autre position donne à A.J. Hinch une flexibilité précieuse pour ajuster son alignement.
Est-ce qu'il est parfait en défense ? Pas encore, mais il apprend très vite et n'hésite pas à poser des questions et trouver des solutions rapides afin d'être le meilleur voltigeur possible. Et ça, dans un vestiaire, ça parle. Surtout quand ça vient d'un vétéran avec un bagage aussi imposant. Une petite pensée pour Rafael Devers ici.
En attaque, ce n'est pas juste une bonne séquence. On voit un Javier Báez plus discipliné au marbre. Un peu moins d'élan sur des tirs hors cible et son taux de contact est plus élevé sur les tirs cadrés. Son circuit pour donner la victoire aux Tigers en manche supplémentaire contre les Red Sox le 13 mai dernier, était un pur bijou. Il n'y a pas que la distance de sa claque qui était spectaculaire : il y avait l'attitude, la prestance, ce petit moment où tout le monde dans le stade s'est levé sur le son de la balle contre son bâton. C'était « El Mago », dans toute sa splendeur.
Et parlons-en, des Tigers. Au moment d'écrire ces lignes, ils ont la meilleure fiche de la ligue américaine à 31 - 16. Baez n'est pas le seul responsable évidemment des succès de son équipe. Spencer Tokerlson est une autre très agréable surprise, sans compter l'apport des Kerry Carpenter et Riley Greene en attaque. N'oublions-pas non plus que c'est l'équipe de Tarik Skubal! Cependant, ce que Báez apporte dépasse largement ses statistiques. Il est devenu une présence rassurante, une source d'énergie constante. Il encourage les jeunes, il motive les vétérans, et surtout, il montre qu'il est encore capable de livrer la marchandise. Son attitude dans l'abri, ses échanges avec les entraîneurs, ses réactions sur le terrain : tout indique qu'il a retrouvé le plaisir de jouer. Et ce plaisir-là, c'est contagieux.
Il faut le dire aussi : à 32 ans, Javier Báez aurait pu s'en aller tranquillement vers la fin de sa carrière. Encaisser son chèque, produire quelques chiffres ici et là, et attendre la fin de son contrat. Mais non. Il a choisi de se battre. De s'adapter. De montrer qu'il avait encore quelque chose à offrir. C'est tout en son honneur.
Alors oui, les Tigers sont une belle surprise cette année. Mais au cœur de cette surprise, il y a un vétéran redynamisé, un joueur que plusieurs avaient enterré trop tôt, et qui revient plus inspirant que jamais. Il nous rappelle que le baseball est avant tout un jeu. Un jeu de cœur, d'adaptation et de résilience.
Et pour un passionné comme moi, voir un joueur retrouver sa magie… c'est ça, la vraie beauté du baseball.